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Question d'objectivité

Publié le par Cositas de toros

 

Dax, novillada non piquée, samedi 14 août.11h.

 

 

              Rentrant au bercail après avoir musardé en Chalosse, pendant que les aficionados de la tarde se liquéfiaient sur les tendidos dacquois, je me suis mis à la reseña de la non piquée matinale, ma seule intrusion en terre "cul rouge", et jettant un œil sur les dernières news vomies par le net.

     sudouest.fr/landes/mont-de-marsan titrait : « Le bétail marque les esprits durant la novillada sans picador de samedi. », et la suite : « Marion (sic) Navas et Marco Linares remportent les prix de cette novillada sans picador. Mais, c’est la qualité du bétail, venu de deux élevages des Landes, qui est surtout à relever. »

Ah, j’ai dû rater quelques épisodes !

Résultats bruts : Mario Navas déclaré vainqueur empoche 500 € et 200 € (prix de l’ACOSO), Marco Linares, second, 250 €, a remporté le VIIe Alfarero de Plata de Villaseca de la Sagra en juillet dernier.

Pas de prix pour encourager les ganaderos locaux…

Deux erales sortant du lot, un bon et un très bon avec du piquant.

 

     J’ai un petit faible pour les novilladas non piquées et les jeunes qui s’y collent. Je privilégie l’animal, j’admire les jeunes pousses. Mes reseñas de ces spectacles dits "mineurs" sont aussi conséquentes que celles des corridas et novilladas piquées.

L’avenir de la corrida, s’il y en a encore un, est ici.

 

 

     À Dax en cette matinée, ce sont aussi les acteurs à deux pattes qui m’ont plu, et que vient faire ce titre incongru, voire mensonger dans ce quotidien régional ? Ce n’est pas le seul. Ceci me rappelle « À Dax et nulle part ailleurs ! » pour parodier le slogan de Bayonne !

     À l’issue de la course, les deux ganaderos saluèrent : solidarité ganadera, soit. À mon humble avis, les trois sociétaires d’Alma Serena, bien présentés, armures et robes dans le type de la maison, ne m’ont pas convaincus lors des trois lidias. Le premier n° 20, castaño claro bociblanco, sorti en 3e pour El Melli, n’est pas une eau de source. Le gamin exécute deux bonnes séries de la droite, la suite est à oublier, désarmé, faena longuette, des redondos par poignées… Le novillo plutôt désordonné dans la muleta était malgré tout supérieur au suivant du même fer, plutôt manso, ce n° 94, castaño claro, brochito, un peu violent, manquant de force malgré son moral, fléchissant des quatre sabots, auteur de demi-charges, par à-coups, hachazos à la sortie de la passe.

     Ismael Martin banderille, c’est à souligner, et superbement, c’est aussi à souligner, puis la suite est brouillonne ne donnant pas assez d’air à cette bête. On lui pardonnera. Une lame entière, deux descabellos et salut au tiers.

 

     Tristan Barroso hérita du plus lourd à Mont-de-Marsan, à Dax, itou. Ce n° 95, castaño claro, itou, est le mieux armé des six, belle présentation, le plus imposant donc, véritable novillo pour une piquée, jeune aussi, marqué à l’épaule du 9. Allez comprendre ! De jolis quites cape en mains entre Tristan et Eric Olivera. Un détail, la cape de l’élève de Badajoz est marquée à l’intérieur "José Tomás"… un peu fané, l’usure du temps. L’empreinte du maestro guidera t’elle le torerito jusqu’au zénith ? Pas de 3e paire de banderilles (?).

     Bicho exigeant, Tristan ne baisse pas suffisamment la main, très conseillé du callejón, il écoute et se replace aux quatre "coins" du rond. De belles naturelles. Entière, avis, puntilla, l’eral se relève, descabellos, mort longue, deuxième avis… oreille (!).

     Et ce n’est pas jeter la pierre au ganadero que d’écrire cela. Lui sait. Nous apprécions son bétail bien sorti maintes fois auparavant. Saluer, c’est un détail me direz-vous, des oreilles généreuses bien que l’on puisse rester équitables même à ce niveau de compétition, la musique qui joue encore après les multiples désarmés, encore des détails, tant que ce ne sont pas les détails qui tuent… et quelques subalternes qui devraient suivre les cours du soir… spécialité puntilla, bien que pour certains cela soit déjà trop tard !

