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QUAND L’HISTOIRE BÉGAYE

Publié le par Cositas de toros

QUAND  L’HISTOIRE BÉGAYE

    La défense des corridas, article rédigé dans Toros-Revue, n° du 27 janvier 1900.

 

    Un projet de loi est déposé le 15 janvier 1900. Ici, projet tendant tout bonnement à supprimer les courses de taureaux dans l’Hexagone ; projet bien « descendu » par le revistero J. d’Estoc avec conviction et une belle pointe d’humour !

Rafraîchissant malgré la date éloignée, la dlc est consommée !

 

    Toros-Revue a paru du 18 avril 1897 jusqu’en 1905. Les bureaux se situaient 6, Place Puy-Paulin à Bordeaux. Hebdomadaire de 8 pages paraissant le jeudi, H. Tarride en était le directeur et Ferdinand Parent "Mosca", le rédacteur en chef. Selon l’excellent critique Marcel Grand "Don Severo", la revue jouissait d’un grand crédit.

 

Paul Bertrand

 

    Sous la Troisième République, Paul Bertrand (1847-1936) était député de la Marne de 1899 à 1910 ; période traitée ici, la IXe législature. Il rédigea un certain nombre de rapports sur des problèmes particuliers. Il prit la parole en séance publique dans des discussions concernant le travail des enfants, des filles mineures et des femmes dans les établissements industriels (1899), les mauvais traitements exercés contre les animaux : course de taureaux, tir aux pigeons… (1900). Plus tard encore, il devint membre de diverses commissions notamment, bien sûr, les cruautés envers les animaux (1909).

 

Voici l’article signé J.d’Estoc :

   « En cet an de grâce 1900, qui clôture si glorieusement un siècle d’universelle liberté, le 15 janvier, a été déposé à la Chambre un projet de loi tendant à supprimer les courses de taureaux en France. Ce n’est pas la première fois que cette étrange proposition est formulée.

    Déjà en 1897, quelques ambitieux avides d’une popularité facile, avaient entonné un hymne pleurard sur leurs mirlitons d’un sou ; ils voyaient l’attention se détourner de leur faiblesse pour aller vers le courage et vers la force ; geignant et trépignant ils demandèrent qu’on chassât Hercule du territoire et qu’on instaurât sur le trône Rosa la Rosse* et le pari mutuel ! Pour le coup, les aficionados se fâchèrent, et bien qu’ils ne fussent alors qu’une poignée, le cri de colère par lequel ils répondirent aux pasquinades* de ces plaisantins falots suffit à mettre ceux-ci en déroute. Malheureusement les aficionados crurent la victoire définitive ; ils consentirent à l’inaction, et les baladins sont revenus enveloppés dans leurs oripeaux comiques qu’ils étalent comme un manteau de pudeur et de vertu.

    Conspués et méprisés par les gens d’esprit, ils se sont réfugiés au second plan, mettant à l’avant-garde de pauvres bonshommes dont ils ont surpris la bonne foi par leurs mensonges éhontés. Car tous les moyens leur sont bons, et leur vertu papelarde ne répugne ni aux mesures iniques ni aux inventions les plus extravagantes.

    Savez-vous ce qu’ils avaient fait croire à Monsieur le Conseiller Dumas, rapporteur de la Commission chargée en 1897 de préparer la révision de la loi de 1850 ? Écoutez ce qu’il dit en son rapport :

    "… Le but non avoué, mais véritable, que poursuivent les amateurs de ces spectacles, c’est de satisfaire leur passion pour le jeu !"

    Voyons, Monsieur, où avez-vous pris cela !

    Et parlez-vous sérieusement ? Vous devez-être un homme intelligent, car un sot ne saurait occuper le poste auquel vous êtes arrivé. Comment avez-vous bien pu, alors, admettre et répéter un propos aussi ridicule et aussi mensonger ? Quand on est chargé d’éclairer la religion d’un gouvernement sur un point quelconque et que l’on accepte cette mission, l’on ne saurait y apporter assez de prudence et d’esprit critique…

    Mais l’esprit critique ne paraît pas être l’apanage de nos adversaires. Voici le projet de loi que M. Bertrand a soumis à l’approbation des Chambres :

    ART. 1er. - Sera puni d’une amende de 5 fr. à 15 fr. et pourra l’être d’un emprisonnement de un à cinq jours, quiconque aura exercé publiquement et abusivement de mauvais traitements envers des animaux domestiques lui appartenant ou appartenant à autrui.

