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LA VALSE DES ANNONCES

Publié le par Cositas de toros

    

    Le 14 juillet 1914, à l’approche de la deuxième guerre mondiale, inquiet du manque de préparation de l’armée française, Clémenceau avait dit : « Nous ne sommes ni défendus ni gouvernés ». Et bien, malheureusement, un siècle plus tard, cette phrase est toujours d’actualité.

En cette période de pandémie où le confinement nous est imposé par des personnes un tantinet dépassées par l’évènement, je pense qu’il est temps d’intégrer le fait que le regroupement de plusieurs milliers de personnes ne sera raisonnablement possible ni demain, ni même après-demain. Alors que les discours sur les modalités du déconfinement ne sont qu’atermoiements, incertitudes et contradictions, il ne reste plus à espérer qu’il y ait au moins un pilote dans l’avion !

Pendant ce temps, il ne se passe pas un jour sans qu’une publication n’annonce de nouvelles annulations de spectacles taurins voir même de ferias, Saint-Vincent-de-Tyrosse, la Sen Bertomiu de Parentis-en-Born chère aux aficionados a los toros du Sud-Ouest, Villeneuve-de-Marsan. Suite aux dernières directives gouvernementales annoncées le 28/04, (un peu plus précises mais toujours aussi floues) n’autorisant pas les regroupements de plus de 5000 personnes avant la fin août, Mont-de-Marsan et Dax n’ont pas tardé pour annoncer également l’annulation de leurs ferias.

Quid de celles qui suivent ?

 

Dans le cadre de cette pandémie planétaire, apparaissent trois profils d’organisateurs.

Les plus responsables, à mes yeux, qui, prenant la mesure de la situation et ne voulant pas engager la santé de leurs festayres, annulent purement et simplement. Hommage leur en soit rendu.

Les plus sages. Avec des programmations plus tardives dans le calendrier taurin, ils ne disent rien attendant de voir l’évolution de la situation. Souvent critiqués pour leur silence, ne sont-ils pas les plus raisonnables ? A quoi sert de parler quand on ne sait pas ?, à ne rien dire ? Ils n’en seront que plus écoutés lorsqu’ils parleront.

Pour finir il y a ceux qui, de date en date, déplacent leurs festivités en espérant que…, peut être que…, on ne sait jamais…, prenons une date avant qu’un autre ne nous la prenne… Cette réflexion serait-elle menée dans un souci de sauvegarde de la santé publique, ou du maintient du tissu économique?

 

Certes les toros nous manquent, mais la sécurité sanitaire doit prévaloir. La grande majorité du public aficionado, dont je suis, est d’une génération où le culte de la frustration a fait partie intégrante de son éducation. Ce n’en n’est qu’une de plus, et normalement, nous devrions y survivre.

Pour garder une attitude positive et responsable, ne pourrions nous pas réserver une partie des économies faites au cours de cette temporada, (je parle bien sûr de tous ceux qui passent à la taquilla toutes les fins de semaines), à aider les ganaderos locaux qui eux, ne sont pas seulement privés de leur passion, mais de leur gagne pain…

 

En tout état de cause, il nous faudra de la patience avant de reposer notre séant sur les tendidos, aussi, et comme nous sommes en guerre, armons-nous de cette vertu légendaire.

 

Pour terminer sur une note un peu plus gaie et nous remettre dans « l’esprit taurin », je ne résiste pas à partager avec vous une planche de dessins qu’un ami aficionado m’a adressée il y a quelques jours.

 

 

Ooooooooooooolé.

Vivement que l’on y retourne…

 

É si l’anade prochaine n’ems pas mey, que ne sins pas mens.

 

Patrick Soux

 


 

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LE CHEVAL DE CORRIDA - 10

Publié le par Cositas de toros

                              TEMPS PESANT ET FUTUR LOINTAIN

 

     Se projeter dans le futur aussi bien proche que lointain est devenu pour la plupart, difficile. Cette maudite anxiété, cette actualité plombante modifient la perception du temps et tout le monde ne dispose pas d’un moral d’acier.