     Pour ce desafio qui n’en est pas vraiment un, sont sortis trois exemplaires de La Espera, noirs les trois, bien fait, pas un pouce de gras, le noir amincie. Le premier n° 35 qui ouvre les débats est le plus svelte et le moins brillant de la terna. Il a tendance à serrer corne gauche, charge par à-coups, tête haute en fin de passe. La muleta est souvent accrochée, Eric Olivera est "mangé". Le bicho n’est pas mis à son avantage, convenons-en. Entière un peu contraire, descabellos (8), deux avis, silence pour Eric, palmas au novillo (!).

     Le second est le clou de la matinée, n° 56, mieux armé, veleto. Mario Navas le reçoit fort bien sous la capote. À la muleta, il l’amène au centre du ruedo par doblones. Le novillo charge buvant la flanelle. Le Salmantin nous offre trois superbes naturelles templadas puis d’autres séries des deux mains, confiant, relâché, main basse. Chacun est mis en valeur par l’autre. Quel aubaine, on assiste si souvent à de gros gâchis ! Manoletinas finales, un pinchazo, une entière de côté, puntillero désastreux. Une oreille et vuelta pour le bicho de La Espera, noblissime, débordant de caste.

     Le n° 19 sorti en 5e a du jus, exigeant et Marco Linares a des ressources mais au fil du trasteo, le novillo prend le dessus. C’est ce que l’on appelle aller a menos. Dommage, après les jolies naturelles, tirant le bras, Marco échoue devant la bête qui distribue quelques hachazos. Entière très contraire efficace. Oreille, opinions divisées.

 

     Tous les arrastres ont été applaudis. Averse d’avis. Du monde dans les gradins, le gentil public des matinées récréatives.

     Bravo à Jean-François Majesté (La Espera), notre constante sympathie à Philippe Bats (Alma Serena) en attendant les futures bonnes sorties auxquelles nous étions habitués, enfants gâtés que nous sommes !

 

PS. En parcourant quelques bribes éparses sur d’autres supports, je me dis que nos yeux ne voient pas les mêmes détails, que nous avons parfois des absences. Tant que ce n’est pas de la tromperie, niant la réalité, en souhaitant en retirer quelques piètres intérêts. Qui sait ? Et puis quand on sollicite une invitation, une accréditation, il est inconvenant de cracher dans la soupe.

Photos "mobiles", "Au petit bonheur, la chance" !

                                                              Gilbert Lamarque

 

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Corrida à Senlis (Oise)

Publié le par Cositas de toros

 

         

 

               Les arènes de Senlis (Oise) édifiées au 1er siècle ap. J.-C., sont un petit édifice de spectacle gallo-romain de forme ellipsoïdale et de type semi-creusé. Elles ont été redécouvertes en 1865. Senlis, fondation purement romaine, était connue comme Augustomagus (le marché d’Auguste) et peuplée pour l’essentiel de Gaulois du peuple des Silvanectes. Les arènes avoisinaient à cette époque une capacité de 10 000 places. Les spectacles donnés furent le plus souvent des combats d’animaux.

 

     Vingt siècles plus tard, les derniers Gaulois senlisiens remettaient le couvert. Ils organisent, par l’entremise des Amis de Senlis, leur première corrida en juin 1956. Un évènement qui va réunir plus de 6 000 personnes pour applaudir « les exploits des grands noms de la tauromachie, dont Pierrette Le Bourdiec*, l’unique femme matador ».

     La communauté espagnole de la région garnit alors les rangées des arènes. Un indéniable engouement populaire qui donnera lieu à plusieurs rassemblements tauromachiques jusqu’en 1961, dernière corrida organisée. Cette fois, la fête sera ternie par un drame qui mettra un terme aux spectacles. « Il y a eu le décès d’un jeune spectateur, qui est tombé accidentellement et aurait été piétiné » explique le président de la Mémoire senlisienne. « Nous ne sommes pas sûrs des circonstances et nous n’avons pas vraiment de réel spécialiste de la corrida dans notre association. C’est aussi pour cela que nous recherchons toutes les informations à ce sujet ».

