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notes de lecture

"Tauromachie. De l'arène à la toile"...

Publié le par Cositas de toros

       

     

... d'Ozvan Bottois.

                 " Entrer dans l'arène, affronter la toile, c'est combattre, tant il est vrai que la création a partie liée avec la mort. Barcelo, Botero, Gustave Doré, Goya, Masson, Picasso, Solana, Viallat, Zuloaga, tous ont exploré leur fascination pour la corrida et les valeurs qu'elle partage avec l'art authentique. Alors même qu'un Picasso confesse son impuissance à transposer le spectacle sur la toile, au risque pour certains de sombrer dans l'espagnolade, la couleur locale ou le kitsch, nombreux sont les artistes à s'y aventurer. De la radicalité des eaux fortes de Goya aux formes immémoriales des couvercles en métal de Viallat, dramaturgie, érotisme, violence, sacrifice, sacralité, intemporalité sont convoqués dans une inlassable remise en jeu du métier. Aucune étude ne s'est encore proposée d'envisager sur un temps long les échanges féconds entre art et tauromachie, ni d'en interroger les principaux enjeux. Pourquoi les artistes s'acharnent-ils à peindre la corrida, avec quelle passion, sur quelles terres secrètes ? interrogations d'autant plus vives qu'elles se posent à une époque où la culture taurine divise les afocionados et leurs adversaires, en France et jusqu'en Espagne, où les uns demandent à la loi d'abroger cette pratique décrétée cruelle et barbare, quand les autres aspirent à en obtenir le classement au patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO. Variant les lectures, à la fois iconographique, historique et poétique, celivre pionnier perce à jour l'acharnement des artistes à fondre la tauromachie dans leur pratique. Ozvan Bottois analyse la représentation de la corrida en soi - le toro, le torero, la corrida et son rituel-, mais également la façon dont elle s'articule avec les différents contextes culturels, identitaires et politiques. Il étudie aussi le mythe et la poétique de l'arène, dégageant ainsi la portée universelle que les artistes a artistes et toreros assignent au choc du toro et de l'homme sans le regard de la foule, véritable choeur antique. Un même désir anime artistes et toreros, celui du duende, cette grâce ou cette confirmation que la corrida peut-être affaire de peinture, un art dans l'art, une nécessité dans la création."     

     Je rajouterai à l'excellente préface de Bertrand Tiillier, ceci : Ce pourrait être un livre supplémentaire sur les multiples représentations que ce spectacle inspire aux peintres, mais il va bien au-delà.  Il  s'intéresse également au contexte historique et politique espagnol des corridas, alimentant une image plus ou moins flatteuse de L'Espagne. Il n'est ainsi pas étonnant que le franquisme ait récupéré la tauromachie dans sa propagande. Plus loin dans le livre et dans le temps, l'auteur remonte au mythe du Minotaure qui renvoie à la sexualité et à la mort. Ces développements inhabituels s'expliquent par le fait que le livre est issu d'une thèse de doctorat.

     Tauromachie. De l'arène à la toile, d'Ozvan Bottois. Editions Hazan (Beaux Arts). Plus de 336 pages à lire et à feuilleter (souvent et avec gourmandise).Parution, il y a 7 ans en avril 2017 (il n'est jamais trop tard). Poids, 2,482 kg !

     Une remise en vente à prix exceptionnel soit 25 euros au lieu de 59 euros.

                                            Gilbert Lamarque

 

 

 

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L'ami Maxime

Publié le par Cositas de toros

Notes de lecture

Maxime Ducasse La cour des grands

 

            En nous coupant brutalement de nos proches, la crise sanitaire a rappelé l'importance de ce lien si spécial qu'est l'amitié. Célébrée dans l'Antiquité comme la vertu la plus noble, la " passion douce" reste un point d'ancrage et un idéal dans le monde contemporain. Dans ce mundillo où les "vacheries" sont légion, les tromperies nombreuses, les accords rompus et les paroles peu respectées, voila qu'un banderillero , aujourd'hui retiré dresse sur la page blanche, son "quotidien" qui défila sur les routes  et sur le sable des ruedos durant trente ans, ses rencontres et son témoignage qui se concluent pour terminer par les souvenirs d'amis véritables. 