Il devient difficile pour certains de distinguer un mardi d’un jeudi, le temps leur semble étrange. Chez les uns, il s’étire, chez les autres, il passe plus vite.

 

L'ennui

   

     Quand tout va trop vite, le temps permet une pause à beaucoup de gens inquiets, sous pression. C’est une rupture radicale avec le quotidien. Et après la stupeur, c’est la peur pour certains d’être confrontés à l’ennui. Le temps sera long, il se traduit en intervalles vides, flippants pour les uns. Pour les uns et les autres, le temps est horriblement lent, et alors que faire ?

 

L'ennui définitif

 

     Aujourd’hui, on ne le remplira pas, on l’organisera avec des rendez-vous avec… soi-même. Et plutôt que boire son café d’après déjeuner au lance-pierre, dégustons-le en une demi heure. Mais c’est vrai, il sera froid. Et alors ? Cela vous fera peut-être réagir et passer à une source potentielle d’activité.

Essayons, et si nous n’y arrivons pas, remettons tout cela à demain.

Nous avons le temps ! 

 

 

 

     Pour ne pas rester face à vous même, moment désagréable, lisez donc Un roi sans divertissement de Jean Giono - le livre de Pierre Sansot sur la lenteur, exposé dans ces colonnes il y a peu, a trouvé quelques échos chez certains d'entre vous.

Cela fera 50 ans cette année que Giono est mort. En hommage à l'écrivain et à son oeuvre, procurez-vous ce roman "labyrinthique" !

Hiver 1843. Dans un petit village du Trièves que la neige a coupé du monde, une jeune femme disparaît. On a beau fouiller les environs dès le dégel, son corps reste introuvable. L'année suivante, alors qu'un épais manteau blanc recouvre à nouveau le village, un deuxième habitant est "rayé de la surface du globe", bientôt suivi par deux autres. Qui fait disparaître ces villageois et pourquoi ? C'est ce que se demande le capitaine de gendarmerie Langlois, appelé en renfort...

Jean Giono a qualifié de "plus grande malédiction de l'univers" l'ennui, face à face impitoyable avec soi-même. Une grande lumière tempère cependant la noirceur de ce texte : ce sont les liens d'amitié, d'empathie qui unissent les personnages. Humanité consolatrice que celle de ces "amateurs d'âmes" qui ne sont pas nés de la dernière pluie, savent aimer, compatir et aussi lire, comme le lecteur, entre les lignes.

 

 

L'Obs, page 45, illustration de Pep Montserrat

     Oui, le Covid-19 occupe le centre du ruedo. Le toro battu, oui, blessé (hélas), à mort, non, espérons-le.

    

L’Obs/N°2893-16/04/2020, page 47 :

Alors que son pays est l’un des plus touchés par le Covid-19, le grand écrivain Javier Marías, confiné en Espagne, répond à "L’Obs".

     « … Nos politiciens, qu’importe leur parti, sont médiocres et irresponsables, mais, sur ce point, j’ai bien peur que les citoyens de n’importe quel pays ne puissent dire la même chose de leur dirigeant, à de rares exceptions près. Si nous regardons Trump, Boris Johnson, Erdogan, Orbán, Duterte, Kaczynski, Maduro, Daniel Ortega au Nicaragua… Il y a de quoi se mettre à trembler. Et le pire c’est qu’à peu près tous ont été nommés ou élus, y compris Poutine, Dieu du Ciel ! Y compris Bolsonaro, re-Dieu du Ciel ! Je me dis parfois que de nos jours trop de gens sont devenus idiots. Ça oui, c’est une pandémie sans espoir de guérison... »

 

 

     Le "dossier" sur le cheval de corrida est arrivé à son terme, aussi en ai-je fini de mes élucubrations que je vous inflige depuis le 28 mars. Si cela en a agacé quelques uns parmi vous, ce dont le plumitif frustré que je suis ne doute pas, c’est fâcheux.

