Un long et peu attractif défilé de novillos des élevages régionaux sous un soleil de plomb, nous laissa dans l'expectative. On peut comprendre que les ganaderos réservent leur meilleur produit pour une course complète.
Dans l'ordre, San Sebastian, peu démonstratif, Margé, vif et mobile, Gallon prometteur, remplacé pour bris de corne par un sobrero exigeant de San Sebastian, d'armure avantageuse, Tardieu Frères, banal, Pagès-Mailhan de bonne tenue et François André bien dans le type Santa Coloma tant au physique qu'au moral. L'ensemble bien présenté.
Dans la torpeur, El Mene se livra autant que le San Sebastian qui prit deux piques peu appuyées, traseras, suivies d'un quite de Julio Norte se concluant par une violente voltereta. S'employant à la muleta sous le minimum syndical, le trasteo ne prit jamais son envol. Il conclut par une épée entière. Silence. Avec le Tardieu qui endura une pique trasera, se collant au peto, le torero de Saragosse ne profita d'aucune option favorable. Il tua efficacement d'une belle épée. Silence.
Julio Norte s'envoya généreusement avec le Margé noir et haut qui "rematait". Il offrit un bon capoteo souligné par des chicuelinas de bonne facture avec le souci du placement. Il prit une pique dans l'épaule et fut victime d'une vuelta de campana. Julio se plaça entre les cornes, cela plut au public mais le cornu envoya des hachazos à la sortie du leurre. Entière contraire. Oreille. Le salmantino, favorisé par le sorteo,
reçut le bon castaño de Pagès-Mailhan par une larga afarolada spectaculaire, s'envolant au dessus du torero. Après une pique promptement retirée et une vuelta de campana, il mena tambour battant une faena sans fondement soulignée par trois cambiadas hardies, les tendidos appréciant ce travail en dessous des qualités du bicho. Échec aux aciers. Salut après avis.
Victor qui débuta par de jolies gaoneras avec un Gallon, vif qui "rematait", vit l'entrée du sobrero de San Sebastian, conséquence d'une corne cassée du Gallon, amputée à la base.
Le pupille des Vangelisti chargea la cavalerie partant de loin, il fit chanter les étriers. Victor entama son trasteo du centre du ruedo par trois cambiadas bien léchées. C'est bien exécuté, il donne de la distance, les naturelles sont "templées", l'ensemble terminé par les conventionnelles luquesinas. Échec à l'épée. Palmitas. Les derniers espoirs s'envolèrent avec l'entrée du François André permettant peu d'options.
Le santa coloma sur la réserve,, Victor ne trouva pas le sitio. Entière en place. Salut.
Julio Norte remporta le 3ème trophée Daniel Giménez qui lui fut remis au terme de l'après-midi sur le sable blond du ruedo. Notons la piste impeccable.
El Mene fit peu d'effort, plombé par le sorteo. Julio Norte fut entreprenant sans fil conducteur, aidé cependant par le tirage au sort. Victor, lui, fut appliqué, sérieux, toréant sobrement en toute verticalité. Le dernier vainqueur de la "Cape d'or" nîmoise m'a pleinement convaincu.
La grande et belle ville côtière des Asturies annonce ses cartels.
Les toros sont revenus à Gijón en 2023, El Juli aussi. Il y fit ses adieux en un triomphe énorme pour son encerrona. Huit oreilles, une queue, un indulto, le premier à El Bibio, un Garcigrande de 526kg ... Quelques temps avant la Feria de Begoña était à l'agonie sous l'oppression d'une maire rigoriste et imbécile.
En août, une novillada piquée, une corrida à cheval et trois corridas composeront le programme des arènes de El Bibio. Tout ceci se déroulera du 13 au 17 août. On y verra la répétition des élevages gagnants de 2024, La Quinta, Nuñez del Cuvillo et Puerto de San Lorenzo. Le fer de La Cercada* a été retenu pour la novillada.
Dans l'art du rejon, le retour de Diego Ventura aux côtés des portugais Rui Fernandes et João Ribeiro Telles. Les toros de Ribeiro Telles y feront leurs débuts.
Chez les piétons, le casting est composé de Morante de la Puebla, Andrés Roca Rey, José María Manzanares, Álejandro Talavante, Juan Ortega, Pablo Aguado et Tomás Rufo. Deux matadors fouleront le ruedo pour la première fois, Emilio de Justo et Clemente. Pour le torero français, ceci n'est pas une surprise, son apoderado Carlos Zuñiga (fils), n'est autre que l'impresario des arènes de Gijón mais aussi, El Puerto de Santa María, Aranjuez, Zamora, Colmenar Viejo, Navaluenga, El Burgo de Osma, Valdemorillo et Las Rozas. On peut rêver !
Sachant que le lando-girondin a pris l'alternative le 29 juin 2016 à Zamora ... Alors ?
*Le fer de Badajoz La Cercada lors de la novillada y jettera ses sabots pour la première fois. En 2007, le fer fut racheté par son propriétaire actuel à José Luis Martin Berrocal sous le nom de El Toril. La Cercada a eliminé le précédent bétail, ayant acquis deux lots de vaches et d'étalons d'El Freixo d'origine Garcigrande et Daniel Ruiz, donc d'origine Domecq. La ganaderia est inscrite à la Real Unión de Criadores de Toros de Lidia (UCTL).
