Mistral, un souffle puissant en faveur de la corrida
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À la fin du XIXe siècle, la corrida n'est pas dans les bonnes grâces des institutions françaises. Le 16 septembre 1894, le préfet du Gard prend un arrêté interdisant les courses de toros avec mises à mort. Un vent de révolte souffle sur la cité et touche ses habitants, comme ses édiles.
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Le 14 octobre 1894, l'avocat et maire de Nîmes, Émile Reinaud (1854-1924) organise une "corrida de la protestation" dans l'amphithéâtre nîmois.
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Frédéric Mistral (1830-1904) préside en signe de soutien, défiant l'autorité de l'État. Le soutien de Mistral, qui sera prix Nobel de littérature quelques années plus tard (1904), va avoir un poids considérable. De même que celui de son ami Folco de Baroncelli-Javon (1869-1943), bien plus tard, le 17 octobre 1921 qui conduit la "levée des tridents" à la tête des cavaliers de la Nacioun gardiano, suivi par une foule immense, accompagnée de l'avocat-manadier Bernard de Montaut- Manse (1893-1958) qui fut une figure marquante du barreau de Nîmes et qui réussit à faire débouter la SPA de son action en justice contre les corridas à Nîmes.
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Le marquis considéra la Camargue comme le sanctuaire de la Provence épargnée par le progrès destructeur, se fit manadier en son sein et promut les courses au rang de symbole de l'identité méridionale.
Mistral se disait "le porte-drapeau de la Tauromachie espagnole n'ayant pu défendre de présider une manifestation où semblait engager la défense des libertés méridionales" et déclarant " ce qui plaît à mon peuple me plaît".
Le fondateur du Félibrige (1854) ne goûtait guère les corridas, même les courses organisées dans son pays, il ne leur réserva qu'une maigre place dans ses oeuvres. Après sa participation du 14 octobre 1894 révélant une légère évolution, il déclare préférer les jeux provençaux et il montre qu'il n'était pas dupe de l'amalgame opéré par les aficionados. Néanmoins, il accepte d'inclure la corrida dans la défense des traditions régionales et des libertés municipales. "Sans être partisan personnellement des courses espagnoles, j'aime tout ce qu'aiment mes compatriotes".
Comment Mistral, avec un tel patronyme, pouvait-il ne pas souffler puissamment en faveur de la corrida ?
Gilbert Lamarque