Merci de votre fidélité et souhaitons la bienvenue aux nouveaux abonnés. La famille s’agrandit… par ces régimes de confinement, est-ce raisonnable ?

 

Portez vous bien, chères et chers cloîtré(e)s.

 

Post tenebras lux

                           Après les ténèbres, la lumière.

 

 

"En mai fait ce qu'il te plaît"... tu parles !

      

     

 

 

 

               

                             LE CHEVAL DE CORRIDA

 

10e partie : le pruneau sur la tourtière.

 

    

    Pour être plus exhaustif, terminons par un livre que je vous invite à engloutir vivement pour enfin, boucler la boucle. D’un cheval l’autre est le premier récit de Bartabas, l’écuyer d’exception, metteur en scène, créateur de l’Académie du spectacle équestre de Versailles. Il retrace ici, son autoportrait à travers l’histoire des chevaux qui ont marqué sa vie. À 62 ans, le fondateur du Théâtre Zingaro raconte tous les chevaux qui l’ont accompagné. C’est un autoportrait mais indirect, un miroir où se réverbèrent les dizaines de chevaux qui ont été les siens depuis l’âge de 17 ans. Son premier s’appelait Hidalgo, puis suivirent Zingaro, Chapparo, Micha Figa, Quixote, Lautrec, Horizonte, Vinaigre, Van Gogh, Le Caravage… jusqu’à Tsar. Il nous raconte avec énergie mais aussi mélancolie, les passions qui ont rythmé sa vie. Il prépare sa dernière apparition sur scène. « Je ne vais pas continuer pour continuer, comme les vieux chanteurs. Place aux jeunes. »

 

Clément Marty, alias Bartabas

     Dans ce livre passionnant et émouvant, Bartabas fait de nombreuses références au monde taurin et à la tauromachie, use de termes taurins, du vocabulaire, cite Rafael de Paula, Christophe Yonnet décédé en juin 1996 qui, en pleine déroute lui avait cédé Dolaci « avant de s’évader de la vie. », traverse la planète, des arènes de Nîmes et Madrid, à Tokyo et New York.

Bartabas était signataire de la tribune pro corrida publiée le 17 octobre 2019, opposée à l’interdiction de la corrida aux mineurs.

Il offre à ses compagnons de route leur plus beau tour de piste. L’homme qui murmure à l’oreille des chevaux rend hommage aux destriers de sa vie.

Dans ce qu’il nomme « la caravane de mes nuits », il énumère chaque cheval qui a partagé son existence. Et dans cette liste incroyable, nous trouvons Antoñete, Arruza, Belmonte, Bombita, Cagancho, Chamaco, Chicuelo, Conchita Cintrón, Dominguín, El Cordobès, El Gallo, El Soro, El Viti, Espartaco, Frascuelo, Joselito, Manolete, Manzanares, Nimeño, Paquirri !

« Cheval taureau face au belluaire, dominant dominé, de ma frustration de n’avoir pu être matador, je me suis fait matamore, et le minotaure mangeur d’hommes n’était peut-être qu’un gamin farceur aux sabots ailés. »

Bartabas, « ce Bonaparte des arts éphémères, est surtout un autodidacte qui marche à l’instinct. » (Grégoire Leménager, L’Obs du 06/02/2020).

arts éphémères, tout comme l’art tauromachique.

 

« Les chevaux sont les maîtres à qui je soumets mon destin. » Bartabas.

 

                                                                 

FIN

                                                                              

Gilbert Lamarque

 

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LE CHEVAL DE CORRIDA - 9

Publié le par Cositas de toros

                                                          SOLITUDE

 

« Malheur à l’homme seul ! Car, lorsqu’il sera tombé, il n’aura personne pour le relever. » La Bible.

 

     « Je l’ai trouvée devant ma porte

     Un soir, que je rentrais chez moi

     Partout, elle me fait escorte

     Elle est revenue, elle est là

     …

     La solitude, la solitude. » Barbara, La Solitude, 1965.