 

     Pour la première fois le dimanche 24 juin 1956, a eu lieu une "grande" corrida hispano-provençale. Dépassant les prévisions les plus optimistes, plus de 6 000 spectateurs, dont une grande partie de la communauté espagnole de la région parisienne, ont assisté à cette grande première.

     Dès 14 heures, les Senlisiens étaient invités à se rendre place de la Gare pour accompagner l’harmonie de Chambly qui s’était mise à l’heure espagnole. Le cortège démarra avec les matadors et les caballeros montés sur de magnifiques chevaux pour traverser Senlis jusqu’aux arènes.

     Pendant que l’harmonie s’installait à la tribune, le speaker commença à "chauffer" le public tout en déclinant le programme :

          «  - 9 taureaux de combat de 4 ans de pure race espagnole de la ganaderia José Sol de Salamanque.

             - Parmi les matadors, soulignons la présence du fameux et jeune P. de Montijo**, âgé de 21 ans (en fait, il avait 26 ans, ndlr), l’un des meilleurs matadors d’Espagne dans le maniement de la cape et la pose des banderilles. »

      « Le spectacle était aussi rehaussé par la présence de L. Raoux***. Bien que ne possédant qu’un bras, il mania son cheval avec une aisance magnifique et posa sur le taureau des rubans du plus bel effet. Il sut éviter par des pirouettes remarquables, les charges les plus redoutables.

     Vint ensuite la course provençale à la cocarde comprenant deux redoutables taureaux aux noms de Bison et Pastis… avec la participation du réputé raseteur Ayme, l’un des meilleurs actuellement dans l’exercice de cette périlleuse profession. Ces deux fauves très dangereux nécessitèrent l’adresse et l’agilité des raseteurs pour enlever la cocarde posée sur le front ou les glands attachés sur chaque corne.

     Enfin, le trio comique les Borrachos exécuta une parodie burlesque remarquable. Leurs gags et leurs pitreries face au taureau, ont enthousiasmé le public.

     Au terme de la corrida, de nombreux spectateurs d’origine espagnole et qui avaient revêtu leurs costumes de circonstance, furent invités dans l’arène pour danser des pasodobles endiablés, interprétés par l’harmonie de Chambly.

     Félicitons Mr. Calais**** pour l’organisation remarquable de cette manifestation tant au niveau de l’infrastructure que la composition du programme ».

     Vous remarquerez qu’il n’y a pas un mot sur le déroulement de la partie espagnole ainsi que sur « l’un des meilleurs matadors d’Espagne » Pepe de Montijo !

      Aujourd’hui, les arènes de Senlis ne sont plus utilisées car le site a été fragilisé par les années et s’apprécie désormais uniquement du point de vue historique et archéologique.

 

Deuxième corrida le 29 juin 1958

   

 

      Bien longtemps après avoir crié ave, on a aussi crié olé dans les arènes de Senlis. Il semblerait que ces olé ont retenti par trois fois en 1956, 1958 et 1961 à l’occasion des corridas hispano-provençales comme il était indiqué sur les affiches de ce temps.

 

*P. Le Boudiec naquit à Paris le 21 juin 1934. Les débuts avec picadors se feront le 9 octobre 1957 à Aigues-Mortes avec Ramon Gallardo et Pepe Luis Román, les toros d’Étienne Pouly. À Senlis en 1956, P. Le Bourdiec n’était donc qu’une becerrista. L’Espagne lui est interdite : la loi promulguée en 1908 par Juan de Cierva, ministre de l’Intérieur, proscrit le toreo à pied pour les femmes (loi abrogée en 1973).

     Elle deviendra rejoneadora, "Princesse de Paris", se présentant pour la première fois à Moguer (Huelva), le 9 septembre 1965. Elle sera la première française à se présenter à Las Ventas, le 12 octobre 1969 pour El Día de la Hispanidad. Elle poursuit sa carrière jusqu’en 1978 et se consacra ensuite au dressage des chevaux dans la Communauté de Madrid. Elle décède le 9 juillet 2011.

