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Les défis de la tauromachie aujourd'hui

Publié le par Cositas de toros

 

                       EL FIN DE LA FIESTA

 

          Un bel essai controversé sur la réalité de la tauromachie et son avenir par Rubén Amón Delgado, écrivain et journaliste polyvalent de la presse écrite, radio et télévisée, auteur en tauromachie de : Pasa un torero : Curro Vázquez desde dentro et ¡Dejadme solo! : Jesulín de Ubrique, el trionfo de un seductor.

 

 

     En préambule, une citation de Jacques Cousteau : « Le royaume de l’utopie sera perdu et le dieu mythologique incarné en taureau de combat se renversera en vain dans le caniveau d’un abattoir miteux. »

Pour l’auteur, la corrida est victime d’un terrible malentendu. « Elle n’est pas moyenâgeuse mais transgressive, elle n’est pas de droite mais subversive, elle n’est pas cruelle envers les animaux mais garantit la sauvegarde d’une espèce unique. Il a partagé avec Carmen Calvo, vice-présidente du Gouvernement lors d’un hommage à Ignacio Sánchez Mejías organisé à Séville par M.Á. Perera. Il la entendue définir la tauromachie comme « un art transgressif et avant-gardiste. Un miroir de la modernité. » Il n’est pas facile pour Carmen Calvo de défendre un tel point de vue lors des sessions du Conseil des ministres. Comme chacun sait, le président Pedro Sánchez est anti-corrida ainsi que les vice-présidents Teresa Ribera et Pablo Iglesias. Ce dernier, après avoir assumé les responsabilités du bien-être animal et quitté sa vice-présidence en mars dernier, a choisi la porte de sortie mettant fin à toutes ses responsabilités politiques au sein de Podemos au soir des élections de la Communauté de Madrid, le 4 mai où son parti n’a recueilli que 7,25 % des votes. « Dans les années 1990, la tauromachie était connotée à gauche. Elle a cessé de l’être parce que la cause animale est devenue l’étendard des socialistes ».

L’auteur énumère les "scandales" que le taureau caractérise. Le taureau distingue le vrai héros du héros accidentel. « José Tomás est un personnage homérique au milieu de héros bon marché. » Le taureau fait scandale car il expose la souffrance d’un animal dans un contexte d’animalisme sectaire et dogmatique. Le taureau est un scandale car il identifie un évènement masculin. « Masculin ne veut pas dire sexiste. Le taureau célèbre la virilité, au sens de la testostérone, bien sûr, mais aussi dans la notion latine de vertu. » Le taureau est un scandale car il constitue l’art auquel tous les autres arts aspirent... »

Cet essai rassemble un inventaire de toutes les raisons qui menacent l’avenir de la Fiesta. La tauromachie faisant l’objet de tous les malentendus dans le monde politique comme dans le monde écologiste. Elle souffre d’un black-out médiatique. Et Amón de fustiger l’hypocrisie générale, en Espagne, 2,5 millions de bovins sont envoyés chaque année à l’abattoir quand ce ne sont que 2 200 taureaux que l’on sacrifie dans l’arène. Il va même jusqu’à plaider que la corrida joue en faveur de la biodiversité : sans elle, le taureau de combat, cette race ibérique, aurait probablement disparu.

Suit un chapitre sur les taureaux et la politique où la tauromachie représente une niche électorale aussi sensible que celle des chasseurs ou les pauvres de l’Espagne rurale. Et les taureaux sont politisés afin d’être manipulés.

« La tauromachie serait l’expression de l’Espagne héroïque, la quintessence de la virilité, le territoire pur dans lequel se tient le taureau Osborne, figure totémique qui garde nos valeurs, nos pâturages et notre épopée... »

La tauromachie, en Espagne, "Fiesta nacional" est devenue obsolète. Il s’agit d’une fête internationale – France, Portugal, Bolivie, Mexique, etc. Suivent des références sur la France, l’amphithéâtre d’Arles, « les enfants locaux » : Andy Younes, Tibo Garcia, Adrien Salenc, « l’irréductible » Simon Casas, Sébastien Castella, Lea Vicens sans oublier les professionnels de toutes les catégories. Références aussi à toutes les grandes arènes du Sud-Est et du Sud-Ouest.

 

 

     Pour Rubén Amón, la cause n’est pas perdue dans cette société inodore, la tauromachie est un espace de résistance la rendant plus attractive que jamais.

Voici exposées les clés des défis de la tauromachie d’aujourd’hui. Un livre courageux, érudit et très bien documenté, un livre essentiel et objectif qui rassérénera l’aficionado et surtout qui renseignera celui qui sait peu ou celui qui ne sait pas.

Une traduction française est instamment souhaitée.

                                                       Gilbert Lamarque

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El fin de la fiesta. Por qué la tauromaquia es un escándalo y hay que salvarla par Rubén Amón. Debate, mars 2021, 240 pages, 15 × 23 cm. 18,90 euros.

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