 

 

     Lieu désert, vie isolée, état d’abandon-absence-manque, solitude venant du latin solitudo.

 

À en croire son étymologie, la solitude n’aurait rien de réjouissant. Autrefois, elle était recherchée, on y voyait le moyen d’approfondir sa connaissance de soi et de cultiver son jardin intérieur, notion chère à Voltaire « Il faut cultiver son jardin. », Candide ou l’optimiste. C’est sa conception, il faut commencer à rechercher son propre bonheur, ou plutôt sa propre philosophie et grandir intérieurement, vaste programme. Pirouette de la part de Voltaire, un pied de nez à l’idéalisme ?

La solitude est toujours bafouée, par le bruit, la promiscuité.

Mais le plus terrible, c’est l’isolement. L’isolement, c’est une séquestration, une petite mort. L’isolement n’est pas souvent volontaire, il est vécu comme une déshumanisation.

Confinés, isolés pour les uns, pas forcément pour les autres, mais il est difficile d’échapper à soi-même.

Combien au bout de cette pandémie ayant appris à se connaître, vont se détester ? Et s’ils ont appris à se connaître, ne serait-ce qu’un peu, ils auront franchi une étape.

Pour sortir de notre boîte pour les moins altérés, pour s’évader de leur bagne, de leur cachot pour les plus meurtris, il nous reste encore, par exemple, à lire Les Contemplations ! Hugo nous en sera reconnaissant.

 

 

     Il n’a pas écrit ces 158 poèmes en vain. Se plongeant dans les prédictions de l’apothicaire Nostradamus, il y avait relevé l’année 2020 et son grand fléau, le Covid-19 !

 

 

     Pour nous être agréable, il nous a donc offert ce recueil en partie autobiographique, recueil de l’amour, de la joie mais aussi de la mort, du deuil ; vous choisirez selon votre humeur, votre amertume du jour, de la météo ou de vos émotions, c’est selon.

 

Prenez « Melancholia », poème paru en 1856.

     « Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?

     Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?

     Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules ?

     Ils s’en vont travailler quinze heures sous les meules ;

     Ils vont, de l’aube au soir… »

Arrêtons ici, ne donnons pas de mauvaises idées à nos gouvernants et au MEDEF !

 

     Évadons nous aujourd’hui plus qu’hier et beaucoup moins que demain.

 

 

                LE CHEVAL DE CORRIDA

 

9e partie : le cheval de corrida dans l’art. Chapitre III. Picasso. Conclusion.

 

    

     Pablo Picasso a su représenter dans l’art tauromachique, le couple de l’homme à la lance et de la maigre rosse. À ce titre, l’affiche exposant les coupelles tauromachiques conservées au musée de Céret est parfaitement éclairante : seules six des vingt-huit céramiques de la collection ne se réfèrent pas au thème de l’intervention du cheval dépourvu de caparaçon.

 

La série date pourtant de 1953, et l’on sait que le gouvernement de Primo de Rivera avait imposé le peto en 1928. En fait, les artistes semblent jeter un voile sur l’armure protectrice qu’ils tiennent peut-être pour une insulte à la fiesta. C’est le cas de Picasso, de Braque et bien d’autres. L’exception vient de Botero, mais il faut admettre que le peintre colombien trouve en la circonstance, l’occasion rêvée d’ajouter un peu plus d’embonpoint à son habituel système stylistique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fernando Botero

 

     Picasso consacra de nombreux tableaux, huiles sur toile, sur bois, mines de plomb, plume et encre noire au cheval : Picador et cheval mort, 1899 ; Scène de corrida, les victimes de la fiesta, 1901, dominée au premier plan par les dépouilles de deux chevaux de piques, l’un blanc, la tête levée vers le ciel, qui figurera dans le répertoire picassien jusqu’à Guernica (ces deux tableaux non représentés ici) ; puis les mines de plomb de 1921, Taureau et cheval blessé  ainsi que Cheval blessé, 1923. 