    En cas de récidive dans les conditions prévues par l’article 483 du code pénal, la peine d’emprisonnement sera toujours prononcée.

    ART. 2. - Les courses de taureaux avec mise à mort, et généralement tous combats, jeux ou spectacles dans lesquels des animaux domestiques sont destinés à être tués ou blessés, demeurent interdits sur la voie publique ou dans les locaux ouverts au public.

    Quiconque aura participé comme entrepreneur, organisateur ou auteur, à un des jeux ou spectacles de la nature ci-dessus spécifiée sera puni d’une amende de 100 fr. à 5.000 fr. et d’un emprisonnement de quinze jours à trois mois.

    ART. 3. - Le fait d’annoncer pour un jour déterminé par affiche ou tout autre moyen de publication, un de ces jeux ou spectacles comportera contre les auteurs ou complices de l’annonce, une peine de 50 fr. à 2.000 fr. d’amende.

    ART. 4. - L’article 463 du code pénal est applicable à toutes les infractions prévues par la présente loi.

    ART. 5. - La loi du 2 juillet 1850, relative aux mauvais traitements exercés envers les animaux domestiques est abrogée.

 

    Oh ! Là ! Là ! Quelle cuisine.

    Monsieur Bertrand met tout le monde dans le même poêle et il fait sauter ensemble amis et adversaires.

    Mais, malheureux, ne voyez-vous pas qu’en demandant par l’article 5, l’abrogation de la loi Grammont dont vous limitez l’action aux "combats, jeux ou spectacles où les animaux domestiques sont destinés à être tués ou blessés", vous allez vous aliéner la sympathie de vos amis de la S.P.D.A. que vous privez ainsi d’un de leurs passe-temps favori. Eh ! Quoi ! Ils ne pourront plus faire verbaliser contre un automédon* qui accompagnerait le traditionnel "hue ! Cocotte !" de deux ou trois coups de fouet bien sentis ; et le propriétaire légitime d’un toutou hargneux pourra administrer audit toutou autant de coups de pied qu’il voudra au vu et au su d’un de ces aimables philanthropes… pardon, zoophiles ! Sans que celui-ci ait le droit de protester ? Vous plaisantez, je présume, et vous n’infligerez point un pareil supplice aux membres de la S.P.D.A. On peut en mourir de ces choses là ; et Pasteur, - encore un barbare ! - n’est plus en ce monde pour découvrir le vaccin de cette rage spéciale.

    Vous n’avez certainement pas songé à tout cela, pas plus, je gage, que vous n’avez songé aux conséquences de l’article 2 de votre projet.

    Comment pourriez-vous en effet, concilier cet article avec la tolérance accordée par le gouvernement aux courses de chevaux où l’on voit ces malheureuses bêtes s’écraser à la banquette irlandaise* dans de hideux panaches, et les combats de coqs, et les concours d’oiseaux chanteurs auxquels on crève les yeux afin que leur attention ne soit point distraite, et les chasses de Rambouillet elles-mêmes, tueries décoratives où sur les domaines propres de l’État, des milliers de bêtes sont sacrifiées au plaisir d’un petit nombre.

    Quant à l’article 3, c’est tout simplement une monstruosité juridique. La loi française punit le délit, mais non l’intention ; or, l’annonce d’une course est un fait d’intention, non un délit. Demander qu’on punisse ce fait, c’est aller contre l’esprit même de la loi, c’est faire œuvre de sectaire et rien de plus. J’espère qu’il se trouvera à la Chambre, un député de nos régions, versé dans la connaissance du droit, qui protestera énergiquement contre ce projet bizarre. J’espère qu’il saura repousser victorieusement les attaques saugrenues de quelques adversaires ignorants ; qu’il enseignera à Bertrand que c’est une sottise d’intervertir les rôles tracés par le fabuliste, et qu’il aurait grand tort de se brûler les doigts pour retirer du feu les marrons dont Raton* veut faire son profit… pour varier. »

                                                                                  J. d’Estoc

 

    Et page 5  de cette même revue, ces quelques lignes :

      Grand meeting de protestation.