** Pepe de Montijo est né le 4 janvier 1930 à Valencia sous le nom de Joselito Peris. Il vint en France dès 1954 à Méjanes pour une première novillada piquée. Il revient en 1955 où il torée à Nîmes. Les contrats s’enchaînant il ne quitte plus le sol français et Nîmes où est établie une importante colonie espagnole essentiellement composée de réfugiés de la guerre civile. En 1956, Joseph Calais lui proposa des contrats dans la région parisienne dont Senlis. En 1962, il passe dans la catégorie des banderilleros et conseille et torée avec les novilleros français de l’époque et fait partie des cuadrillas de toreros espagnols venant toréer en France : Juan Mora, J.M. Manzanares, José Mata, José Fuentes, Paco Alcalde. C’est en 1988 que l’heure de la retraite sonne.

La bodega Pepe de Montijo, 13 rue Bigot à Nîmes est ouverte uniquement pour les ferias. Vieilles affiches de corridas, photos de Pepe, de Nimeño II et autres toreros nîmois, azulejos parcourent les murs dans une ambiance familiale des plus taurines à trois pas des arènes et à deux du bar Le Prolé.

*** Pierre Raoux, caballero camarguais, devint manadier au Mas de Lansac, Le Cavaou (Bouches-du-Rhône) après achat vers 1931 d’un lot d’Augustin Lescot. Ils étaient deux frères Raoux : Pierre dit Lolo et Eugène dit Néné. Lolo, bien qu’amputé de la main gauche, était un excellent cavalier.

**** Joseph Calais dit "El Gordo", cavalier émérite, rejoneador – dont la première épouse fut "Emma La Caballera", première femme française à toréer à cheval – fut aussi impresario.

 

                                                      Gilbert Lamarque

 

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Libération du 04 août

Publié le par Cositas de toros

     Politique

Corrida : les parlementaires prêts à prendre la tradition par les cornes ?

Dans une tribune publiée dans «le JDD», des élus réclament l’interdiction de cette «pratique barbare».

Lors des débats à l’Assemblée autour de la proposition de loi sur la maltraitance animale en janvier, le sujet avait pourtant été passé sous silence. Le texte arrivera au Sénat en septembre.

     par Mathieu Michel, publié le 4 août 2021

 

            «Trop longtemps qu’on attend cette interdiction», lance Loïc Dombreval, député LREM des Alpes-Maritimes. L’hebdomadaire le JDD publiait dimanche 1er août une tribune de 36 parlementaires (vingt-quatre LREM, cinq Modem, quatre Agir et trois LR) pour défendre l’interdiction de la corrida, à l’initiative de ce premier et d’Arnaud Bazin, sénateur LR du Val-d’Oise, tous deux vétérinaires. Les parlementaires regrettent que la prise en compte croissante du bien-être animal exclue toujours la question de la corrida. La législation sanctionne certes d’une peine d’emprisonnement et d’une amende les actes de cruauté envers les animaux. Mais l’alinéa 7 de la loi 521-1 du code pénal permet l’exception de la corrida, au nom de la tradition locale. Les députés et sénateurs signataires de la tribune désirent supprimer cet alinéa, afin d’interdire l’intégralité «des spectacles mettant en scène la torture et la mise à mort d’animaux». «Comment ce qui est jugé cruel dans certains départements ne l’est pas dans d’autres? s’interroge le député de la majorité. C’est hypocrite.» Pour le député Modem du Bas-Rhin, Sylvain Waserman, c’est l’issue du combat qui pose problème : «Je comprends qu’on puisse organiser des spectacles avec des taureaux mais c’est la mise à mort qui me dérange.

 

La mobilisation a de quoi surprendre : en janvier, lors des débats sur la maltraitance animale à l’Assemblée ces mêmes voix ne se sont pas fait entendre contre la corrida. Pourquoi ce silence ? Parce que la proposition de loi était déjà trop dense, répondent les députés interrogés. «Il y avait beaucoup de sujets, on sentait qu’un texte trop large ne passerait pas, explique Corinne Vignon, députée LREM en Haute-Garonne. Maintenant, on espère susciter les débats au Sénat.» Dans l’hémicycle, Bastien Lachaud, député LFI en Seine-Saint-Denis, critiquait alors un texte «insuffisant», à vocation «de se donner bonne conscience». Ce dernier doit désormais être discuté fin septembre par les représentants de la chambre haute. Et dans leur tribune, les députés soufflent quelques idées à leurs homologues du Sénat, en préconisant notamment l’interdiction de l’accès aux arènes aux enfants de moins de 16 ans, en qualité de spectateur ou d’acteur. «Ce serait déjà une avancée», note Loïc Dombreval (LREM) qui regrette que la question du bien-être animal arrive souvent en queue de wagon au Parlement. Mohamed Laqhila, député Modem des Bouches-du-Rhône, considère pour sa part que l’interdiction de la corrida n’a que de maigres chances d’être promulguée avant l’élection présidentielle. Il voit en cette tribune l’opportunité d’inscrire ce débat dans la campagne de 2022 et plus généralement de faire réagir l’opinion publique.