 

Taureau et cheval blessé, 1921. Musée national Picasso, Paris

 

Cheval blessé, 1923

 

     Enfin, Guernica, 1937 avec la présence d’un taureau de combat et d’un cheval de pique gisant. L’Américain J. Seckler croit que d’après le témoignage de Picasso, le taureau représente la force brutale et le cheval, le peuple. Ici, le cheval ne meurt pas de la corne mais d’un coup de lance.

 

   

     Tout a été dit sur Guernica, le plus grand exemple de l’art issu de la Guerre d’Espagne, et cette œuvre comporte parmi ses personnages ceux de la fiesta a los toros, personnages principaux martelant ainsi les paroles d’Hemingway : « La fête des taureaux est une tragédie. » Œuvre immense aussi par ses dimensions : 350×780.

 

Etude pour Guernica

 

     

       

       Conclusion.

 

     On ne rencontre pas, non plus, d’œuvres consacrées au cheval de corrida chez Vázquez Díaz, Barceló, Picabia, Buffet, Raoul Dufy, Bacon, Joaquín Sorolla. Cette énumération n’est pas exhaustive. Les œuvres présentées tout au long de ce dossier ne sont qu’une infime partie de la somme existante et les choix sont faits dans la mesure de la facilité de les reproduire.

L’œuvre de Goya et de Picasso continue d’attirer les artistes de tout horizon, de toute condition, disposés à fixer l’art éphémère du monde des taureaux, laissant une place modeste au cheval.

Sachez que le cheval est, dans l’art, l’animal le plus représenté et ce, depuis la Préhistoire.

 

 

… à suivre

                                                                                   Gilbert Lamarque

 

 

 

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LE CHEVAL DE CORRIDA - 8

Publié le par Cositas de toros

    

    L’animal à l’origine du Covid-19 ainsi que la patient 0, ne sont toujours pas officiellement confirmés. Cependant, les conclusions des scientifiques de tous bords sont unanimes sur une transmission de l’animal à l’homme.

Le commerce illégal de la faune est considéré comme un facteur aggravant car les contacts entre l’animal et l’humain sont, par définition, faits sans contrôle vétérinaire. Lorsqu’on pratique un trafic et un recel illégal d’animaux, lorsqu’on pratique la chasse sans contrôle, lorsqu’on détruit les écosystèmes et pénètre dans des endroits infestés, on prend des risques. Comment s’est transmis Ebola en Afrique Centrale et en Afrique de l’Ouest ?, à travers la chasse illégale. En d’autres termes, les animaux qui nous ont infectés ne sont pas venus chez nous, nous sommes allés les chercher !

D’après un certain nombre de chercheurs, c’est en fait la destruction de la biodiversité par l’humanité qui crée les conditions d’apparition de nouveaux virus (Ebola, VIH et la dengue).

Donc avant de soigner l’humain, soignons la planète.

Et plutôt que d’écouter les politiques et leur système déplorable, espérons qu’à l’avenir, nous écouterons enfin, sur tous les sujets importants, comme le climat, par exemple, la voix des scientifiques.

 

L'animal est un homme comme les autres

     L’animal aujourd’hui se venge. L’humain confiné, l’animal, lui, profite et prend un grand bol d’air. Il retrouve ses territoires actuellement abandonnés par nous, pauvres cloîtrés. Le voici reconquérant de nouveaux territoires, de nouveaux espaces. Mais sait-il que ses jours sont comptés et qu’au bout du confinement, il lui faudra fuir et regagner ses contrées restreintes.

Chers animaux de tous poils, de toutes plumes, de toutes écailles, profitez mais, profitez vite et goulûment, le retour de l’égoïste est programmé pour une date non communiquée.

 

« L’homme est le seul animal qui rougisse ; c’est d’ailleurs le seul animal qui ait à rougir de quelque chose. » George Bernard Shaw.

 

 

                       LE CHEVAL DE CORRIDA

 

8e partie : le cheval de corrida dans l’art. Chapitre II. Les artistes les plus représentatifs.