 

    « Le Comité de défense tauromachique, dans sa séance du lundi 22 janvier, a décidé d’organiser un grand meeting de protestation contre le projet de loi Bertrand. Ce meeting aura lieu dimanche 28 janvier, au cirque Plège, à trois heures de l’après-midi. Divers orateurs prendront la parole. Les membres des corps élus seront invités à y assister. »

 

 

    Comme vous le constatez, l’adresse du cirque n’est pas mentionnée. Mais le Comité a choisi fort judicieusement cet endroit. En effet, c’est à cette époque un endroit très couru.

    Ce cirque, dirigé par Antoine Plège, fut, de l’avis général, le cirque le plus populaire de France durant la deuxième partie du XIXe siècle.

    Antoine Plège fit ériger des constructions en bois, un peu partout sur le territoire. Il s’établit dès 1882 à Roubaix, Amiens, Besançon… Il fit construire à Bordeaux, aux Quinconces, endroit très prisé, en 1893, un cirque en bois de trente mètres de diamètre, avec des écuries pouvant abriter cinquante chevaux. (même type de construction que le cirque de Troyes-photo).

 

 

    À l’aube du XXe siècle, les aficionados réagissaient rapidement et vivement, invités par voie de presse exclusivement.

 

    Voilà que la suppression de ces courses, en vue de donner satisfaction à la sensiblerie affectée et au snobisme de certains cerveaux embrumés du Nord, blesserait profondément une grande partie de nos populations méridionales.

 

… Et l’Histoire toujours recommencée.

 

* Pour éclaircir quelques mots du vocabulaire de notre revistero qui nous démontre que outre l’humour, J. d’Estoc était aussi un fin lettré.

- Rosa la Rosse : clin d’œil à l’une des filles publiques de la nouvelle de Maupassant, La Maison Tellier (1881). Œuvre contemporaine au critique taurin de Toros-Revue.

- Pasquinade, synonyme de pamphlet.

- Automédon : conducteur du char d’Achille lors de la guerre de Troie. Le nom est passé dans le langage courant, c’est un conducteur d’attelage. Sachant que la loi Grammont avait été votée afin de lutter contre la maltraitance des cochers envers les chevaux.

- Banquette irlandaise : c’est un obstacle, un long talus figurant dans les courses de steeple-chase.

- Raton. Fable de La Fontaine, Le Singe et le Chat. Livre IX, fable 17. « Bertrand avec Raton, l’un Singe, et l’autre Chat… ». Le singe Bertrand use de persuasion pour duper le chat Raton ! Bien vu.

 

                                                                                 

Gilbert Lamarque

 

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ANNONCES MONTOISES

Publié le par Cositas de toros

Photo Mathieu Saubion, Vuelta a los toros

Photo Mathieu Saubion, Vuelta a los toros

    Centre d’Art contemporain, jeudi 19h30, après le traditionnel quart d’heure landais et toujours sous la houlette de notre incontournable P.A.B., Mr Charles Dayot ouvrait la réunion de présentation des vœux de la CTEM montoise. Il était, pour la circonstance, accompagné de son président, Christophe Andiné et des deux prestataires que sont J.B. Jalabert et Alain Lartigue.

 

Mr Dayot rappelle le quand, le comment et le pourquoi de la situation (resserrer les liens avec l’afición montoise) et nous précise que quelques annonces nous seront faites ce soir afin de partager la progression du travail de la dite commission.

 

Photo Mathieu Saubion, Vuelta a los toros

 

Christophe Andiné prend ensuite la parole et, après les remerciements habituels, il nous explique leur méthode de travail. Il nous apprend que, pour le bétail, ils recherchent le toro montois. Diantre, fichtre bleu, pour une nouvelle… Le toro montois existerait donc ? En développant un peu, nous nous apercevons qu’il s’agit d’un toro sérieux, harmonieux, de belles hechuras, avec du tamaño et bien dans le type de l’"encaste". En fait ce n’est ni plus ni moins que le toro idéal, quête de tout organisateur.

Vient ensuite le temps des annonces.

On nous rappelle les trois ganaderias annoncées lors de la rencontre du mois de décembre : Alcurrucén (encaste Carlos Nuñez), Celestino Cuadri (encaste propre) et Pedraza de Yeltes (encaste Domecq/Aldeanueva). Une bonne nouvelle, le maintien de la novillada piquée et sa nouvelle programmation au samedi matin 11h.