«Frilosité ambiante»

Mais pourquoi, alors, ne pas avoir associé des élus d’horizon différents à la rédaction de cette tribune ? Selon Corinne Vignon, l’absence de signataires de l’opposition de gauche relève d’un concours de circonstances. La tribune n’a pas pu être proposée à l’ensemble des parlementaires. La faute, expliquent les auteurs, aux discussions intenses et chronophages sur le pass sanitaire. S’il considère les 36 signataires de cette tribune comme un bon présage «au regard de la frilosité ambiante à ce sujet», Loïc Dombreval (LREM) reconnaît que celle-ci aurait pu être proposée plus largement aux élus. Et qu’elle a «peut-être été publiée un peu trop rapidement».

Les procorridas, eux, n’ont pas tardé à répliquer. Dimanche, au micro de France Bleu Gard Lozère, André Viard, président de l’Observatoire français des cultures taurines, a mis en avant la richesse apportée à l’économie locale, qui plus est dans cette période de crise sanitaire et économique. L’ancien matador regrette que ces signataires soient «une fois de plus des parlementaires issus de régions qui ne sont pas taurines» et brandit l’argument de la tradition. En 2019, c’est aussi au nom de la tradition et de la liberté qu’une tribune avait été publiée dans le Figaro en défense de la corrida, par plusieurs personnalités, dont Eric Dupond-Moretti, alors avocat médiatique, devenu garde des Sceaux.

«On arrive à un moment où certaines traditions apparaissent en décalage avec leur époque», répond le Modem Sylvain Waserman. La Catalogne a interdit cette pratique en juillet 2010. La France est-elle prête à lui emboîter le pas ? Oui, estime Corinne Vignon (LREM) qui assure que la position de la tribune émane «de la société civile. Nous sommes la voix des citoyens, nous nous devions de porter cette voix publiquement». Selon un sondage Ifop d’octobre 2019, près de trois Français sur quatre sont favorables à «la suppression des corridas avec mise à mort des taureaux en France».


 

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Entre Tarasque et Tartarin, le retour des Colombeau

Publié le par Cositas de toros

 

             Tant pis pour ceux qui sont partis vers Tarascon-sur-Ariège !

     Non, ce n’est pas la Tarascon occitane vers laquelle il fallait se diriger mais vers la Tarascon provençale. Confondre les rives de l’Ariège avec celles du Rhône puis chercher en vain les arènes, les autochtones en sont encore ahuris !

Les Tarasconnais eux, savent vous prendre pour des ravis – comme on dit au pays de Mistralpuisqu’ils vous font visiter la maison natale de Tartarin ! Plaisanterie, mais "La Maison" de Tartarin existe depuis… 1985 et ne se visite pas.

 

Ce samedi 7 août, il y a courses aux arènes Joseph-Durand.

Photos. Ch. Lafaye

                   Au campo, ganaderia Colombeau, le mardi 03 août.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     Le matin à 11h, pour la VIe Feria de la Jouvènço, se déroule la novillada non piquée avec 4 erales de Colombeau pour le Biterrois Lenny Martin, le Nîmois Nino Julien, l’Arlésien Miguelín et l’"étranger" Jean-Baptiste Lucq, le Landais de Mugron.

L’après-midi à 17h30, la novillada avec picadors où seront combattus 6 novillos des frères Jalabert pour Adam Samira, Solal Calmet "Solalito" et Tristan Espigue "Tristan".

 

     Je ne vais vous conter que la matinée, les averses de l’après-midi ont eu raison de la novillada reportée au vendredi 20 août à 18h.