Les deux grands triomphateurs de la saison 2024 feront leur retour à Aire-sur-l'Adour : Manuel Escribano matador banderillero spectaculaire hors pair, le héros de Séville et Morenito de Aranda, lidiador d'exception, grand triomphateur de Vic-Fezensac, Mont-de-Marsan, Dax ou Burgos entre autres, élu meilleur matador du Sud-Ouest de l'année écoulée.
Le prometteur matador français Carlos Olsina fera sa grande présentation dans le Sud-Ouest à Aire-sur-l'Adour en corrida classique. Le participant de la prestigieuse Copa Chenel de Madrid (qualifié pour les demi- finales ce samedi) qui enchaîna ces dernières saisons des succès importants à Béziers (indulto d'un toro de Margé) ou Istres, relèvera avec panache et enthousiasme ce magnifique défi.
Office du tourisme d'Aire-sur-l'Adour : 05 58 71 64 70
Nîmes se vante d'exploits infinitésimaux produisant un sentiment de disproportion de l'univers, comme l'utilisation d'un marteau-piqueur pour ouvrir une noix.
Préambule
La Feria des enfants est annulée en raison de la météo. Comme en 2023, la Feria des enfants devait ouvrir les festivités dans les arènes nîmoises. L'évènement dédié à la transmission des cultures taurines aux plus jeunes - on s'en gargarise - ne se tiendra pas en raison de la pluie annoncée le mercredi 4 au matin. "La pluie ne permet pas d'assurer le bon déroulement de cette journée festive dédiée aux plus jeunes" écrit la société Casas and Co, délégataire de la Ville de Nîmes. Mais après "avoir exprimé ses regrets et sa déception", Casas and Co n'oublia pas "de donner rendez-vous dès demain pour l'ouverture officielle de la Feria dans les arènes de Nîmes avec la Course camarguaise"... et autres spectacles payants. Le prétexte étant, évidemment, de préserver la piste en vue de cette course, une Royale de la manade Saumade.
Résultat, une armée de petits frustrés en déroute et l'absence de la moindre averse matinale. En revanche, une forte averse s'abattit sur la ville l'après-midi. Mais le business fut sauvé !
Les inédits de Nîmes comme il y a les jeudis de Nîmes
Midi Libre titre: "La feria de Nîmes ouvre son cycle de paseos de lumières et d'inédits."Diantre ! de lumières, certes, mais d'inédits ! ...
Inédit : Alejandro Talavante torero au cartel de la première corrida et Alejandro Talavante ganadero où ses novillos sont à l'affiche de la novillada de la "Cape d'or": il sortira, à l'occasion, sa première novillada complète en France. Il renoue avec la tradition des toreros ganaderos (Belmonte, Camino, Puerta ou, plus tard, Espartaco, Joselito, Ponce, El Juli).
C'est tout pour les inédit. Et les absents comme on en relève dans toute feria : Roca Rey, Tomás Rufo, Emilio de Justo, et les locaux Juan Leal, El Rafi, Solal. Peut-être ces derniers seront-ils logés à l'occasion de la Feria des Vendanges ? Je préconise une Feria de Pentecôte de 7 corridas, matin, après-midi et soir ...
L'éternel lot de satisfaits et de mécontents.
En soirée
On se noie dans le champagne au Lisita, ambiance bon enfant en fanfares au Prolé, boucan d'enfer au Victor Hugo, gitans et flamenco à la Placette, chez Pepe de Montijo, on y partage tapas et sangria, et la plus célèbre bodega nîmoise, les Amis de Pablo Romero et ses inévitables danseuses sévillanes, haut lieu de l'ambiance et de la culture taurine, mais c'est aussi un nid de "chichi-ponpon" du cru et d'ailleurs, qui savent toutes et tous de quel côté leur tartine est beurrée et s'ingénient à le montrer aux autres, le haut du panier. Les bobos ont aussi le droit de festoyer, vous les reconnaîtrez aisément !
Les hommages
L'Association Française des Aficionados Practicos était au lavoir du Puits Couchoux pour rendre hommage aux "Pionniers de la Tauromachie Française": le maire Jean-Paul Fournier et notre ami Marc Serrano, matador, qui fête ses 25 ans d'alternative, le 8 juin, avec la présence du parrain, Alain Montcouquiol.
En cette année anniversaire, souhaitons-lui un contrat dans sa bonne ville de Nîmes pour les Vendanges ! Ces quelques lignes dans un bref entretien pour le Midi Libre : "C'était le 8 juin 2000, dans les arènes de Nîmes, la réalisation d'un rêve. Lorsqu'on se passionne pour la tauromachie, pour devenir matador de toros, l'alternative est le passage obligé. Quand on débute, ça paraît insaisissable, compliqué d'arriver à ce niveau-là. Pour ma part, c'était évident que l'alternative se passe à Nîmes car je suis Nîmois. Mes premiers émois d'aficionado, je les ai eus à Nîmes."