Les ganaderias pour les autres spectacles sont :

Corrida portugaise : ganaderia de Fano (encaste Murube).

Novillada piquée : Ganaderia de Philippe Cuillé (encaste Domecq/Miranda de Pericalvo).

Et pour terminer, les deux ganaderias restantes sont : Jandilla (encaste Domecq Diez) et Adolfo Martín (encaste Saltillo), affrontée en solo par Sébastien Castella.

 

Photo Mathieu Saubion, Vuelta a los toros

Pour ces deux dernières, il faut avouer que ce n’était pas un scoop, vu que le coin du voile avait été levé depuis pas mal de temps laissant circuler quelques informations.

 

Sur l’annonce de la soirée était écrit : «Annoncer d’autres surprises pour la feria !», elles arrivent…

 

Nous sommes très «surpris» que pour ses trente ans d’alternative, S.A.S Enrique Ponce nous fasse l'honneur de passer par le ruedo montois. Dieu du ciel, comment aurions nous pu faire sans lui !, autre nouvelle, il a accepté de se confronter aux Alcurucén… (Événement, roulement de tambour !).

L’encerrona de Sébastien Castella face aux Adolfo Martín pour ses vingt ans d’alternative était déjà connue.

La vraie surprise de la soirée fut l’annonce du cartel d’ouverture. Après Arles (tiens, tiens) Talavante fera sont retour dans les arènes. Avec Andrés Roca Rey, ils donneront l’alternative au jeune torero prometteur, le tolédan Tomás Rufo, devant les toros de Jandilla. Cartelazo !, qui fera dire à Christophe Andiné lors de cette annonce que : « Tout le monde de la tauromachie aura les yeux fixés sur Mont-de-Marsan » (!!!)

 

Si je résume, nous avons donc un cartelazo pour l’ouverture, un évènement et une encerrona. Cela ne vous fait penser à rien ? Mais bon sang, mais c’est bien sûr !

Vous avez dit amalgame ?

Photo Mathieu Saubion, Vuelta a los toros

 

Pour tout dire, cette programmation a tout de même un peu «de gueule», même si elle reste un peu «bling- bling» et racoleuse, effet d’annonce oblige.

Soudain, il revient à ma mémoire l’impression positive que nous avions l’an passé après la présentation des carteles montois…

 

Alors, patience.

 

Et comme le dit le bon sens paysan : « c’est à la fin du marché que l’on compte les sous »

 

Patrick Soux

 

 

 

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LA COURSE AU BUZZ

Publié le par Cositas de toros

LA COURSE AU BUZZ

    Faudra-t’il qu’un jour, les comités organisateurs de corridas ou novilladas intègrent dans leurs staffs des spécialistes de l’évènementiel tels que scénaristes, publicitaires, diplômés d’école de commerce, chœurs et autres sopranos ?

 

A l’annonce des premiers carteles de 2020, il semblerait que certains organisateurs, à l’instar des réseaux sociaux, fassent la course au « buzz »…

La tendance a été donnée dans une ville du quart Sud-Est de notre hexagone avec une corrida en tenue de soirée et quelques affiches racoleuses. Cette année, sa voisine organise sa feria en annonçant des «corridas évènement» :

     - Un seul contre six toros de ganaderias différentes (à cheval).

    - Un mamo a mano avec le retour d’une vedette face à un jeune du terroir, un valiente. Cette opposition de style peut être intéressante, reste à savoir quelles seront les ganaderias choisies, ou imposées…

    - Une alternative inédite face à des toros de Miura, pour un torero qui sera le premier de l'histoire à  la prendre avec ce fer en France. En Espagne, il faut remonter au 21 Avril 1957 et l'alternative de Fermín Murillo à Saragosse face à "Bonito" colorado ojo de perdiz pour trouver trace de ce défi.

    - Une dernière «corrida évènement» avec cartelazo de lujo, mise en scène, chœurs, soprano, et toros collaborateurs, bref, un spectacle musico-taurin.

Les montages de ces carteles autour de mano a mano ou de solo sensés rendre l’affiche «attractive» ont l’inconvénient de supprimer autant de postes à d’autres toreros qui ne demandent qu’à s’exprimer. Nous n’avons jamais eu autant de toreros français en exercice et, paradoxalement, force est de constater qu’ils sont bien trop souvent absents de ces ferias. Seraient-ils considérés comme insuffisamment taquileros pour ces empresas ?

