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Retour sur la Madeleine

Publié le par Cositas de toros

 

               Trophées de la Peña A Los Toros de la Feria de la Madeleine 2021

 

            Le Prix Paul Dorian, le XVe, récompensant le meilleur toro de la Madeleine selon les critères précis de bravoure a été attribué à "Sombrilla", n° 19, colorado, né en septembre 2015, de la ganaderia de Pedraza de Yeltes (Salamanca).

© Fred Martinez

Il a été "lidié" en 5e position par Alberto Lamelas, le dimanche 25 juillet. De présentation irréprochable, il reçut 3 piques, magnifique la dernière.

 

     Le Prix Avenirs Taurins (200 €) au meilleur becerrista de la Madeleine, créé par la Peña A Los Toros en 2005, a lui, été attribué au Montois Tristan Barroso. Élève de l’E. T. de Badajoz (Extremadura), il marqua la matinée du dimanche 25 juillet de sa torería (eral de Camino de Santiago).

© Fred Martinez
© Fred Martinez

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour mémoire :

 

     Quelques Prix Avenirs Taurins : le premier en 2005, Julien Dusseing "El Santo" ; 2013, Joaquin Galdos ; 2014, Daniel García Navarrete ; 2015, Adrien Salenc ; 2018, Solal Calmet "Solalito".

 

     Concernant le Prix Paul Dorian, le premier en 1981 a été attribué à "Engañoso" n° 72, de Joaquin Murteira Grave, "lidié" par Dámaso Gonzlez, le lundi 20 juillet.

En 2012 , bien sûr, "Jazmin" n° 193 de Fuente Ymbro, "lidié" et "indulté" par Matias Tejela, le vendredi 20 juillet.

En 2015, "Dormillon" n° 47, des Hros de José Cebada Gago, "lidié" par Javier Castaño, le samedi 25 juillet… C’était le dernier.

 

     Le Prix Paul Dorian a été créé en 1981. Il rend hommage à Paul Dorian, industriel et maire de Mont-de-Marsan jusqu’en juillet 1895.

     La veille du 14 juillet 1895, Guerrita est bloqué à la frontière par un refus de visa. Au pied levé, il est remplacé pour les deux courses par le Sévillan Antonio Jimenez "Reverte". Le 14 juillet, ce dernier fait l’objet d’une mesure d’expulsion après avoir tué trois toros. Paul Dorian joua son mandat et donna le premier signal de la fronde. Il s’empresse de cacher Reverte à son domicile. Le préfet le fera arrêter et l’expulsera dès le lendemain.

Le mardi 16, Fabrilo combat et tue six toros… Il sera expulsé à son tour. Les deux toreros seront aussi condamnés à 5 francs d’amende pour chaque toro mis à mort.

Ce dernier rebondissement provoquera la démission de l’élu.

En effet, au soir de la clôture des fêtes de 1895, le maire Paul Dorian et ses adjoints signent cette lettre ouverte :

            « Puisque sous la Troisième République soi-disant régime de liberté mais à coup sûr régime point libéral que l’Empire, nous sommes privés de nos libertés communales, puisque la force publique semble n’avoir d’autre mission que de traquer de malheureux étrangers qui ont commis le délit d’infraction à la loi Grammont alors que de gros voleurs peuvent impunément circuler sous notre beau ciel de France, il ne nous est pas permis de rester plus longtemps à la tête de la municipalité. »

Quatre conseillers imitent la démission du maire et de ses adjoints, suivis par les onze autres, le 14 août.

Paul Dorian devient le défenseur héroïque des libertés locales dont la presse nationale ainsi que les journaux espagnols comme La Lidia, se feront largement l’écho.

Paul Dorian était devenu le 22e maire de la cité montoise élu le 30 avril 1893… jusqu’en juillet 1895 !

 

                                                                        Gilbert Lamarque

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Pourquoi faut-il aller à Roquefort ?

