DAX. TOROS y SALSA -1
Encerona* d’Emilio de Justo
Emilio de Justo s’est donc enfermé dans les arènes dacquoises, seul, face à six Victorinos. Geste fort s’il en est.
Que peut on demander de plus à un homme, à un torero, sinon de donner tout ce qu’il a ? Emilio l’a fait, tout au long de cette tarde, soutenu par sa cuadrilla et le public, il a finit totalement vidé au point que lors de sa sortie a hombros, il affichait un masque de souffrance.
Même s’il n’a pas toujours trouvé le sitio, il n’a jamais baissé les bras, s’adaptant aux comportements de ses adversaires, baissant la main avec le noble troisième, se retroussant les manches pour partir à la guerre contre l’alimaña sortie en quatrième et le difficile dernier.
Deux heures trente de spectacle entretenu, les pensionnaires de "Las Tiessas de Santa maria" imposant du combat.
En effet, le lot de toros était autant homogène en trapío (entre 500 et 525 kg, moyenne 514.666 kg), qu’hétérogène en comportement allant du très noble, à l’assassin de service. Des différences auxquelles s’est parfaitement adapté le Maestro.,
Un gros bémol tout de même, la grande discrétion dont ont fait preuve les toros au cours du premier tiers. La cavalerie n’a pas été à la peine…
Les affaires ne se sont pourtant pas très bien engagées.

"Garbancito" n°83, 525 kg, né en Décembre 2014,
Son premier adversaire est difficile à fixer au capote, sort du premier tiers affaibli. Emilio lui donnera une faena méritoire et parviendra même à lier une série à gauche. Le bicho se met à réfléchir, il s’avise et commence à lorgner sur les zapatillas. Echec aux aciers, avis et palmitas.

"Plazajero" n°69, 511 kg, né en avril 2015,
Sort avec force, répète et se retourne vite. Arrivé faible à la muleta Emilio lui sert une série sur les deux rives, puis le bicho pèse de plus en plus sur le maestro. Faena valeureuse conclue par une entière traserita y caídita au deuxième envoi. Faible pétition et…oreille contestée qu’il donne à son peon.

"Hechicero" n°28, 518 gk né en décembre 2014,
Faible dès les premiers coups de capote, prend une grosse puya (trop) et un picotazo. A la muleta, il arrive un peu distrait, mais avec de l’abnégation, Emilio finit par l’intéresser au drapelet. Suivent de belles séries des deux côtés sur un toro qui va a mas. Très bonne faena terminée par des naturelles, de face, main droite. Le pavillon promis (voire les deux) lui échappe avec un nouvel échec à la rapière. Deux avis, silence.

"Jaquetillo" n°102, 520 kg, né en décembre 2014,
Aux armures impressionnantes se défend d’entrée, ne permet rien au capote, coupe sa charge aux banderilles. Le trasteo se fera en mode guerrier, où personne ne veut céder du terrain, "Jaquetillo" réfléchit et distribue des coups de cornes. Avec de la persévérance, Emilio lui sert quelques séries méritoires et conclue la bataille avec une demie en place au deuxième essai. Salut.

"Mojarillo" n°94, 500 kg, né en décembre 2014,
Sort en "rematant", ses longues charges permettent au maestro de lui poser une série de véroniques. Suite à un passage des plus discrets à la cavalerie, Morenito pose deux superbes paires. Après un bon début avec la muleta, liant main basse des deux côtés, le toro charge le museau au ras du sable puis, raccourcit ses charges et cherche les chevilles. Une entière très engagée, efficace sur l’animal qui lutte et meurt au centre, fera sortir les mouchoirs pour une oreille largement méritée.

"Bohique" n°49, 514 kg, né en janvier 2015,
Est reçu avec les encouragements du public lui permettant de poser quelques figures à la cape. Après le salut de Chacón et Miguelito pour avoir bien cloué, il s’engage dans le combat proposé par "Bohique", toro âpre, exigeant, adepte du demi-tour rapide. Le maestro met tout son cœur dans le combat, et cède du terrain à son redoutable adversaire. Il s’engage pour une grande ration efficace. La pétition monte, le palco sort les deux mouchoirs libérateurs, le deuxième en récompense de l’ensemble de « l’œuvre ».
Triomphe donc d’Emilio de Justo, obtenu dans la douleur, mais qui aurait pu être plus grand, si les dieux de la rapière ne l’avaient pas lâché.
Arènes de Dax, 17h30, beau temps mais vent frais soufflant sur les gradins remplis au ¾.
Solo Emilio de Justo : avis et palmas – oreille – 2 avis et silence – silence – oreille – 2 oreilles.
Cavalerie Bonijol.
Président : Bernard Sicet.
*Encerona, traduction littérale : enfermé.
Patrick SOUX