Certains de ces organisateurs ont en charge de la feria montoise. Si la commission taurine et notamment les représentants des peñas montoises n’arrivent pas à se faire entendre, nous avons quelques motifs d’être raisonnablement inquiets.

Comme le jeune becceriste copie son torero vedette, l’exemple donné par ces grandes empresas, est suivi par les petites. Et l’on voit, dans notre quart Sud-Ouest, certaines arènes de troisième catégorie y aller de leurs cartelazo de lujo, voir même des corridas concours ! Dans le même temps, d’autres restent fidèles à leur éthique et sont à la limite de la rupture financière.

En est-on rendu au stade où il faut faire le « buzz » pour que l’aficionado, pardon, le spectateur vienne poser son séant sur les tendidos ? Je ne veux pas le croire. Il en résulte que, de plus en plus, nous sont proposées deux versions de la tauromachie, (corridas toristas ou toreristas), nous obligeant à effectuer le grand écart ce qui, vous l’avouerez, n’est plus tout à fait de nos âges ! D’un côté, des spectacles artistiques pour vedettes, et de l’autre, des novilladas «terrorifiques» pour des gamins en manque de métier.

La corrida, dans son esprit, est une et indivisible, un toro, un vrai, face à un torero. Le reste n’est qu’interprétation opportuniste.

Comme souvent, la vérité est au milieu.

 

En cette année 2020, 100ème anniversaire de la mort de "Gallito", je ne résiste pas à l’envie de soumettre à votre connaissance et à votre réflexion, l’introduction de l’éditorial de la revue Toros n° 2112 du 17 janvier 2020, sous la plume de Francis Fabre.

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« Le 16 mai 1920, il va donc y avoir cent ans, à Talavera de la Reina, le toro « Bailaor » de la veuve Ortega infligeait, à celui que beaucoup considèrent comme le plus grand torero de l’Histoire, une cornada mortelle. A vingt-cinq ans, José Miguel Isidro del Sagrado Corazón de Jesus Gomez Ortega, "Joselito el Gallo",  "Gallito", entrait dans la légende.

Neuf ans après son alternative, à vingt-cinq ans, il avait déjà toréé 680 corridas !

Et, contrairement à nos figuras actuelles, il se faisait un honneur de combattre les élevages les plus réputés car les plus craints : Miura, Pablo Romero, Veragua…

"Gallito" fut un torero complet, d’un grand répertoire à la cape, dominateur à la muleta grâce à une connaissance incomparable du toro et des terrains. Et c’est à lui que l’on doit cette liaison entre les passes qui allait faire changer le toreo d’ère. »

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L’honneur aurait-il disparu ?

Autres temps, autres mœurs.

 

 

Patrick Soux

 

 

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(S)TOP A LA VACHETTE

Publié le par Cositas de toros

                                  (S)TOP A LA VACHETTE

     C’était le mercredi 18 décembre. Sur son compte Twitter, l’animateur omniprésent Nagui a révélé relancer l’une des émissions les plus cultes de la télévision française, "Intervilles". Le programme censé revenir cette année, sera présenté par Valérie Bègue, Bruno Guillon et Olivier Minne.

Déjà monte en moi la nostalgie des années 60, Guy Lux, Léon Zitrone, Simone Garnier… au bon temps de la RTF, puis de l’ORTF. Guy Lux coprésentait l’émission avec Léon Zitrone, et Simone Garnier et Roger Couderc participaient à l’aventure

 

 

C’était en 1962, la première finale se disputait le 27 septembre entre les Landais de Dax et les Nordistes de Saint-Amand-les-Eaux.

Car voilà, dans un contexte, en France comme à l’étranger où les droits des animaux sont plus que jamais sur le devant de la scène, une question persiste. Fers de lance du jeu télévisé, les célèbres vachettes seront-elles toujours présentes ? Le mystère est entier (ou si peu).

Ô sacrilège ! Imaginez un match de rugby sans le ballon ovale !

Végétarien de longue date, M. Nagui Fam fait planer le doute sur la présence ou non des cornues. C’est insoutenable ! De grâce, de grâce, Monsieur le Producteur… (air bien connu).

La chaîne France 2 déclare : « compte tenu de l’engagement de Nagui pour la cause animale, ce serait surprenant qu’on voie des vachettes », soutient l’une des responsables.