Publié le par 7

            La cité roquefortoise en pays de Marsan est l’héritière d’une longue tradition taurine et la programmation de novilladas aux confins de l’Albret et de l’Armagnac y a laissé, pour certaines d’entre elles, des parfums et des souvenirs impérissables aux fidèles aficionados. Car nous sommes de fidèles partisans et nous nous y croisons à chaque temporada sachant ce que nous sommes venus y goûter.

 

 

      "La Monumental des Pins" fut inaugurée le 12 août 1951, le Cercle Taurin Roquefortois en août 1963 où se succédèrent dès 1980, Jean-Louis Gayan relayé en 1982 par Pierre Nogues, toujours actif et également président de la Commission taurine.

     Le 15 août est une date que l’on retient aisément mais la feria de Dax fait manifestement de l’ombre… même si les publics peuvent présenter quelques discordances tauromachiques ! Au fil des temporadas, ont défilé dans le village baignée par la Douze, bon nombre d’aficionados "branchés" toristas. En fait, on ne fait pas dans le sensationnel, on y fait dans le novillo "encasté", dans les fers historiques : Isaias y Tulio Vázquez, Salvador Guardiola Fantoni, Saltillo, les Coquillas de Sánchez Arjona en 2010 avec au cartel, Gómez del Pilar, Esaù Fernandez et A. López Simon ainsi que les fers français d’Hubert Yonnet et celui des frères Gallon… et La Quinta.

   

      Paco Camino y fit le paseo en 1959, coupant deux oreilles, son fils, Rafael, suivant les zapatillas paternelles en 1985. Antonio José Galán, lui, coupa la seule queue dans l’histoire des arènes. Le 15 août 1969 défilait Curro Vázquez avec des novillos de Don Juan Guardiola Soto, … le lendemain Sacha Distel faisait son show.

     Ce 15 août 2021, la ganaderia de La Quinta foulera le ruedo roquefortois pour la 8e fois. Ceci n’est pas un hasard tant la ganaderia s’est illustrée par le passé et cette magnifique novillada 2019 où le lot frôla le prix attribué par l’UCTF, section Sud-Ouest, battu sur le fil par la prestation de Blohorn à Soustons.

     Les jeunes toreros seront :

   

      Cristóbal Reyes, el chaval de Jerez de la Frontera, chef de lidia, à son avantage en 2019, mal payé de ses efforts, le protégé du bienveillant Roquefortois Christian Lamoulie et de Lolo de Camas. Il s’est bien entraîné cet hiver chez Saltillo, Raso de Portillo, Santiago Domecq avant de continuer sa préparation durant deux mois au Mexique.

     Le jeune Biterrois Charles Pasquier, Carlos Olsina, 25 ans, l’un des espoirs de la tauromachie française qui eut les honneurs du magazine Causeur sous la plume de Yannis Ezziadi, le 8 juin dernier. Deux vueltas à Las Ventas, le 11 août 2019, novillos de La Guadamilla, avant d’être gravement blessé à la fémorale, le 31 août en terres espagnoles. Son objectif 2021 : entrer dans le circuit des grandes arènes et Roquefort en est un tremplin. Il sera la veille à Béziers devant des novillos de Cuillé.

     Complétant l’affiche, le Landais de Tartas Yon Lamothe qui fit sa présentation en piquée pour les Pâques taurines de Mugron 2019, récolta une oreille de chacun de ses Baltasar Iban. Le torerito continue son apprentissage ayant peu d’opportunités dans un contexte difficile (pour tous).

 

     En matinée, la non piquée mettra aux prises pour un duel santacolomeño, deux erales de La Quinta et deux erales de Manu Turquay, ganaderia située à Eyguières en plein cœur de la Crau, les deux élevages restant sur de bonnes tardes dans la placita. Ils seront combattus par Victor Barroso, natif du Puerto de Santa María, élève de E. T. La Gallosina dirigée par José Luis Galloso et José Manuel Bercial, et Marcos Linares né à Linares (Jaen), vainqueur en 2020 du XXVIe Cycle des Novilladas des Écoles Taurines d’Andalousie.

