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belles feuilles

UN ÉTÉ 25

Publié le par Cositas de toros

          Septembre se manifeste nonchalamment, la temporada décline mollement, se fane. Quel premier bilan peut-on établir, peut-on définir sans être, convenons en, dithyrambiques à l'instar des titres accrocheurs plus que bienveillants des médias espagnols et autres supports franchouillards quelque peu chauvins ou tout simplement étroits d'esprit ? !

     Mais revenons à l'actualité. Á Baeza, à l'Université internationale d'Andalousie (UNIA), le thème abordé au cours d'été sur la tauromachie animé par Lope Morales, président de la Fédération taurine de Jaén et Luis Francisco Esplá, matador à la retraite et diplômé des Beaux Arts. Le thème abordé : "la tauromachie, école de vie, de valeurs et de stratégies". Deux tables rondes sur le comportement du taureau dans l'arène ainsi que la relation entre la bête et les toreros lors du combat, ses valeurs éthiques et esthétiques. Tout ceci semble être que littérature pour la rentrée, pouvant servir de référence et offrir des enseignements sur la manière d'aborder et de résoudre des problèmes dans d'autres domaines culturels et professionnels de l'activité humaine.

     Mais qu'en est-il sur le terrain ?

     "Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé" écrivait Lamartine ; Morante doit faire d'ici quelques jours, sa réapparition à Melilla, où les nuages ne se dissipent pas, le fumeur de havanes - et non le cigarrero qui n'est autre qu'un fabricant de cigares, bref, dixit José Antonio "je reviens avec des doutes" ; nous verrons.

     Á Bayonne, durant la Feria de l'Atlantique, le Colombien Juan de Castilla ne se posait pas tant de questions lorsqu'il a été blessé par deux coups de corne prolongeant son séjour en pays labourdin à la clinique Belharra. Parlez-lui de courage car il tint à tuer son Araúz de Robles avant de prendre le chemin de l'infirmerie, saignant abondamment, oreille, l'unique de cette corrida dite de l'opportunité, soit de l'aubaine et de la chance ... le sort est bien cruel. Parlons ici davantage d'éthique que d'esthétique.

     C'est la semaine des réapparitions. Roca Rey sera à Palencia après avoir été blessé le 21 août à Bilbao par un toro de Victoriano del Río, performance exceptionnelle. Bilbao, les Corridas Generales réduites à cinq corridas dont une mixte et une novillada piquée. Combien dans l'avenir ? Le public et l'aficion semblent revenir sur les tendidos. Deux grosses entrées pour la corrida de Roca Rey et celle où Diego Urdiales remplaça Morante et l'enfant chéri de Vista Alegre coupa deux oreilles. Un toro gracié, "Tapaboca" du fer de la Quinta par Borja Jménez entrant tous deux dans l'histoire de Bilbao. Ce toro exceptionnel, le premier "indulté" à Vista Alegre ! Non, Mathias ne s'est pas ramolli ! Le millésime 2025 bilbaino au pinacle !

      Parlons aussi de "Yeguizo" le noble et brave toro de Dolores Aguirre, auteur du meilleur tercio de varas du cycle bilbaino où Damián Castaño lui rendit la réplique au cours d'une faena, à défaut d'être grandiose, fut des plus estimables.

     David de Miranda, le matador de Trigueros rafle la mise à Linares emportant quatre oreilles et la queue à "Nebli" un Juan Pedro Domecq.

     Autre sujet beaucoup plus cruel et désolant avec les incendies qu'a subi l'Espagne cet été, et Borja Domecq qui vit brûler 1 500 hectares, soit 80% des terres de sa finca de Los Quintos à Llerena (Badajoz) en Estrémadure. L'éleveur de Jandilla décrit la scène comme "dantesque". Grace au personnel et agriculteurs voisins, la fuite du bétail a été facilitée en ouvrant les clôtures, coupant les barbelés. Malgré cela, des pertes de bétail ont été confirmées, et plusieurs animaux présentent des brûlures. Certaines vaches ont péri, d'autres étaient à un stade avancé de gestation, ce qui pourrait entraîner des naissances prématurées ou des avortements spontanés dus au stress thermique. Mais vu le peu d'ampleur des échos, personne ne s'en émut.