     Maxime Ducasse nous ouvre son intimité ainsi que la liste abondante des amitiés soudées au fil du temps. Surprenant, à l'ère du numérique et dans la jungle du monde des toros ! On aurait souhaité rencontrer le torero habillé d'argent, griller une cigarette, partager un café à l'amorce de la nuit... et puis, discuter.

     Ce livre, c'est un carnet de bord de chacune de ses 27 saisons, il le fit dans la plus grande discrétion, et , à chaque fois, les envoya à l'ami Jacques Durand, auteur de la belle préface. Pour quelles raisons le fit-il ? Ce qu'il sait "c'est que ce n'était pas fait pour être un livre". Maxime a cette vision intime qui ne se raconte pas et qui lui restait à la fin de la saison. Il a laissé beaucoup d'amis mais au fil des pages, il n'a aucune revanche à prendre, certains sont gentiment bousculés avec humour, taquinant , ironisant sur lui-même. 

     Oui, il y a beaucoup d'humour de tendresse et de reconnaissance envers ceux qui lui tendirent la main. Non, Maxime Ducasse n'est pas un ingrat, jamais cruel, jamais amer. Et cela, c'est la force d'un grand qui sut jouer dans La cour des grands en toute modestie.

     C'est une écriture simple, vivante, rapide qui reflète la personnalité attachante de cet acteur majeur du toreo, chose rare sous nos latitudes. Il suivit sa passion au cours de trois décennies et se retira avec panache dans l'ombre des maestros avec simplicité et discrétion.

     Merci torero, "merci" comme il l'écrit, reconnaissant, maintes fois tout au long des pages.

     Á lire, simplement à l'instar de son écriture dans le style Ducasse, discret, mains fermes sur les bâtonnets plantés avec sincérité. Un livre qui, sur le papier ne se raconte pas... et pourtant. Alors,  plongez avec gourmandise. Bref, c'est dynamique et pasionnant.

     Maxime Ducasse La cour des grands, préfacé par Jacques Durand. Au Diable Vauvert. 288 pages 22 euros.

Les adieux arènes de Nîmes © Anthony Maurin

     Banderillero nîmois, Maxime Ducasse est né en 1964. Il a exercé durant trente ans auprès de Patrick Varin, Eduardo Dávila Miura, Rafaelillo, Swan Soto, El Fundi, Juan Bautista, S. Fernandez Meca, Denis Loré, Joao Antonio Ferreira alors novillero apodéré par Robert Pilès, El Rafi, et Andy Younes, les compagnons de route et des tardes, José Gomez, André Floutier "Fritero", Jacques Monnier, El Andaluz, Javier Gil " El Javi", Carmelo, ... et l'aide apportée par leurs conseils, Robert Pilès, Richard Milian...

                                   Gilbert Lamarque

                                                                                    

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LE DERNIER TORERO

Publié le par Cositas de toros

Camille de Villeneuve © Gallimard

 

"Au moment où Sandra a été prise, je la photographiais. Elle s'était préparée pour donner la mort, penchée en avant, écrasant la demi-pointe de son pied droit, la tempe blottie dans l'arc du bras. Ses pieds ont glissé face à la bête. Elle a tendu le coude. Le ciel a déchargé son premier coup de tonnerre, les yeux se sont levés vers les grumeaux noirs qui rasaient l'arène."

     Le roman est dédicacé à Thomas Dufau, l'ami torero.

     Camille de Villeneuve, jeune romancière nous amène dans le monde de la corrida, milieu qu'elle découvrit à l'adolescence.

     C'est una terna, un trio de femmes inséparables : la narratrice, Lily sa soeur et celle avec qui elles ont été élevées toutes les deux, celle qu'elles considèrent comme leur demi-soeur, Sandra. Cette dernière est l'une des rares toreros en activité ; la narratrice était sa photographe officielle assurant sa communication jusqu'au jour, lors d'une corrida qui aurait pu être fatale à la jeune torera, la pousse à l'éloignement des arènes. Mais elle décide de faire son retour, le temps d'une corrida, et le trio, mis à mal par les évènements, se reconstitue tant bien que mal pour l'accompagner dans ce qui semble être une mauvaise idée, au mieux. 