   

      Aujourd’hui, la bastide ne se protège plus derrière ses murailles et vous convie à venir égayer les charmantes arènes inscrites aux Monuments Historiques. Venez vibrer pour le 70e anniversaire de la "Monumental" sous le fer Santa Coloma et encourager ces cinq jeunes en devenir.

 

     PS. Je vous recommande la lecture dans la revue Toros n° 2149 du 30 juillet 2021, des trois pages consacrées à "La Monumental des Pins" par l’ami Miguel Darrieumerlou.

 

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     Pour compléter cette page roquefortoise, je me permets d’attirer votre attention sur le dernier ouvrage de Bernard Carrère, enfant de Roquefort, Les Élevages de taureaux braves, genèse et évolution aux Éditions Passiflore où l’auteur actualise ses anciennes publications de 2001 et 2007. Il est aussi l’auteur de Histoire et évolution de la tauromachie à Roquefort-des-Landes publiée en 1980 par l’UBTF.

     Un point commun réunit M. Darrieumerlou, B. Carrère et le signataire de cet article : nous sommes tous les trois collègues à la revue Toros.

     Vive Roquefort et vive Toros !

 

                                                                        Gilbert Lamarque

 

 

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Rigueur et mansuétude (1) - Taxi ! au Plumaçon... (2).

Publié le par Cositas de toros

                    RIGUEUR ET MANSUÉTUDE

MADELEINE

 

 

Photos Frédéric Martinez

 

Dimanche 25 juillet 2021. 11h. Novillada non piquée.

     Le – jeune – palco présidentiel et sa toute puissance.

            Encore une fois cela s’avère exact, encore un petit despote – pas très éclairé – à la présidence technique. Une oreille refusée après forte pétition du conclave, une autre octroyée sans pression selon les bons vouloirs du cravaté. Ce n’est certainement pas le plus important, Jean-Baptiste Lucq possède une tête bien faite et avec sa maturité sait faire la part des choses. Sait-il, cet avorton de président, que le novillero de Mugron nous a offert une de ses plus belles prestations, sérieuse et achevée ? Non, certainement pas. OK pour la jeunesse, mais laissons mûrir le fruit !

 

     Devant un nombreux public, se sont succédés les ganaderias La Espera (Virgen María), Casanueva (El Torreón), Alma Serena (Garcigrande) et Camino de Santiago (Albarreal ?) pour J.B. Lucq (E. T. Adour Afición), Fabien Castellani ( E.T. Arles), Lenny Martin (E. T. Béziers) et Tristan Barroso (E. T. Badajoz).

 

     Le premier (La Espera) dévolu à J. B. Lucq présente un bon gabarit mais des cornes ayant subies quelque dommage ; il répond bien aux capes de J. B. et de F. Castellani. Après "brindis" au public, l’eral parti de loin, riposte proprement aux sollicitations sur la rive droite après entame à l’estribo. Le torerito manie la muleta fort à propos, les muletazos s’enchaînant.

     Sur la rive opposée, le bicho se montre plus rugueux et Jean-Baptiste est projeté au sol et repris. Le visage tuméfié, le Mugronais repart à l’assaut, impavide et termine de belle manière. L’épée sincère comme la faena, en place après avis. Vous connaissez l’épilogue : vuelta bien fêtée, arrastre applaudi… sifflets au palco.

 

     Le bicho de Casanueva, un colorado "encasté", bien armé, au beau port de tête se montre mobile. Il répond aux capes de F. Castellani et de Lenny Martin sans difficulté. L’Arlésien le "cite" à bonne distance et nous livre de bons derechazos.