 

     Eugenio Luces Velazquez (Madrid 1817-1870) – et non Diego – est l’auteur d’une grande production picturale dont la moitié se rapporte à la tauromachie. Mais dans son œuvre taurine, la partie la plus importante concerne la fête a los toros et los majos ( les beaux et forts garçons du peuple) et les capeas de village.

 

 

     Peu de chevaux en sont les objets si ce n’est La Plaza partida de 1853, son œuvre clé, où se déroulent diverses scènes simultanées de la lidia et surtout le descriptif des chevaux étripés, disséminés dans l’arène, morts ou agonisants.

Manuel de la Cruz, Torero avec cheval et longue pique, 1777. Dessin à la plume, pinceau et aquarelle. Musée municipal de Madrid.

Le Picador, (portrait) vers 1786 de Francisco de Goya, petit format d’une grande beauté où se révèle une certaine volonté de grandeur, de style très "velazquien".

 

Tauromaquia 11. El Cid Campeador

 

Tauromaquia 34. Un seigneur espagnol brise une lance

 

 

      Goya très prolifique en matière taurine n’a pas consacré d’œuvres mettant en scène directement le cheval. Dans La Tauromachique (1816) riche de 33 eaux-fortes plus 7 complémentaires, il montrait les exploits des toreros les plus célèbres de son temps : Pedro Romero, Ceballos, Martincho et Pepe Hillo. Il prenait aussi son inspiration dans les suertes les plus captivantes.

 

Eugène Delacroix, Le Picador, 26 mai 1832

    Eugène Delacroix peint une aquarelle de petit format, Le Picador, 26 mai 1832. Cabinet des dessins du Musée du Louvre, représentant quasiment  la totalité de ses compositions taurines avec quelques autres croquis. Il fit un bref voyage en Andalousie et pour Alvaro Martínez-Novillo, « Il est étonnant que Delacroix n’ait jamais peint la violence de la corrida ». 

 

   

      Gustave Doré (1832-1883) a illustré un voyage en Espagne effectué en 1861 et 1862 avec le baron J.-C. Davillier. Le récit en sera publié dans la revue Le Tour du monde, avec des gravures, véritables documents sur la vie quotidienne dans ce pays, ainsi que les corridas.

 

Edouard Manet, Corrida, 1865. Getty Museum

     Au Getty Museum, on peut admirer, Corrida, 1865 d’ Édouard Manet

 

 

J.L. Gérôme, La fin de la corrida, 1870. Musée G.- Garret, Vesoul

 

     et au Musée Georges-Garret de Vesoul (ville natale de l’artiste), La fin de la corrida réalisée par Jean-Léon Gérôme en 1870.

 

Mario de Regoyos, hostile à la corrida avec son célèbre Toros en Pasajes, 1898, a choisi de montrer les conséquences les plus funestes pour le cheval. Il montre une vision sombre qui correspondait au titre de l’ouvrage, dans lequel il relatait son voyage dans l’Espagne du Nord (Pampelune) : España negra. (pas de reproduction possible).

 

 

Henri-Achille Zo, Scène de tauromachie

     Henri-Achille Zo (1873-1933), peintre et illustrateur bayonnais signait souvent ses tableaux sous le nom d'Henri Zo. Il est l'auteur de nombreuses scènes d'Espagne et de tauromachie.

 

Ignacio Zuloaga, La victime de la fiesta, 1919. Hispanic Society, New York

Ignacio Zuloaga, La victime de la fiesta, 1910. Hispanic Society, New York. Le peintre basque né à Eibar en 1870 a créé cette huile sur toile gigantesque, 284×334. Le tableau nous montre un picador ahuri, l’arrière taché de sang de son cheval blanc et le ciel gris et noir habituel. Tout ceci nous invite à un après-midi de corrida qui a été une « tragédie » pour l’homme et l’animal. L’équidé s’est sauvé jusqu’à la prochaine tarde ! La peinture taurine de Zuloaga représente le cinquième de son œuvre mais principalement des portraits et, rares sont les scènes de corridas proprement dites.