     Comprenez que l'inventaire restant ne fait l'objet que de peu d'importance bien que certaines tardes ne sont pas à considérer comme simples broutilles. Chacun gardera dans sa rétine, l'après-midi qui lui conviendra afin de ne pas provoquer convoitise et frustration.

      Joselito Adame a annoncé sa retraite le 12 août à Huesca, lui qui a consacré sa vie à la tauromachie depuis 26 ans. Ce sera donc la 606ème corrida de sa carrière, la dernière d'une histoire incroyable.

     Avant lui, on fêta la dernière de Fernando Robleño à la Feria de Céret par des adieux émouvants, feria tronquée la faute à l'orage, toros de Sobral qui déçurent par rapport à leur présentation en 2024.

     En France, tout semble ronronner à souhait. Les prochaines ferias d'Arles et de Nîmes ne troubleront guère cette fin de saison. Puis-je faire erreur.

     Mont-de-Marsan a vu une Madeleine plus complète et des détails intéressants. Un Daniel Luque dominateur.

     Dax a connu une corrida d'El Freixo importante et les "triomphes" de Roca Rey, Perera, Luque et de Borja Jiménez ; plutôt que "triomphes" optons pour réussites ou succès qui s'imposent ici plus exactement ; de même que "ovation" se traduisant par applaudissements, palmas ...

     Á Béziers, dans Midi Libre, Olivier Margé se félicitait "d'une grande Feria 2025 dans nos arènes et dans nos bodegas"... Sur le plan uniquement taurin, Sébastien Castella est sorti deux fois a hombros, et une belle corrida de Pedraza de Yeltes ternie par la perte d'oreilles aux aciers de Miguel Ángel Perera et Borja Jiménez.

     Notons les alternatives sur le sol français de Marco Pérez à Nîmes, de Tristán Barroso à Arles, de Clemente Jaume à Châteaurenard. En ai-je oubliées ?

     Vic semble déjà loin où on note le solo de Morenito de Aranda pour les 20 ans de son alternative affrontant des Araúz de Robles et Flor de Jara. Le torero très présent dans le Sud-Ouest.

     Les détails auront été retenus par l'ensemble des aficionados, les arènes modestes ne sont pas à discréditer. Elles font les efforts nécessaires avec les moyens qui leur sont propres. Le répertoire n'est pas définitif, les oublis et les choix, eux, sont irresponsables.

     Souhaitons-nous une bonne fin de temporada, riche en évènements qui nous fera attendre le printemps avec impatience, sinon un bel été indien.

                        Gilbert Lamarque

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Nîmes, impressions après la Feria

Publié le par Cositas de toros

            Nîmes se vante d'exploits infinitésimaux produisant un sentiment de disproportion de l'univers, comme l'utilisation d'un marteau-piqueur pour ouvrir une noix.

Préambule

     La Feria des enfants est annulée en raison de la météo. Comme en 2023, la Feria des enfants devait ouvrir les festivités dans les arènes nîmoises. L'évènement dédié à la transmission des cultures taurines aux plus jeunes - on s'en gargarise - ne se tiendra pas en raison de la pluie annoncée le mercredi 4 au matin. "La pluie ne permet pas d'assurer le bon déroulement de cette journée festive dédiée aux plus jeunes" écrit la société Casas and Co, délégataire de la Ville de Nîmes. Mais après "avoir exprimé ses regrets et sa déception", Casas and Co n'oublia pas "de donner rendez-vous dès demain pour l'ouverture officielle de la Feria dans les arènes de Nîmes avec la Course camarguaise"... et autres spectacles payants. Le prétexte étant, évidemment, de préserver la piste en vue de cette course, une Royale de la manade Saumade.