     Le novillero en progrès se présentera rigide dans sa plastique et le Casanueva lui sera supérieur, soutenant un rythme de coureur de demi-fond, les cartes changeant de mains. Fabien recule la jambe, frôlant à plusieurs reprises la voltereta. Entière légèrement de côté. La suite, ne vous est pas inconnue : oreille contestée, arrastre applaudi.

     L’Alma Serena, bien bâti, se lance dans le capote, c’est limpide. El Monteño salue aux banderilles.

     Le bicho, tout comme le précédent, demande à être toréé, la caste est présente. La faena ira a menos, Lenny Martin cède du terrain. ¾ de lame, silence.

 

     Le dernier, le Camino, foutu comme un novillocornibajo, va partager ses derniers instants avec Tristan Barroso, le chouchou du public. Surprise, ce jeune garçon que j’ai toujours vu plus théâtral que torero, m’a surpris. Excellent dès la réception à la cape, élégant, il se joue du "novillo".

     Hélas, le Camino rencontra un burladero qui lui laissa quelques séquelles.

     Tristan "brinda" en piste à Richard Milian, son premier professeur. Sa première série de derechazos est toute en douceur, on sent les qualités du gamin mais son opposant à des difficultés de collaboration et Tristan ne lui laisse pas la distance nécessaire. Manoletinas de clôture, la faena trop longue, le Camino sera difficile à fixer pour le coup d’épée, deux avis avec tous les obstacles rencontrés par un Tristan déçu.

     Vuelta pour le réconfort.

     Pour la plupart des philosophes grecs, il existe un « bonheur illusoire » : celui qui procure les biens qui flattent notre amour-propre, notre vanité. Tristan se rendra compte que le bonheur ne dépend pas de nous mais plutôt des circonstances. Ici, la chance, le destin voulu par les dieux de la tauromachie.

 

     Les quatre erales sous-exploités, notamment le Casanueva et l’Alma Serena qui en avaient encore sous le capot. Mais ce sont les aléas que nous rencontrons en non piquées.

     S’il y avait eu un prix à décerner, l’un des deux l’aurait sûrement remporté. Allez savoir lequel !

 

 

          TAXI ! AU PLUMAÇON…

                    … LE TRIOMPHE M’ATTEND.

MADELEINE

 

Dimanche 25 juillet. 18h. Corrida de Pedraza de Yeltes. 4e et dernière de feria.

 

             

             En ces temps amers de pandémie, sortez couverts. Après le masque, osez le parasol, le parapluie ou l’ombrelle. En effet, sombrilla dans la langue de Cervantes, se traduit par ces termes. Les frères Uranga, ganaderos prudents, avaient donc amené "Sombrilla", un magnifique colorado né en septembre 2015, détenteur d’un balcon XXL sur lequel plusieurs jardinières auraient trouvé leur place. Les éleveurs pouvaient donc tout aussi bien braver la pluie ou le soleil.

Sombrilla, colorado, le 2e d'A. Lamelas

     C’est le soleil qui s’imposa partageant le sable du Plumaçon avec un astre nommé "Sombrilla".

 

Campeador, colorado, ojo de perdiz à décliner en daube

     "Campeador" reçoit les palmas du public, un coureur un peu enrobé qui prendra deux piques quelconques, poussant de la seule corne gauche – ce que nous voyons majoritairement. Quite d’Alberto Lamelas précédant un tercio de banderilles anarchique.

     Que dire d’une faena qui ne démarra jamais, la faute à cette brute en querencia aux tablas. Domingo López Chaves s’en défait d’une entière de côté. Ça ne valait guère plus, silence et dépouille sifflée. Aïe ! Mauvais départ.

Les ingrédients pour une daube selon Ginette Mathiot : 700g de bourguignon de bœuf ou "Campeador" + 60g de petits oignons + 100g de champignons + 100g de lardons + 50g de beurre + 30g de farine + 60cl de vin rouge ou 70cl…

"Jacobo" pousse sur la première des deux piques. La faena débute aux barrières et à la conclusion d’un derechazo, le toro inflige une voltereta à D.L.C. qui administre après châtiment, deux séries supérieures. La gauche est plus délicate mais les naturelles s’enchaînent, le maître lidiador s’exprime. Mais c’est l’échec aux aciers, entière de côté au second essai, avis. Vuelta fêtée, arrastre applaudi.