Au mois de juin 2019, il avait partagé une vidéo de l’association L214 montrant des images tournées dans un élevage expérimental…

Il y a quelques temps, nous avions encore sur nos écrans, un moralisateur "à deux balles" en la personne de Patrick Sébastien. Las, aujourd’hui (et depuis déjà fort longtemps) cet autre animateur-bouffon-polichinelle-cabotin-moralisateur-et parfois sermonneur inonde les ondes (devenues maléfiques) de la radio et de la tv.

Les Français (lesquels?) ont mauvais goût car ils l’ont élu animateur préféré dans un sondage paru en décembre.

Ne soyons pas naïfs, le lobby animaliste a encore pesé sur cette "affaire".

Cet animateur  "distingué" – chevalier des Arts et des Lettres, chevalier de l’ordre national du Mérite – (on croit rêver!) fait-il la différence entre un toro bravo et une vachette, la tauromachie espagnole et un simple défoulement ? !

Se souvient-il qu'en 2004, il présentait l'émission avec les vachettes en chair et en cornes, faisant ainsi son retour sur le service public, et que l'année suivante, il récidivait en étant aussi le producteur avec sa société Air Productions ? La preuve que cet individu ne manque pas… d'air !

Les années 60 sont bien loin et je reste orphelin de cette époque, c’était notre enfance et on ne parlait pas d’audimat, non plus. Souvenez-vous, à l’école le stylo bille était interdit !

Dans ces années, il n’y avait que deux chaînes, actuellement des centaines, pas de choix hier, un choix multiple aujourd’hui.

Je parie que cette future triste copie allégée et insipide, fera un flop. La vachette était le sel de ces jeux. Menu allégé aujourd’hui, ni viande, ni sel suivant le bon vouloir d’un moralisateur et de responsables frileux. Le public a changé, nous vivons une autre époque.

Les enfants d’hier ne sont pas ceux nés après 2000, les millenials, ni ceux qui ont 35 ans aujourd’hui, les snoozers, et la vachette est bien loin de leur quotidien. Ce sont nous les enfants des 60s, les boomers nostalgiques. Mais avouons que ceci est bien dérisoire et négligeable.

Une nouvelle émission parisienne et bobo et on zappe les ruraux méprisables et leurs traditions. C’est ici que le bât blesse.

Nous, nous disons "taratata" à ce donneur de leçons et lui conseillons un peu de viande pour enrichir son ordinaire (très) afin de régénérer sa pauvre matière grise altérée, là ou se cachent (espérons-le) ses neurones !

Enfin, chacun étant libre de ses choix, cette polémique n’empêchera pas la terre de tourner (mal).

 

     Mais que vont devenir les canassons du PMU (et les jockeys), ceux du jumping ou de la Garde Républicaine qui évolue en milieu urbain, les chiens d’attelage (et les mushers), les ânes (et leurs loueurs) pour crapahuter sur les traces de Stevenson vers Saint-Jean-du-Gard…

Ce sont les mêmes qui, interdisant aux vachettes de se dégourdir les pattes, applaudissent les éléphants-footballeurs en Thaïlande, photographient au Maroc, les chameaux et la fantasia…

Même la Vache qui rit en pleure de cette stupidité !

 

 

Ah, les bêtes à cornes n'ont plus vraiment la cote !

Enfin, une tempête dans un verre d'eau.

 

« Shananananana... »                                         

                                                                                     

Gilbert Lamarque

 

 

 

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ENTRE MARCEL PAGNOL ET YVAN AUDOUARD, UN GANADERO PROVENÇAL : JEAN-LUC COUTURIER

Publié le par Cositas de toros

ENTRE MARCEL PAGNOL ET YVAN AUDOUARD,  UN GANADERO PROVENÇAL : JEAN-LUC COUTURIER

   Jeudi 14 novembre, Casa de la Peña La Suerte, Le Houga.

Les invités de la soirée, Jean-Luc Couturier accompagné de son épouse Geneviève.

 

    « C’est faire honneur au soleil que de se lever après lui. »

 

Cette citation est d’Yvan Audouard, écrivain, journaliste au Canard Enchaîné durant une trentaine d’années, qui se dit né par inadvertance à Saïgon, d’un père avignonnais (militaire) et d’une mère marseillaise, et qui choisit comme ville natale préférée, Arles ! Ceci ne l’empêchant pas d’avoir chaque été rendez-vous à Fontvielle dans son pigeonnier – qu’il n’a jamais confondu avec le moulin de son illustre voisin Alphonse Daudet – il s’est inventé une Provence plus belle que la vraie. Ses héros sont de boulangers et des taureaux, des santonniers et des bergers…Des boulangers et des taureaux !