 

     Le 31 mars 2019, aux arènes du Sambuc (Arles), avait lieu la rencontre des écoles taurines françaises avec 5 novillos de Cyril Colombeau. Combattaient ce jour-là deux des protagonistes présents sur l’affiche : Lucas Brousse-Quentin (oreille) et J. B. Lucq (sa première oreille pour son premier novillo tué en public). Aujourd’hui sur l’affiche Lucas Brousse-Quentin s’est changé en Canten mais défile au paseo Nino Julien (?). Quant au Landais, il ne vient pas seul, amenant avec lui l’empreinte des points de suture ôtés la veille, souvenir douloureux de la Madeleine montoise.

 

 

     Aficionada de très longue date, ma voisine de gradin, m’avait avisée avant la course : « On a une présidence de "charlotade" ! » Hormis ce "détail" qui n’en fut pas un, car générant une grande injustice pour les jeunes acteurs et des incompréhensions sur la gestion de la novillada, la matinée s’est révélée intéressante.

 

     4 erales de Cyril Colombeau ont fait le chemin, le matin même, depuis Le Sambuc. Nés entre mars et juin 2019, leur physique et leur comportement n’avaient rien à envier à beaucoup de leurs collègues en novillada piquée. Le 17 fut le meilleur – voir plus bas la "récompense" –, le 5 plus faible avec un pointe de "bon" genio. Tous avec les caractéristiques de noblesse et caste que l’on connaît de cet élevage. Des bichos qui ne rechignent pas, qui "rematent" durement aux planches, qui suivent aux banderilles.

 

     Nino Julien (CFT) reçoit le negro n° 3. Bonne réception à la cape quoiqu’un peu accrochée. Beau quite de J.B. Lucq. Deux paires de palos administrées, il aurait certainement supporté la troisième – seul le dernier recevra les trois paires… allez savoir pourquoi ! Question que nous nous sommes souvent posée en regard des décisions du palco. Une farandole de séries main droite, certaines un peu décousues sur un eral prompt à se retourner.

     Vient enfin une série de naturelles de bonne facture, la suivante est brouillonne, le desplante mal venu mais l’envie est présente. Envoyé à terre sans mal, il est temps de conclure par une épée entière, en place, al encuentro provoqué autant par la bête que le garçon, l’animal plein de jus ne s’étant pas fait prier. Oreille, arrastre applaudi.

 

N°5, castaño bociblanco

     Jean-Baptiste Lucq (Adour Afición) très concentré, à peine remis d’une récente cornada, hérite du 5 cornicorto, le plus lourd, de charge courte, à "manier avec précaution". Bien au capote suivi d’un quite de L. Martin. Le bicho est amené au centre avec lenteur. Les séries de la dextre nécessitent des passes à mi-hauteur et concentration. Le bon goût est présent.

     Deux bonnes séries méritantes à senestre où le novillo semble plus abordable précédant une muleta basse en derechazos. Le Colombeau ne l’entend pas ainsi alors que J.B. se replace au près, il s’élève des deux antérieurs et envoie un puissant coup de tête… frayeur dans l’assemblée. Pour conclure, une série de la gauche autoritaire suivie d’un bel engagement se soldant par une demi-lame pasada, descabello. L’eral se relevant par deux fois après une puntilla foireuse prohibant l’oreille. Salut.

 

N°17, melocotón bociblanco, indulté

     Lenny Martin (ET Béziers) profite du 17 bien reçu à la cape.

     Quite de Miguelín. Séries de la droite bien maîtrisées. Une tentative à gauche à oublier, non réitérée, revenant à ce qu’il fait de mieux, main droite et faena prolongée inutilement dans la confusion.

     L’indulto est demandé par certains, Martin jette l’épée et simule la mise à mort.

Le simulacre et le palco arborant un mouchoir blanc à défaut du orange !

     Tout le monde est surpris, et la présidence (?!). On apprend par le speaker que l’éleveur a demandé la grâce du 17, chanceux, qui retournera avec ses congénères en Camargue. Pas de mouchoir orange... non prévu par le règlement en non piquée.

     L. Martin fait la vuelta au son d’un Vino griego à la sauce provençale… et personne ne sachant quels sont les trophées attribués ! On ne le saura qu’au terme de la course : deux oreilles symboliques.

 

N°9, oscuro bocidorado

     Miguelín (ET Arles) endosse son habit de lumières pour la première fois. Nino Julien fait le quite à ce n° 9, playero. Les séries sont brouillonnes et les bousculades nombreuses.