 

     Voici un autre joli spécimen, "Burrecato", negro chorreado, sous la cape d’Alberto Lamelas après porta gayola con larga afarolada, sortant au pas. Deux très bonnes piques effectuées par David Prados ovationné, le toro mettant les reins. Le président abrège le tercio (?). Beau quite de Gómez del Pilar et Alberto "brinde" au public.

     Noble à la muleta, "Burrecato" répond aussi bien à droite qu’à gauche, permettant au "petit taxi" de s’exprimer comme il n’en a rarement l’occasion. Dommage qu’il termine en réduisant les distances. Épée engagée, un peu plate, oreille. Le mouchoir bleu s’étale au palco, ce toro n’a reçu que deux piques par la volonté du président ! Quelque chose cloche, non ?

 

Et s’en vint "Sombrilla".

   

© Chantal Lafaye

 Porta gayola bis pour réceptionner ce beau toro à l’armure large et astifina.

     Le brave est magnifiquement piqué par Antonio Prieto – grand moment – trois piques, bille pleine, en mettant les reins. On se lève pour le piquero. Les banderilleros eux aussi à l’unisson méritaient de saluer, Alberto absorbé par ce qui l’attend, se dirigeait déjà vers la banda Lous Faïences pour le "brindis". Alberto savoure un après-midi de tant de belles opportunités qui ne lui seront pas souvent proposées.

     L’envie, l’enthousiasme sont omniprésents, la faena débute au centre, muletazos sur les deux rives, le bicho "humilie" débordant de noblesse. Alberto ne sut pas garder "Sombrilla" au centre du rond, et celui-ci en avait encore sous les sabots. Voltereta sans dommages et terminaison par manoletinas osées. Mete y saca, entière caída en s’engageant. Oreille après avis. Le mouchoir bleu sans contestation.

 

   "Sombrilla", le plus âgé, septembre 2015, brave et noble, montra tout de même quelque rugosité.

     Gómez del Pilar hérite d’un colorado violent sous la cape, après avoir fortement "rématé" sur le burladero. Belles mises en suerte par le torero (2e) et D. López Chaves (3e), "Potrillo" auteur d’un joli galop. Juan Manuel Sanguesa ovationné, Rafael Gonzalez et Pedro Cebadera saluent aux bâtonnets. Débutée de rodillas, la faena va hélas a menos, le toro qui donnait un bon tempo et Noe de belles séries, tout cela se terminant en eau de boudin, le bicho cédant le pas. Le recibir est de côté suivi de trois descabellos. Arrastre applaudi, le torero méritait de saluer.

Gómez del Pilar et Huracan

     "Huracan", l’ultime, est reçu par véroniques et la demie. Sans classe sous le peto (deux rencontres), le toro s’avérera soso. Ça calme après "Sombrilla" ! Gómez del Pilar après quelques muletazos main basse, se mit au diapason du Pedraza. Fin de l’histoire. ¾ de lame légèrement contraire, deux avis et le descabello en délicatesse. Silence pour l’homme et la bête.

 

     Curro Sánchez, le mayoral a hombros accompagne Alberto Lamelas dans son triomphe, radieux.

     Le public à la hauteur de l'évènement, respect aux toreros.

     Cuadrillas au top, les picadors también.

     Le "petit taxi" remet notre afición à sa juste place. L’accolade de López Chaves au triomphateur.

     Quatre toros mobiles, braves et encastés, deux bons (3e et 4e), un excellent (2e), le 5e supérieur.

     Le curseur Pedraza remonte, nous avions quelques craintes depuis les dernières sorties.

     Président, Bernard Sicet.