     Résultat, une armée de petits frustrés en déroute et l'absence de la moindre averse matinale. En revanche, une forte averse s'abattit  sur la ville l'après-midi. Mais le business fut sauvé !

Les inédits de Nîmes comme il y a les jeudis de Nîmes

     Midi Libre titre: "La feria de Nîmes ouvre son cycle de paseos de lumières et d'inédits."Diantre ! de lumières, certes, mais d'inédits ! ... 

     Inédit : Alejandro Talavante torero au cartel de la première corrida et Alejandro Talavante ganadero où ses novillos sont à l'affiche de la novillada de la "Cape d'or": il sortira, à l'occasion, sa première novillada complète en France. Il renoue avec la tradition des toreros ganaderos (Belmonte, Camino, Puerta ou, plus tard, Espartaco, Joselito, Ponce, El Juli).

     C'est tout pour les inédit. Et les absents comme on en relève dans toute feria : Roca Rey, Tomás Rufo, Emilio de Justo, et les locaux Juan Leal, El Rafi, Solal. Peut-être ces derniers seront-ils logés à l'occasion de la Feria des Vendanges ? Je préconise une Feria de Pentecôte de 7 corridas, matin, après-midi et soir ... 

     L'éternel lot de satisfaits et de mécontents.

En soirée

     On se noie dans le champagne au Lisita, ambiance bon enfant en fanfares au Prolé, boucan d'enfer au Victor Hugo, gitans et flamenco à la Placette, chez Pepe de Montijo, on y partage tapas et sangria, et la plus célèbre bodega nîmoise, les Amis de Pablo Romero et ses inévitables danseuses sévillanes, haut lieu de l'ambiance et de la culture taurine, mais c'est aussi un nid de "chichi-ponpon" du cru et d'ailleurs, qui savent toutes et tous de quel côté leur tartine est beurrée et s'ingénient à le montrer aux autres, le haut du panier. Les bobos ont aussi le droit de festoyer, vous les reconnaîtrez aisément !

Les hommages

     L'Association Française des Aficionados Practicos était au lavoir du Puits Couchoux pour rendre hommage aux "Pionniers de la Tauromachie Française": le maire Jean-Paul Fournier et notre ami Marc Serrano, matador, qui fête ses 25 ans d'alternative, le 8 juin, avec la présence du parrain, Alain Montcouquiol.

     En cette année anniversaire, souhaitons-lui un contrat dans sa bonne ville de Nîmes pour les Vendanges ! Ces quelques lignes dans un bref entretien pour le Midi Libre : "C'était le 8 juin 2000, dans les arènes de Nîmes, la réalisation d'un rêve. Lorsqu'on se passionne pour la tauromachie, pour devenir matador de toros, l'alternative est le passage obligé. Quand on débute, ça paraît insaisissable, compliqué d'arriver à ce niveau-là. Pour ma part, c'était évident que l'alternative se passe à Nîmes car je suis Nîmois. Mes premiers émois d'aficionado, je les ai eus à Nîmes."

 

Eric Dumond, Francis Fabre ©MidiLibre Alissandre Allemand

     Non loin de là, sur les hauteurs nîmoises derrière le réservoir du Mont Margarot, haut lieu de naissance de la gloire torera nîmoise, on commémorait la pose de la plaque du "passage Miqueleta, en honneur de celle qui créa la Revue Toros, il y a un siècle, le 4 juillet 1925, cérémonie du souvenir dans l'intimité. Pour en connaître un peu plus sur ce "phénomène", l'ouvrage de Pierre Dupuy et Bartolomé Benassar édité en février 2002, disponible à la librairie Teissier, 11 rue Régale à Nîmes

© Gilbert Lamarque

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     La Feria compte ses heures, la librairie Teissier achève son marathon de dédicaces d'auteurs taurins, Jacques Durand, François Bruchet, Marc Delon et bien d'autres. Nous retrouverons nos amis libraires le lendemain, lundi pour une pause littéraire en matinée à l'heure apéritive devant la librairie où l'esprit des lieux vous saisira, des livres du sol au plafond et un rare et bel éventail de livres taurins réjouira le lecteur aficionado; on y trouve le dernier recueil des Nouvelles Taurines de Mugron ;