     Porté par une écriture pleine de justesse où le dur côtoie la beauté, où l'humour acide se mêle à la tension palpable et à une sensation d'étouffement, ce roman est un portrait explosif de femmes aux multiples facettes dans un monde de rites et d'hommes, conservant un étrange magnétisme. Un roman qui fera voyager le lecteur des Landes en Aragon, jusqu'à l'Andalousie dans un mundillo où ne sont pas exclus les trahisons et autres coups de puntilla entre les omoplates.

     Le dernier torero est emprunt de beaucoup de subtilité, de féminité, où l'écriture souple se heurte aux diverses personnalités tourmentées. C'est intelligent, libre, ce n'est ni un plaidoyer pour ou contre  la tauromachie, loin des clichés de ce monde, de son folklore et des déclarations trop catégoriques qu'évoquent un tel sujet.La société abjure, s'éloigne de ces réjouissances, de ces manifestations païennes d'un autre temps, spectacle païen pour les uns, mystique pour les autres, classés dans la catégorie "crimes prémédités" comme l'écrivait non sans aigreur Ruben Amón dans son dernier essai. Une certaine mélancolie gagne les dernières lignes... 

                                    Gilbert Lamarque

     Camille de Villeneuve. Le dernier torero, roman. Gallimard, 288 pages, 21,50 euros.

 

 

 

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Considérations et estimes

Publié le par Cositas de toros

               Parcourant avec un fort intérêt et une réelle gourmandise, le beau livre d'Antonio et de José Carlos Arévalo, Les trois grands de la tauromachie française où les conversations de succèdent, j'ai pu noter la belle reconnaissance en Richard Milian, voici :

     "Quelqu'un aussi qui m'a pas mal aidé c'est le maestro Richard Milian. Lui, comme le maestro Campuzano, ont un don : celui de l'enseignement. Ils n'ont pas besoin de prendre la muleta, il leur suffit de deux mots pour se faire comprendre. Ce sont les bons maestros, les vrais maestros. Certaines figuras sont incapables de transmettre ce qu'ils ont appris. On sait faire le toreo mais on n'a pas ce don"

     Ces confessions sont empruntées à Sébastien Castella, la belle gratitude du maestro biterrois envers son aîné.

     L'autre maestro, Campuzano, il s'agit de José Antonio qui fut son apoderado, associé plus tard à Luis Alvarez. " Ce sont des gens très bien, de bons apoderados pour de jeunes toreros mais pas quand il s'agit de figuras, de toreros qui veulent être aux commandes, gagner plus que les autres et qu'on ne leur impose pas les toros. J'en discutais souvent avec eux mais on n'arrivait plus à s'entendre. C'est pour ça que je suis parti". Sans commentaires.

     Il fait ses débuts en novillada piquée à Mexico le 18 janvier 1999. Il envoie une légère aspiration à nos amis aturins : "Mon vrai début c'est le 1er mai de la même année à Aire-sur-l'Adour avec Marie Sara, El Fandi et Juan Bautista, devant des novillos de Yerbabuena..."Pour le maestro la Monumental ne vient qu'en second plan de la cité des bords de l'Adour. Les arènes Maurice-Lauche sont le théâtre de maints souvenirs aficionados et de diestros qui foulèrent le sable aturin. Chaque souvenir dispose de son envergure, de sa gravité, de son intérêt personnel.

     Et enfin pour terminer, un hommage aux toros de Garcigrande, élevage avec lequel il s'entendait le mieux. 

     " Je suis toujours un pro Garcigrande, un pro Justo Hernández. C'est pour moi le toro idéal, j'adore les différentes variantes de son comportement (...) C'est un élevage qui se distingue aussi par sa bravoure. A la question "qu'est-ce pour toi un toro brave ? ", le maestro répond : " Ce n'est pas le toro qui prend trois, quatre ou dix piques et manque de race après, mais celui qui charge soixante fois par le bas, en baissant la tête et sans fléchir. Un toro auquel peuvent suffire deux bonnes piques. Les toros de Garcigrande ou de Victoriano, qui sont braves, il faut les piquer, les saigner, sinon tu le regretteras mais quand tu leur demandes après de suivre ta muleta au ras du sol et qu'ils viennent et reviennent, voilà la bravoure". Ce qui différencie le ressenti entre le diestro et l'aficionado ! 