 

                                                          Gilbert Lamarque

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Au plus que parfait de l'objectif* : Francisco Cano

Publié le par Cositas de toros

 

                   Paco Cano "Canito", né Francisco Cano Lorenza le 18 décembre 1912 à Alicante, nous surprit par sa disparition, le 27 juillet 2016 à Llíria (Valence), tant nous l’avions cru éternel. Il n’avait que 103 ans !

     Le temps semblait s’être arrêté sur ce petit bonhomme à l’éternelle casquette blanche vissée sur le chef. Combien fit-il de photos ? Il sortit – cela semble crédible – plus de deux millions de photos qu’il développait lui-même, roi resté longtemps fidèle à l’argentique, photos d’Espagne, de France et d’Amérique du Sud. Photos publiées dans El Ruedo, ABC, Dígame, Aplausos ou la revue nîmoise Toros. Il disait : «  Si je ne fais pas de photo, je meurs ». Il a dû oublier, le 27 juillet 2016, d’appuyer sur le déclencheur, la mémoire nous joue des tours, parfois.

 

Bilbao © G. Lamarque

     Mais le légendaire photographe Cano naquit une seconde fois, le 28 août 1947 à Linares. Un photographe "naissait", un maestro mourrait. "Islero" envoya à jamais dans l’obscurité, semblable à celle de la chambre noire, Manolete.

 

 

     Canito témoin de ce drame qu’il fixa à travers les 135 millimètres du téléobjectif de son Leica modèle Contax. Il en résulta un reportage de quelques 200 photos qu’il négociera entre 1 000 et 3 000 pesetas chacune, mais le photographe ne sait plus très bien. Canito, seul et unique photographe en cette tarde néfaste, deviendra par la suite, le photographe aussi des "vivants" et quelles fringantes personnalités ! Seront à son tableau de chasse, les stars Rita Hayworth, Gary Cooper, Ava Gardner, Orson Welles, Hemingway, of course, présenté par Antonio Ordoñez… Dans les dernières années de sa vie, Francisco était passé au numérique. Il reçut en 2014, le Prix National de Tauromachie par le ministère de la culture après 75 ans de carrière, il était temps ! Cette reconnaissance était dotée de 30 000 euros pour avoir constitué une « véritable anthologie graphique de toutes les manifestations de la tauromachie, jusqu’à ce qu’elle soit considérée comme une source documentaire et historique », a souligné le jury. 30 000 euros, la valeur de quelques mètres carrés à Madrid, aujourd’hui !

 

El Pipo, son fidèle Guillermo et Teodoro Matilla

     Le photographe a reconnu en 1950 qu’on lui avait proposé 200 000 pesetas pour les clichés sur la mort de Manolete à Linares et le reportage complet. À Madrid, en 1950, 200 000 pesetas correspondaient au prix de deux appartements de 120 mètres carrés ! Mais Canito ne vendit rien, ni la série complète ni une seule photo pour laquelle on lui offrait 40 000 pesetas. «  Je ne voulais donner ni l’album ni la photo. Je ne vendrais ces souvenirs auxquels je suis attaché que par nécessité ».

     Dans une interview publiée par le magazine El Ruedo, Cano dit qu’il ne travaillait à cette époque dans la photographie que depuis 5 ans, qu’avant il était professeur de natation, footballeur, boxeur… mais plus que toute autre chose, il voulait être torero étant issu d’une famille de toreros. Son père, Vicente fut un novillero modeste sous l'apodo de "Rejillas". Sa famille est relativement aisée : ses parents exploitent les plages d'Alicante à une époque où la médecine préconise les bains de mer. Il a 14 ans lorsqu'il se jette comme espontáneo dans les arènes d'Alicante avant de débuter comme remplaçant des soeurs toreras Palmeno... La guerre civile finie, il va toréer une trentaine de novilladas, parfois avec la troupe des Bomberos Toreros, puis abandonne pour se consacrer à la photographie taurine, initié par son parrain Gonzalo Guerra.