© Gilbert Lamarque

     Vincent et Pierre-Jean sont les actuels dépositaires de cet esprit des lieux dont on se nourrit. C'est un hommage, une reconnaissance que cette remise de médaille par les clubs fondateurs de la Feria de Nîmes en 1952 : l'Union taurine Nîmoise, le Cercle taurin Nîmois, l'Aficion cheminote Nîmoise, le Club taurin lou Ferri et les Amis de Toros;

     Un autre marathonien, Clemente entame sa folle journée, corridas matin et soir avec les Victoriano del Río et les Margé. Pas de mistral en perspective, souvenir du 14 septembre lors des Vendanges. Saura-t'il mettre à profit son énorme potentiel ? Le valiente français s'imposera-t'il face aux Margé ?

Cela n'a rien à voir

     Á la buvette des arènes, on n'est plus fidèle à Perrier, suite au scandale des eaux en bouteille, on boit de la Badoit ... 

     Mais aussi, tout au long de la Feria, l'exposition des "100 ans des Pablo Romero dans la Revue Toros" à la Bodega Pablo Romero jusqu'en septembre.

     Devant la bodega du Victor Hugo, il y eut une "tentative" de détrôner les Bayonnais et leur titre de champion du monde de Paquito, record détenu depuis 2004 et renouvelé en 2010 avec 8 060 festaïres réunis. Les Nîmois ont battu le record du plus petit Paquito. Aïe ! une quarantaine de participants ! et le crocodile ferma sa gueule.

     Plus sérieusement, Laure Adler a annoncé la victoire de Sylvie Callet, lauréate du Prix Hemingway des Avocats du diable. Cette dernière a déclaré ne pas y connaître grand-chose en matière de tauromachie, et d'avoir vu une corrida, il y a longtemps ( ! ! ).

L'heure des bilans

     Novillada sans picadors où Vincent Fare présentait 4 novillos de son élevage La Paluna (Saint-Gilles). 3 000 spectateurs, c'est maigre malgré la gratuité. Mathias Sauvaire "Clovis", 2 oreilles et la queue, il sort par la Porte des Consuls.

     La "Cape d'or" a été décernée à Victor, novillada matinale, 3 500 spectateurs, c'est peu. Le jeune torero a coupé 2 et 1 oreilles face à de bons pensionnaires de Talavante, vuelta du troisième.

     Manzanares a ouvert la Porte des Consuls le samedi, Castella oreille et Lalo de María a déçu, les García Jiménez étaient d'un trapío plus en harmonie avec des arènes de première catégorie contrairement aux Garcigrande de la veille où Marco Pérez coupa 2 oreilles pour son alternative, accompagné du témoin Talavante, 2oreilles. Le parrain Morante reçu une double ovation. Deux jours plus tard, le 8 juin; il triomphait à Las Ventas coupant 1 et 1 oreilles aux Juan Pedro Domecq.

     Dimanche matin, lors de la matinale, Clemente est sorti par la Porte des Consuls coupant 3 oreilles aux toros de Victoriano, l'après-midi, il reçut un sévère coup de corne au scrotum face à son premier Margé, alliant engagement et courage. Il rejoignit la porte de l'infirmerie puis celle du CHU de Nîmes

     Miguel Ángel Perera tira son épingle du jeu, il ouvrit la porte des Consuls coupant 3 oreilles.

     Lundi matin, corrida équestre, Diego Ventura truste les trophées, cinq oreilles et une queue ; Lea Vicens en récolta trois : nombre excessif de trophées, au palco Daniel-Jean Valade , on comprend mieux.

     En résumé, la Porte des Consuls est restée ouverte toute la Feria. Devinette, qui la referma derrière lui ?