 

Ph. G. Lamarque

Tiens, Jean-Luc Couturier ne serait-il pas "inventé" par son voisin de Fontvielle ? Hélas non, la vie ne l’a pas voulu ainsi, Yvan Audouard est décédé en mars 2004.

 

Pagnol, l’autre conteur d’Aubagne jamais très loin aurait pu "pousser" la voix et broder à loisir.

Imaginez : un banc, des platanes, un boulodrome puis, un guéridon, trois pastis, une partie de cartes. Ça, le futur de notre ganadero, NON ! Mais c’est une petite mort !

Et en parlant de mort, nos deux conteurs des garrigues eurent le mauvais goût d’expirer à Paris.

Avouons tout de même, entre un académicien et un journaliste, un boulanger/ganadero, il aurait eu de la gueule, le banc sous les platanes !

 

Comment voulez-vous que je fasse un condensé de la biographie du maître de Coste-Haute ? Pour cela, tournez-vous plutôt vers le livre qu’a commis le natif d’Orange : L’arène du boulanger, ou comment un "petit" boulanger provençal qui, découvrant le bien être animal, devient éleveur de braves ! Toute l’éloquence méridionale transpire entre les lignes.

 

Abordant la temporada 2019, nous soulignerons les faits marquants des deux fers.

 

    Concha y Sierra, encaste pure vazqueña, achat en novembre 2012.

- Le 23 avril, Saragosse, corrida concours de la San Jorge. "Bandolero"n°3, 538kg, né en mars 2014, negro bragado, harmonieux de ligne et astifino, s’élance trois fois au cheval, sortant seul des deux premières et courtes rations mais s’employant plus fortement sous la dernière. En bon professionnel, Domingo López Chaves embarque très vite le bicho aux medios – son terrain de prédilection – lui donne la distance et profite de ses bonnes embestidas sur la droite. La faena culmine dans une série de trois derechazos, donnée compas ouvert, et qui porte sur les tendidos. Une lame tombée. Oreille, l’unique de la tarde et palmas à l’arrastre.

- 1er juin, Alès pour un défi ganadero avec Marqués de Albaserrada. Les Concha y Sierra d’un poids moyen de 507kg. Le 3 avec des armures astifinas et particulièrement ouvertes.

- 30 juin, Boujan, non piquée. « 4 erales de Concha y Sierra joliment présentés, plus sérieux les deux derniers, aux robes variées dans le type de l’encaste, intéressants et qui permettaient des trasteos mieux composés » Thierry Rippol sur Toreria.net… dans des conditions caniculaires.

« Supérieur le bon 1er » Semana Grande, « le brave "Gitano"n°25 toréé par le protégé de Victor Mendes, Sergio Nunes. »

- 24 août à Maranchón (Guadalajara). "Mañico"n°9 honoré d’un tour de piste pour le rejoneador José Miguel Callejón (oreille) lors d’une corrida mixte.

- 05 octobre à Villarejo de Salvanés (banlieue sud de Madrid). Concours de recortadores où s’illustra "Limonsito" qui mit à l’honneur la caste vazqueña. Sergio Redondo, le vainqueur du concours, évoque le comportement qu’eut "Limonsito" : « Tous les aficionados présents se souviendront de "Limonsito" non seulement pour sa beauté, mais aussi pour le trapío qu’il arborait. Il était digne d’une arène de première catégorie. Son comportement a été extraordinaire. En plus de mettre la tête, il fut très prompt et il transmit énormément lors de chacune de ses charges. »

- 12 octobre, Bouillargues, non piquée concours. "Pavito"n°35, castaño salpicado, choisi pour représenter l’élevage, a remporté le prix décerné au meilleur eral. Sa caste, la profondeur de ses charges et sa sauvagerie ont séduit le public. Ce trophée récompensait aussi la qualité de la lignée. Il était l’héritier d’une des plus importantes familles de l’élevage. Parmi ses antécédents, plusieurs ont marqué l’Histoire de la tauromachie.