     De toutes ces facettes, celle de photographe était celle qui avait été la meilleure financièrement. Et il argumente : « Et je pourrais obtenir plus d’argent si je voulais, car j’ai des collections importantes qui rapporteraient beaucoup », et ici, la référence aux 200 000 pesetas de l’époque qu’il laissa filer…

     Alors qu’il était depuis peu derrière l’objectif, 5 ans, il se souvenait déjà de ses meilleurs reportages, une corrida d’Antonio Bienvenida à Saragosse, une autre de Pepe Luis à Séville, et deux après-midi de Manolo Vázquez à Madrid. Une carrière prolifique s’annonçait, plus de 70 ans d’histoire de la tauromachie, à l’intérieur comme à l’extérieur des ruedos. Canito ironise sur les photos dans lesquelles sont rassemblés les pires moments des diestros devant le toro. « Je les leur envoie généralement avec une note dans laquelle je leur dis de ne pas récidiver », et il assure : « Ils rient beaucoup et certains me les rendent généralement dédicacées. J’ai l’intention de faire un album intime avec chacun d’eux ».

     L’a-t’il fait ? Il semble que non.

© G. Lamarque

     Le 25 août 2012, aux arènes de Vista Alegre de Bilbao, le sitio de Canito au callejón resta désespérément inoccupé. Le doyen des photographes taurins fut transporté à l’hôpital Basurto, victime d’une fracture de la hanche droite à la suite d’une chute en sortant de l’hôtel Ercilla. Nous n’avons plus jamais revu le petit homme à la casquette blanche aux Corridas Generales dans la capitale viscayenne. Ce 25 août, El Juli coupa les deux oreilles de son premier toro et sortit a hombros.

     L’histoire de Francisco Cano s’est fondue avec l’histoire de la tauromachie. Son ultime tour d’honneur, il le fera dans le ruedo des arènes de Valence, le jour des ses obsèques, son cercueil porté a hombros.

      « Qu’est-ce qu’un bon photographe ? C’est quelqu’un qui cherche ce qui est significatif dans un visage et qui réussit la tâche difficile de résumer dans une seule photo toute une personnalité. » Ce sont les mots de Gisèle Freund, photographe, sociologue et écrivaine résumant l’œuvre de celle qui a marqué le XXe siècle par ses clichés des plus grandes personnalités intellectuelles et littéraires de son époque. Elle signa nombre de reportages inspirés par sa formation de sociologue. Cano, lui, sans formation particulière, ce pionnier de l’image taurine dont le regard aiguisé a su saisir les bouleversements, les drames, les grands moments de la tauromachie ainsi qu’un échantillon luxueux de personnalités proches de la corrida, nous a offert un album empreint de sa sensibilité et de son audace.

 

© G. Lamarque

   

      Sur son inséparable casquette, il avait écrit en noir : « Cano, Alicante 1912 – al... », l’œil de la corrida s’est refermé à perpétuité à Llíria, le 27 juillet 2016 après un "temps d’exposition" exceptionnel de 103 ans ! La photographie, c'est le présent qui dure, des secondes volées à l'éternité. Pour Canito, ce fut des années dérobées, voilà son secret.

 

        « J’ai tenu Ava Gardner plusieurs fois dans mes bras ». Paroles de Francisco qui rajoute : « J’ai toujours affirmé que les deux plus belles femmes sont Ava et la Vierge Marie ».

     Que rajouter après cela ?

*Au plus que parfait de l'objectif, titre largement inspiré du titre du livre de Robert Doisneau, A l'imparfait de l'objectif, titre lui-même largement inspiré de cette citation de Jacques Prévert : " C'est toujours à l'imparfait de l'objectif que tu conjugues le verbe photographier".

                                                    Gilbert Lamarque

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Decepción grande

Publié le par Cositas de toros

 

MADELEINE

 

Photos Frédéric Martinez

    Samedi 24 juillet 2021. 11h, 2e de feria.