     On clôture par un fiasco de catégorie avec la sortie désastreuse des Victorino. Le solo de Borja Jiménez s'est liquéfié : un pétard mouillé, un funeste après-midi. On appréhendait cette course.

     Plus est mauvaise cette Feria, plus forte est, pour l'aficionado, l'envie de fuir. Un coup de pied sur les heures glorieuses, les dernières cartouches ont été tirées. On retiendra la clémence de la météo. On a loupé le millésime. 

                         Gilbert Lamarque

    

   

 

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JUIN

Publié le par Cositas de toros

          Juin est-il le pire mois de l'année ? Oui et non. Pour des millions de Français, il est plutôt synonyme du retour des beaux jours, des longues soirées en terrasse au soleil couchant, soirées heureuses qui s'éternisent. Pour les autres, les fins de semaine sont difficiles, les jeunes adultes ne sont pas au bout de leur peine. Les voici condamnés à la kermesse de l'école, du cake maison, du gâteau au yaourt et du rosé chaud .... le centre de loisirs, les spectacles de fin d'année et autres activités extrascolaires. 

     Pour les boomers que nous sommes, il est temps d'ouvrir notre agenda : novilladas, corridas, ferias, fiestas camperas se bousculent, et juillet se pointe. Attention, à cela s'ajoute la logistique des vacances. Pas le temps de lire Marcel Proust, de se gaver, nous verrons (ou pas) cet hiver.

     Pour les lecteurs assidus, attendez quelques jours, le temps des ferias où les ouvrages traitant de la chose taurine vont envahir les étagères. Mais quantité ne vaut pas qualité.

     En attendant, les fins limiers que vous êtes, dénicheront Le Cartel d'exception (ou pas). 

Bonne temporada à tous.

PS. J'insiste et me permets d'attirer votre attention sur le phénomène dont l'impact croît à mesure que la santé psychique devient un sujet de société. Et pour cela, les libraires participent à la grande cause nationale "Santé Mentale" et vous suggèrent des livres sérieux proposant des méthodes miracles. Prenez soin de vous.

                            Gilbert Lamarque

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De cape et d'épée

Publié le par Cositas de toros

Note. Cette chronique est relative à l'Histoire et à l'"immobilier". Très peu d'allusions taurines, ici pas de muleta sinon la cape et l'épée. Bonne lecture.

 

Charles de Batz

     La naissance de d'Artagnan, mousquetaire dont se servit Dumas pour ses romans, est située dans le village gersois de Lupiac. Probablement entre 1611 et 1615 : de fait, les registres paroissiaux manquent pour le confirmer. La légende littéraire a pris le pas sur les recherches historiques, mais la fiction se fait rattraper par la réalité, à en croire les "bretteurs" du Canard enchaîné, "journal satirique paraissant le mercredi".

     La figure romanesque que Dumas hissa au rang de héros, de par son audace et son courage tire ses origines d'un homme de guerre : Charles de Batz Castelmore, comte d'Artagnan, mousquetaire valeureux, qui servit loyalement sous Mazarin, avant de gagner la confiance de Louis XIV. Loin du gascon dumasien, l'homme mourut un 25 juin 1673, au cours de la guerre contre la Hollande que menait Vauban.

 

Redécouvrir d'Artagnan

     Du 24 mai au 16 novembre prochain, le mousquetaire d'Artagnan sera l'invité d'honneur du château de Lavardens, dans le Gers.

    Cette initiative retracera son impact sur la culture populaire. Charles de Batz de Castelmore, dit d'Artagnan, sera présenté à travers des collections privées. Des pastiches, parodies, bandes dessinées, ainsi qu'une large gamme d'objets dérivés (figurines, jeux, cartes, publicités, timbres), témoignent de l'intérêt mondial pour la figure qu'est devenu d'Artagnan. 

     L'exposition bénéficie de la collaboration de plusieurs institutions. Le Service Historique de la Défense apporte des documents retraçant le parcours militaire de d'Artagnan et l'histoire des Mousquetaires, depuis leur création jusqu'à leur dissolution en 1815. Le Musée de l'Armée aux Invalides prête de nombreux objets authentiques ayant inspiré Alexandre Dumas.