Le premier, "lidié" en 1917 à Valencia, permit à Rafael "El Gallo" de réaliser probablement la faena la plus importante de sa carrière. Plus récemment, en 2009, un autre "Pavito"n°19, reçut le prix décerné au meilleur novillo de la prestigieuse feria des novilladas de Calasparra (Murcie).

Patrick Soux (Cositas-de-toros) : «  Avec "Pavito" bien présenté et difficile à fixer, Christian Parejo a montré ses limites. Tant au capote où la seule chose à noter est un bon quite de Tristan por chicuelinas, qu’à la muleta où il a été débordé d’entrée par la caste du Concha y Sierra. En fin de faena exclusivement droitière, il arriva à tirer quelques muletazos et conclua d’une demi-lame trasera. Petite pétition, petite oreille. »

 

Comme nous le constatons, les Concha y Sierra sortent tête haute de tous les types de spectacles.

 

     Curé de Valverde, encaste Conde de la Corte, achat en février 2012.

- Unique corrida, le 15 juin à Istres après le succès obtenu en 2018. Le 4ème n°13, "Cubetisto", 535kg, avait été honoré d’une vuelta posthume surtout pour son comportement au cheval.

Dans Toros, Christian Derbuel écrit : « J.L Couturier s’est sans doute réjoui de la vuelta de son mayoral en compagnie de Javier Cortés. Des Curés admirablement armés mais restés toutefois en deçà de leurs mythiques ascendants alésiens, ceux qui firent entrer en afición, l’éleveur des Alpilles. » 

Christian Sieuzac rajoute : « Présentation digne des grandes arènes, de trapío homogène, aux cornes parfaitement symétriques et aux pointes astifinas. »

Mais corrida trop attendue et déception à l’arrivée d’autant que le mano a mano Octavio Chacón / Javier Cortés ne se hissa guère vers les sommets.

 

Sachez que l’Association El Toro de Madrid qui dévoile sa liste noire des ganaderia pour la temporada 2020, a émis le souhait de voir outre Torrestrella, Cebada Gago ou Palha… les vazqueñas de Concha y Sierra. Dans la liste de ceux qui ne sont pas venus depuis longtemps ou jamais, Valverde et Hubert Yonnet.

Mais cela est parfois un cadeau empoisonné, car il est souvent difficile de présenter une corrida complète à Las Ventas – combien de sujets envoyés et combien de renvoyés ? − et tout ceci au détriment d’éventuelles autres plazas plus modestes où les éleveurs ont moins de contrainte. Empoisonné aussi si le résultat est médiocre.

 

Pour la temporada 2020, l’éleveur des Alpilles a plus de disponibilités avec le fer de Concha y Sierra, plusieurs corridas dont une de 5 ans, une novillada. Avec Valverde, le choix est plus limité mais nous avons appris par la suite qu’un toro de ce fer est retenu pour la corrida concours de Vic ainsi qu’un autre, le 12 avril pour la corrida concours d’Aignan… et encore un à Alès pour le défi ganadero (6 élevages).

 

Pour ces devises de légende, la sélection reste impitoyable, noblesse de Valverde, bravoure de Concha y Sierra. Faisons confiance au nouveau curé de Coste-Haute, au précieux généticien Julien Aubert, au mayoral Jean-Pierre Odet et à toute l’équipe.

 

Miguel Darrieumerlou, Jean-Luc Couturier et Michel Manciet. Ph. Midola

 

Soirée très conviviale, animée et repas à la hauteur de la performance des invités.

Merci à Geneviève et à Jean-Luc.

Il se dit que l’ex-boulanger pourrait repasser en terres gasconnes car le temps dans le Sud-Ouest passant trop rapidement ne lui permit pas de "s’exprimer suffisamment"… et le second film sur la ganaderia, plus long que le premier projeté, ne put sortir de sa boîte. Que de frustrations !

 

Terminons cet article comme nous l’avions commencé par une citation, et après Yvan Audouard, celle de Marcel Pagnol, citation choisie par Jean-Luc Couturier, clôturant son livre. « Le temps passe et il fait tourner la roue de la vie comme l’eau celle des moulins. » 

 

 Y. Audouard, M. Pagnol, J.L Couturier… trio d’enfer. Dommage pour le nouveau curé !

 

 

 

 

 

                                                                                  Gilbert Lamarque

 

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