Le populaire Joaquín Sorolla (1863-1923) n’est l’auteur que de peu de sujets taurins, pas de cheval. Mariano Fortuny (1838-1874), le catalan admirateur de Goya qui a passé la majeure partie de son existence à Rome ainsi que Pharamond Blanchard, prolifique créateur de lithographies et d’estampes n’ont pas consacré d’œuvres au cheval.

Les peintres et célèbres affichistes

 

Roberto Domingo

 

Roberto Domingo (1883-1956)

 

Carlos Ruano Llopis

 

     et Carlos Ruano Llopis, ce dernier collaborateur artistique de plusieurs revues taurines qu’il illustrait comme El Pueblo, El Clarín, El Ruedo… Également Antonio Casero, Andres Martínez de Leon et Santos Saavedra, tous occultant le cheval.

 

Mariano Benluire, Una buena vara, bronze

     Le fécond sculpteur taurin Mariano Benlluire (1862-1947) auteur du bronze Una buena vara, pleine de force et de mouvement. Le cheval chargé par le taureau renverse sa tête pour essayer de mordre son assaillant.

 

 

Yves Brayer, Scène de corrida, Madrid, 1929

 

     Yves Brayer, né à Versailles en 1907, mort à Paris en 1990, Scène de corrida, Madrid 1929. Au pied du tendido 6… un cheval mort abandonné, la corrida suit son déroulement. A cette époque, il est certain que la foule aurait hurlé à la moindre cornada du matador, et probablement frémit devant la lente agonie d’un taureau mal estoqué, sans se soucier du cheval éventré à quelques mètres de là. Notons que ce cheval est sans protection. C'est par décret du 7 février 1928 que Miguel Primo de Rivera imposa le peto en Espagne. Brayer continuera à reproduire des chevaux sans caparaçon par la suite, bien après cette date. Ce cheval solitaire, mort, tripes au soleil, saignant sur le sable de l’arène ; au-dessus de lui, le public, ombrelles et chapeaux de paille, hommes et femmes certainement aux visages extasiés : la rosse morte dans l’indifférence.

Cet artiste, ancien cavalier, grand amoureux des chevaux, chevaux de course, chevaux de corrida, chevaux de Camargue nous le témoigne dans cette peinture tragique et émouvante.

 

… à suivre

                                                                           

                   Gilbert Lamarque

 

 

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LE CHEVAL DE CORRIDA - 7

Publié le par Cositas de toros

      La propagation du virus a été facilitée par l’intensité de nos échanges modernes née de la « mondialisation libérale ». Mais la mondialisation a bon dos, un seul malade suffit à contaminer un pays, un continent à la vitesse de la lumière. Et par le passé, en absence de « mondialisation », les virus se propageaient aussi, avec des pertes humaines très supérieures ; la Grande Peste ou Peste Noire qui tua 30 à 50 % des Européens en cinq ans (1347-1352), environ 25 millions de victimes, une bagatelle ; autre futilité, la Grippe Espagnole en 1918 qui, venant des États-Unis prit le qualificatif d’« espagnole », logique – ces Ricains qui n’assument pas – , emporta 20 à 50 millions d’humains, large fourchette.

 

 

     Tous ces disparus par la faute de gouvernements irresponsables qui n’avaient pas anticipé les stocks ni de gants, ni de masques, ni de tests, ni de solutions hydroalcooliques !

 

"N'oublions pas que le nombre de morts à ce jour, dûs au Covid-19 pour la totalité de la planète, est égal au nombre de morts fait, en 2 jours, par la faim et la pollution en temps normal..." Aurélien Barrau, astrophysicien.

Alors de quoi nous plaignons-nous ?

 

Mais avant l’Apocalypse, nous vous proposons la fameuse fable du non moins fameux Jean de La Fontaine, Les animaux malades de la peste que vous retrouverez à la fin de ce premier chapitre consacré au cheval de corrida dans l’art.