     Des visites guidées, des conférences, des initiations à l'escrime sportive, des démonstrations d'escrime artistique et un escape game permettront également de mieux comprendre l'univers du mousquetaire.

     Des projections de cinéma en plein air ("en plein Gers") seront organisées en partenariat avec la Communauté des Communes Grand Auch Coeur de Gascogne, Ciné 32 Auch et le Comité des fêtes de Lavardens, pour célébrer d'Artagnan.

 

 Où il est question du château de Lupiac

     Cette initiative populaire n'aura pas lieu au château de Castelmore à Lupiac.

     Or, ainsi que les militaires de tous pays et de toutes époques le savent : dès lors que les politiques s'en mêlent, on guerroie en marchant sur des oeufs, ménageant les susceptibilités des uns et des autres. Le castel du mousquetaire pose un sérieux problème depuis peu : les édiles du coin l'exploiteraient volontiers, afin de n'être pas les seuls.

     D'un côté la commune de Lupiac, à la mairie sans étiquette, de l'autre, l'intercommunalité affidée aux Républicains, et plus haut, Département et Région Occitanie sont de branche PS. Á en perdre son fleuret ! Chacun tente de faire main basse sur Castelmore pour verser dans le tourisme culturel, option mousquetaires, Milady et autres joyeusetés. Une manne économique qui avait reçu le soutien de Jean Castex (né dans le Gers à Vic, son éminence, successeur contemporain de Mazarin) mais surtout de l'État. Tout était en règle et bien parti.

     Surtout qu'existe déjà un Musée d'Artagnan qui s'accommoderait volontiers d'un renfort structurel avec Castelmore, alors que Lupiac mise toute sa communication et son attractivité sur la figure littéraire autant qu'historique. Ce charmant village, perché sur une colline à 243 mètres, au coeur de la Gascogne et du Sud-Ouest, vante le Musée d'Artagnan pour découvrir le riche patrimoine de la région. 

     Même son Office du Tourisme se situe dans la Chapelle Saint-Jacques, un lieu historique datant de l'époque de notre mousquetaire. Cette dernière, construite sur l'emplacement de l'ancien hospice, servait autrefois d'asile aux pèlerins se rendant à Saint-Jacques-de-Compostelle. (La ganaderia Camino de Santiago, chère à Jean-Louis Darré, n'est guère qu'à un tir de mousquet de Castelmore).

     Quant au musée, il abrite une collection de documents et de reproductions artistiques qui racontent la vie de d'Artagnan mais aussi le contexte historique dans lequel il a vécu. Il suit le parcours du jeune homme qui quitta le village aux alentours de 1630 pour s'élever au rand de Capitaine des Mousquetaires ... avant d'entrer dans la légende.

     Mais selon le Canard, Yves Claude, PDG de Auchan Retail, a choisi de mettre sa fortune et ses avocats sur l'affaire du château : un coup de coeur pour 2,5 millions d'euros. La fortune de l'un faisant l'infortune des autres, certes, mais qui compte en amour, surtout quand il s'agit de s'aménager une retraite paisible ! "Un pour tous, tout pour moi" ... Aye ! et les deux camps sortent les mousquets : côté collectivités, on avait dans l'idée d'injecter 10 millions d'euros dans les lieux, un montant qui aurait sans nul doute prospéré pour le bien du territoire : Pschitt ! le verdict étant attendu le 19 décembre 2023 : la SAFER (société d'aménagement foncier d'établissement rural) n'eut que faire des arguments publics : Yves Claude obtint gain de cause, contre toute attente. Le Canard souligne en effet que la Fédération des exploitants agricoles (FNSEA) pèse lourd au sein de la SAFER. Et que l'on a rarement vu des paysans se réjouir de l'existence des grandes surfaces alimentaires ! La présence de terres agricoles donnait à l'organisme d'être le premier à s'exprimer : désormais, la Région prendra le relais en examinant à son tour le projet que portent les pouvoirs publics locaux.