Non loin de là, sur les hauteurs nîmoises derrière le réservoir du Mont Margarot, haut lieu de naissance de la gloire torera nîmoise, on commémorait la pose de la plaque du "passage Miqueleta, en honneur de celle qui créa la Revue Toros, il y a un siècle, le 4 juillet 1925, cérémonie du souvenir dans l'intimité. Pour en connaître un peu plus sur ce "phénomène", l'ouvrage de Pierre Dupuy et Bartolomé Benassar édité en février 2002, disponible à la librairie Teissier, 11 rue Régale à Nîmes
La Feria compte ses heures, la librairie Teissier achève son marathon de dédicaces d'auteurs taurins, Jacques Durand, François Bruchet, Marc Delon et bien d'autres. Nous retrouverons nos amis libraires le lendemain, lundi pour une pause littéraire en matinée à l'heure apéritive devant la librairie où l'esprit des lieux vous saisira, des livres du sol au plafond et un rare et bel éventail de livres taurins réjouira le lecteur aficionado; on y trouve le dernier recueil des Nouvelles Taurines de Mugron ;
Vincent et Pierre-Jean sont les actuels dépositaires de cet esprit des lieux dont on se nourrit. C'est un hommage, une reconnaissance que cette remise de médaille par les clubs fondateurs de la Feria de Nîmes en 1952 : l'Union taurine Nîmoise, le Cercle taurin Nîmois, l'Aficion cheminote Nîmoise, le Club taurin lou Ferri et les Amis de Toros;
Un autre marathonien, Clemente entame sa folle journée, corridas matin et soir avec les Victoriano del Río et les Margé. Pas de mistral en perspective, souvenir du 14 septembre lors des Vendanges. Saura-t'il mettre à profit son énorme potentiel ? Le valiente français s'imposera-t'il face aux Margé ?
Cela n'a rien à voir
Á la buvette des arènes, on n'est plus fidèle à Perrier, suite au scandale des eaux en bouteille, on boit de la Badoit ...
Mais aussi, tout au long de la Feria, l'exposition des "100 ans des Pablo Romero dans la Revue Toros" à la Bodega Pablo Romero jusqu'en septembre.
Devant la bodega du Victor Hugo, il y eut une "tentative" de détrôner les Bayonnais et leur titre de champion du monde de Paquito, record détenu depuis 2004 et renouvelé en 2010 avec 8 060 festaïres réunis. Les Nîmois ont battu le record du plus petit Paquito. Aïe ! une quarantaine de participants ! et le crocodile ferma sa gueule.
Plus sérieusement, Laure Adler a annoncé la victoire de Sylvie Callet, lauréate du Prix Hemingway des Avocats du diable. Cette dernière a déclaré ne pas y connaître grand-chose en matière de tauromachie, et d'avoir vu une corrida, il y a longtemps ( ! ! ).
L'heure des bilans
Novillada sans picadors où Vincent Fare présentait 4 novillos de son élevage La Paluna (Saint-Gilles). 3 000 spectateurs, c'est maigre malgré la gratuité. Mathias Sauvaire "Clovis", 2 oreilles et la queue, il sort par la Porte des Consuls.
La "Cape d'or" a été décernée à Victor, novillada matinale, 3 500 spectateurs, c'est peu. Le jeune torero a coupé 2 et 1 oreilles face à de bons pensionnaires de Talavante, vuelta du troisième.
Manzanares a ouvert la Porte des Consuls le samedi, Castella oreille et Lalo de María a déçu, les García Jiménez étaient d'un trapío plus en harmonie avec des arènes de première catégorie contrairement aux Garcigrande de la veille où Marco Pérez coupa 2 oreilles pour son alternative, accompagné du témoin Talavante, 2oreilles. Le parrain Morante reçu une double ovation. Deux jours plus tard, le 8 juin; il triomphait à Las Ventas coupant 1 et 1 oreilles aux Juan Pedro Domecq.
Dimanche matin, lors de la matinale, Clemente est sorti par la Porte des Consuls coupant 3 oreilles aux toros de Victoriano, l'après-midi, il reçut un sévère coup de corne au scrotum face à son premier Margé, alliant engagement et courage. Il rejoignit la porte de l'infirmerie puis celle du CHU de Nîmes
Miguel Ángel Perera tira son épingle du jeu, il ouvrit la porte des Consuls coupant 3 oreilles.
Lundi matin, corrida équestre, Diego Ventura truste les trophées, cinq oreilles et une queue ; Lea Vicens en récolta trois : nombre excessif de trophées, au palco Daniel-Jean Valade , on comprend mieux.
En résumé, la Porte des Consuls est restée ouverte toute la Feria. Devinette, qui la referma derrière lui ?
On clôture par un fiasco de catégorie avec la sortie désastreuse des Victorino. Le solo de Borja Jiménez s'est liquéfié : un pétard mouillé, un funeste après-midi. On appréhendait cette course.
Plus est mauvaise cette Feria, plus forte est, pour l'aficionado, l'envie de fuir. Un coup de pied sur les heures glorieuses, les dernières cartouches ont été tirées. On retiendra la clémence de la météo. On a loupé le millésime.