     Le staff est là pour taper aux planches pour distraire l’animal. L’Arlésien parvient à administrer une entière légèrement en arrière sur une charge du bicho et une attitude du garçon, bizarres, l’un partant en travers, l’autre sur les bords du Rhône. Six puntillas… une oreille… Je repense à ma voisine de tendido. Tant mieux pour l’un mais quelle injustice pour les autres !

 

     L'envie et l'engagement des jeunes toreros ont fait plaisir à voir confrontés au bétail  bien présenté et parfois exigeant de C. Colombeau.

Ces jeunes novilleros méritaient une présidence plus responsable et honnête et non pas cette "tartarinade" entre un dragon amphibie et le burlesque de Tartarin où le palco s'est complu, et la sortie des Colombeau doit rester un évènement d’intérêt.

                                                                    Chantal Lafaye

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Voici pourquoi Talavante a quitté l'arène

Publié le par Cositas de toros

                 

             Alejandro Talavante, après la feria du Pilar à Saragosse (octobre 2018) abandonne les arènes, las du boycott acté par son patron dans ce système formé par quatre grandes familles qui se partagent le commerce de la tauromachie. "Victime" de l’homme d’affaires, éleveur et avocat salmantin, Antonio García Jiménez plus connu sous l’apodo Toño Matilla, son représentant. Un homme qui fuit les projecteurs, un Machiavel qui se débrouille mieux dans l’ombre.

     Talavante, après avoir triomphé à la San Isidro 2018, lui a demandé 15 000 euros de plus par course. Être sur la même échelle de salaire que Manzanares, le torero préféré de Matilla. Celui-ci a refusé et décidé de rompre avec le torero. Il rejette les accusations de boycott suite à la rupture et déclare que le chiffre d'affaires du torero d'Estremadure a augmenté de 44% de 2015 à 2017, dernière saison complète où ils ont collaboré.

     Cette demande du torero pourrait plus qu’agacer les grands hommes d’affaires composant le système, faire monter le cachet des toreros qu’ils managent et que d’autres toreros demandent plus d’argent. Sacrilège ! Au final, le système génère des fonctionnaires performants et fructueux.

     Ceux-ci se battent et l’avocat Matilla tire les ficelles pour que le reste de la grande famille des grands hommes d’affaires composant le système ne les embauchent pas. Le pouvoir de Matilla est immense, il possède plusieurs plazas dont Valladolid, Jerez, et Grenade à compter de 2021 et il dit aux autres grands hommes d’affaires qui sont aussi des mandataires, de ne pas engager ces toreros. Son influence, son empire sont grands, il est en "possession" de Manzanares, El Fandi. Il apodérait Padilla jusqu'à son retrait ainsi que Morante rompant leurs relations professionnelles en mai 2021. Matilla est propriétaire également de trois élevages de bravos.*

     Toño Matilla est un leader et il y a aussi, Baillerès-Chopera, Ramón Valencia, Simon Casas. Voilà les grands patrons qui contrôlent l’entreprise "Tauromachie". Ils échangent les toreros comme des cartes à collectionner, ils s’entendent sur les prix et conduisent à l’extinction les "petits" hommes d’affaires indépendants ainsi que les mandataires. Avec un tel pouvoir, le serpent se mordant la queue, les toreros sont obligés de les choisir comme mandataires !

     Seuls, El Juli, José Tomás et Enrique Ponce peuvent sortir du système sans passer par de telles épreuves. S’en est terminé pour Ponce, quant à Tomás, c’est épisodique et fuyant les grandes plazas et ferias importantes, il fait lui aussi parti du passé. Urdiales avant de triompher à Madrid et Bilbao en 2018, avait combattu trois corridas !

     Alors… marche avec nous ou crève. C’est clair. 

N.b. Talavante fera son retour dans le ruedo, celui d'Arles, le 11 septembre pour la goyesque en mano a mano avec Roca Rey, autre torero numero uno, suivant les déclarations de ce dernier. Arles ou la corrida des égos !

 

* Hermanos García Jiménez, Peña de Francia et Olga Jiménez, tous d’origine Juan Pedro Domecq.

Antonio et son frère Jorge ont hérité de leur père Teodoro, grand organisateur des affaires taurines, avocat, décédé en février 2021.

 

                                                           Gilbert Lamarque

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