     Il "aime aussi les toros de Cuvillo, Jandilla, FuenteYmbro et particulièrement ceux d'Alcurrucén". Remontent en moi, les souvenirs de l'élevage des frères Lozano à Bilbao  plusieurs saisons durant.

    " Retiré des arènes, quel regard portes-tu, en tant qu'aficionado sur la corrida ? Je vois un changement générationnel (...) un renouveau aussi chez les organisateurs taurins, avec de jeunes empresarios comme José María Garzón, qui ne sont pas seulement des hommes d'affaires mais aussi de bons aficionados, avec du goût et de la sensibilité..."  Objet que je partage pleinement et que je communique lors de chaque bilan de fin de saison !

     "On veut du changement et c'est pour retourner à l'essence de la corrida, à son romantisme, à son côté plus artistique. Je m'y retrouve complètement et ça donne envie de revenir..." et le revoici, annoncé dans de nombreux cartels !

    Trente ans se sont écoulés entre la première capea de Christian Nimeño à Tarascon et la première novillada non piquée de Sébastien Castella à Aignan !

     Il ne vous faudra guère de temps pour dévorer Les trois grands de la tauromachie française par Antonio et José Carlos Arévalo. 142 pages. Magnifiques photos et légendes. Ed. Couleurs Garonne. 24,50 euros.

                                                            Gilbert Lamarque

 

 

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Pour entretenir la polémique

Publié le par Cositas de toros

                Causeur, magazine d’actualité de droite, voire de l’extrême qui suscite régulièrement la polémique est à ranger aux côtés de Valeurs actuelles. Pour sa directrice, la très agaçante Élisabeth Lévy, c’est « un espace de confrontation et de liberté avec une pluralité des points de vue. »

Réac et anticonformiste, Causeur se résume dans son slogan qui trône en couverture : « Surtout si vous n’êtes pas d’accord. »

Certain que ce n° 91 de juin 2021 va semer la zizanie avec à la une « Viva la corrida ! », titre racoleur pour interloquer, déranger, provoquer, irritant plus d’un lecteur.

 

     

     Le côté positif est de parler de la tauromachie, rare aujourd’hui dans les médias – la maison de la presse que je fréquente l’a bien compris mettant le magazine en bonne place et ce, dès ce 2 juin, jour de parution du magazine. Pour Élisabeth Lévy, aimer la corrida, c’est entrer en religion, la combattre, c’est vouloir sa disparition.

La corrida évolue plus mal que bien dans une époque qui refuse le tragique, ses jours sont sûrement comptés.

Yannis Ezziadi raconte sa passion soudaine pour la tauromachie, devenant un aficionado engagé. Pour l’inévitable Michel Onfray, "causeur" invétéré, il faut en finir avec la mythologie du combat à mort entre l’homme et la bête, et voir la corrida pour ce qu’elle est : une pure démonstration de sadisme, une mise en scène de la maltraitance animale. Le volubile Simon Casas voit une quête identitaire, un rituel qui nous lie au passé – et certainement beaucoup d’"espèces sonnantes et trébuchantes" !

Pour Frédéric Ferney, membre de la rédaction, il n’y a pas réconciliation possible entre le profane, pour qui la corrida est une boucherie, et l’aficionado, pour ce qu’elle est et ce par quoi tout devient vrai.

Quelques références : Jean Cau, Montherlant et sa lettre à Gaston Doumergue, alors président de la République. Un court calendrier des prochaines corridas en France côtoie un article sur Carlos Olsina et la boucle est bouclée par Nicolas Klein, agrégé d’espagnol qui termine ce dossier sur la politique espagnole et la corrida : « Elle périra, car elle est espagnole. »

Le soleil se couche.

28 pages sur ce dossier brûlant dans un magazine qui en compte 100 : plus du quart ! 5,90 euros mis chez le diable, le dieu Toro me pardonnera. Le diable, ici nous voulant plutôt du bien, mais ne soyons pas dupes, juste pour entretenir la polémique, le sang stimulant de la revue.

                                                                        Gilbert Lamarque

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