         Corrida d’Alcurrucén, le cartel de la feria.

         Première corrida présentée en matinée dans l’histoire du Plumaçon.

 

          La devise d’Alcurrucén associée au torero de la Rioja, Diego Urdiales, nous  promettaient de bons moments. Le diestro d’Arnedo nous rappelant les tardes bilbaínas où il triompha lors des encierros de la ganaderia d’El Cortijillo : 29 août 2015, 2 oreilles ; 24 août 2016, 2 oreilles et le 25 août 2018, 3 oreilles.

     "Rompe Charcos", "Tonadillo", "Limonero", "Afectisimo", "Corneta" et "Arestado" aux robes variées, du negro décliné en negro mulato, du castaño au colorado, furent l’ombre de leurs prestigieux ascendants. Bien que de belle présentation, l’émotion ne nous titilla à aucun instant, les Nuñez défilant sans race, sans charge, distribuant les derrotes. Où est passée l’alegría qui caractérisaient ce fer ?

 

D. Urdiales et Rompe Charcos

    Le premier inspecte le ruedo d’un œil inquisiteur et freine des quatre fers dans la cape de Diego Urdiales. Le tercio de varas est excessif, l’Alcurrucén prenant une grosse ration en poussant, plus trois autres en carioca, l’ultime sous le peto du réserve.

   

     Les séries de muletazos s’enchaînent avec sincérité, derechazos alternant avec les naturelles où l’animal abrège par des retours prompts. Demi-lame, descabello, salut.

 

Afectisimo, negro mulato

     Le quatrième, negro mulato, le plus léger, prend deux piques en bravito. Après brindis au public, il part dans la flanelle sans attendre le "toque", le Riojano distillant une lenteur de bon aloi, parfois distant mais juste, sans contraindre son opposant, les séries se succédant avec temple, le Nuñez, le regard vers les planches en fin de passes. La conclusion procède par naturelles templadas et le pecho mais la faena est longue et l’avis retentit. Pinchazo, entière caída, oreille.

     L’unique instant artistique de la matinée.

 

Tonadillo, negro gijón

     Paco Ureña rencontre les difficultés dès la sortie de "Tonadillo", distrait. Discret sous le peto, sortant seul de la deuxième rencontre, il est compliqué à banderiller.

Paco Ureña et Tonadillo

      Charges courtes, tête haute. Avis, ça ferraille dur, silence.

Le cinquième, n’est pas mieux, plus faible mais pousse quelque peu au cheval. Brindis au public (?), Paco est absent du ruedo, livrant une faena distante allant a menos comme l’Alcurrucén. Il est triste le Paco, nous aussi. Bajonazo, silence.

     Emilio de Justo voit son premier toro partir seul au cheval dès la sortie du patio. Suivront deux autres puyazos sans intérêt. Le bicho n’"humilie" pas à la muleta, relevant le chef généreusement, aucune liaison possible. Entière et descabello, palmas.

 

Arestado, le 6e negro mulato

     Le dernier est un faiblard, il sera piqué par deux fois avec cariocas. Morenito d’Arles est ovationné aux palos. "Brindis" au doux peuple décomposé comme le toro. L’envie ne suffit pas, Emilio se rend compte du désastre, la muleta malmenée par les violents coups de tête. Entière caída, silence. Il partit dare-dare chercher les trois oreilles qui l’attendaient à Santander, l’après-midi.

 

Martin et Chouan

 

     Chers amis, le fond manqua et le ciel avait tiré à lui sa couverture. L’ennui est facteur de créativité, paraît-il, alors, tous les espoirs nous sont permis !

 

PS. Pas de reseñas du vendredi et samedi por la tarde, absent des tendidos par choix. Demain, une chronique différente. Vous retrouverez les impressions de la non piquée et de la corrida des Pedraza, mercredi.

 

                                                                 Gilbert Lamarque

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