     Las, la noble entreprise s'est vue avortée par une transaction financière expéditive en décembre 2023 : le rachat soudain de la bâtisse et de ses terres par le "riche" homme d'affaires français, cité plus haut, pour en faire sa résidence secondaire pour 2,5 millions d'euros. Le duel collectivités et investisseur a tourné au bénéfice de ce dernier.

 

     Le PDG de Auchan Retail promet de conserver autant que possible l'historicité du site et de le faire vivre à travers de multiples projets, en accord avec les élus locaux. C'est la fable moderne du Rat des Villes et du Rat d'Auchan ! Castelmore peut se rendormir, il reste dans le domaine privé.

     Mais soyons heureux. Il n'y a pas loin à parier que des Qataris propriétaires auraient transformé le castel en hôtel de luxe et le vaste parc en terrain de golf ! Á suivre.

                       Gilbert Lamarque

 

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"Tardes de soledad"

Publié le par Cositas de toros

Documentaire, "Tardes de soledad" par Albert Serra (France-Espagne, 2h05)... une plongée inédite au coeur de  la corrida.

Le Nouvel Observateur du 27 mars, n° 3157, billet signé par Guillaume Loison, journaliste dans les pages Culture, Cinéma. Guillaume Loison, chroniqueur culturel, ni anti, ni aficionado, ici, élément objectif, oeil neuf sur le sujet. Mais peut-on être détaché, impartial sur ce thème sensible ?

     "Le torero nous rappelle que la vie est faite de risques et que la mort est inévitable." A. Serra.

"Menton en l'air, regard de cartoon, déhanchements syncopés, et puis ces frôlements contre le flanc de la bête écumante qu'il se prépare à mettre à mort : ainsi gesticule Andrés Roca Rey, torero star du moment, dans le documentaire d'Albert Serra, continuum de rituels, de tics, de jurons saisis entre rigueur chirurgicale et goguenardise un peu fourre-tout chère au cinéaste de "Pacification". Ce dernier dit revendiquer sa neutralité quant au spectacle sanglant de la corrida, bien que cela paraisse difficile, sinon miraculeux. Disons que le film, roublard au carré, réussit à s'adresser quasi simultanément à deux publics que tout oppose. Aux aficionados de la première heure, il offre une plongée inédite au coeur des offensives du matador et ses affidés, face aux taureaux offerts en pâture (seuls les instructions et les encouragements du cercle rapproché du champion rythment le combat, quasi dénué des bruits du public), et exploite sans vergogne l'esthétique de la discipline avec un talent indubitable. Cadrages resserrés, mouvements d'appareil soyeux, "Tardes de soledad" embrasse dans un même élan une symphonie barbare de froissements d'étoffes, de textures et de chair, où se déploient à parts égales l'impétuosité sidérante du torero et la puissance animale adverse, bouillonnements de rage et déluges de sophistication. A cette aune, comment séduire les anti-corrida ? Par ce regard d'entomologiste mi-malicieux, mi-cruel porté sur le personnage d'Andrés Roca Rey, petit monstre narcissique ivre de lui-même qui, à bien des égards, semble importé du cinéma de Werner Herzog. Le torero n'est qu'un rouage dans ce petit monde de la tauromachie dont Albert Serra passe au crible l'étouffant jeu de rôles. Des adjoints de Rey, petits bouchers confits d'obséquiosité et de virilisme beauf, aux protocoles ancestraux mêlant le gore au non-sens, "Tardes de soledad" lézarde l'ensemble d'éclairs sensationnalistes qui soulignent la barbarie ordinaire, les images cachées par le carnaval folklorique - comme les derniers râles du taureau, poussés bien après sa mort annoncée." Guillaume Loison

     La corrida au grand jour, victime aussi de quelques sarcasmes. Au moins, cet article à le mérite d'exister dans ce court espace médiatique.

                    Gilbert Lamarque

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