 

 

                         LE CHEVAL DE CORRIDA

 

7e partie : le cheval de corrida dans l’art. Chapitre 1 : généralités.

 

     Il n’est pas surprenant que l’introduction du caparaçon ait été suivie de près par le retour de la corrida de rejón dans les arènes espagnoles comme s’il s’agissait de redonner un rôle essentiel au cheval et de combler l’absence relative de mouvement dans la corrida à pied. Les peintres pourtant n’en voulurent rien savoir, et ils s’obstinèrent à confondre art tauromachique et tercio de pique effectué sans peto, confortés par le fait que le filtre de la représentation graphique évacue en grande partie les conséquences répugnantes de l’action véritable.

Les artistes semblent jeter le voile sur l’armure protectrice qu’ils tiennent peut-être pour une insulte à la fête des toros.

C’est le cas de Picasso, de Braque et de bien d’autres.

 

 

     On ne trouverait à la rigueur qu’une exception avec Botero, mais il faut admettre que le peintre colombien trouve en la circonstance l’occasion rêvée d’ajouter un peu plus d’embonpoint à son habituel système stylistique.

C’est depuis l’avènement des Bourbons que les œuvres plastiques consacrées à la tauromachie commencèrent à représenter de façon quasi obsessionnelle le  picador plébéien monté sur sa pauvre haridelle et les tourments qu’il endure. Alors que le rejoneo en mouvement des nobles cavaliers n’avait pratiquement fait l’objet que de gravures à caractère plus ou moins informatif, le travail du varilarguero devenait un thème récurrent pour des plasticiens soucieux de toucher les amateurs d’art. Ils trouvaient ainsi l’occasion d’agrandir leur palette, eux qui s’étaient limités jusqu’alors à faire le portrait statique des couples cavalier/cheval.

 

Le thème de la corrida a attiré plusieurs artistes, mais c’est souvent dans le but d’illustrer l’ambiance d’une arène ou d’une place de village à l’occasion d’une capea, la mort du torero, la préparation du taureau à la mort, et bien sûr l’inévitable confrontation avec le picador.

Alors que les portraits de toreros sont légion, la figuration des passes de cape ou de muleta n’a trouvé sa voie que récemment, sans doute parce que l’art pictural tend à se conceptualiser toujours davantage. La représentation du cheval reste le parent pauvre. Le cheval et le taureau sont le plus souvent pensés en termes d’opposition, et le taureau reste le « roi » de l’arène, le cheval, l’outil.

 

J. Gutiérrez de la Vega, El rejoneador en la Plaza de Seville. 1850.

 

     La peinture de Gutiérrez de la Vega exalte le rejoneador paradant dans les arènes de Séville, et non en train de toréer. L’artiste ne songe nullement à valoriser un élément du couple plus que l’autre. Avec l’arrivée de la corrida à pied, s’il est vrai que les nouveaux héros, matadors ou picadors, vont faire l’objet de portraits, dont certains très célèbres, il ne sera plus fait la moindre allusion au cheval. Celui-ci ne sera paradoxalement représenté qu’en action, sorte d’hommage ultime pour l’animal voué à mourir sans faire d’éclat.

Les corridas royales connurent leur apogée sous le règne de Philippe IV (1621-1665), au moment même où le Sévillan Diego Velázquez est peintre du roi : il n’a cependant, à notre connaissance, représenté aucune scène de tauromachie, par contre beaucoup de scènes de chasse. On ne peut expliquer cette absence de thèmes taurins que par une certaine répugnance envers les spectacles sanglants qui furent célébrés sur la Plaza Mayor mais aussi à l’Alcazar et dans le Buen Retiro, le palais de délassement des monarques aux environs de Madrid.

 

… à suivre

                                                                                        Gilbert Lamarque

 

… et pour ceux qui le souhaitent…

 

 

               Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Eh bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Étant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'Âne vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

 

 

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