Anderson Murillo
Il y a deux ans aujourd’hui, le 30 juin 2019, le picador Anderson Murillo décédait à Madrid à l’âge de 73 ans des suites d’un cancer de la moelle contre lequel il lutta durant plusieurs mois.
Ce célèbre varilarguero colombien a marqué l’histoire des arènes de Las Ventas lors d’une corrida de Victorino Martín. Aux ordres de Luis Francisco Esplá, il fit avec son maestro, le tour du ruedo après un formidable tercio de varas.
L’histoire s’inscrivit le 9 juin 2001 avec le toro "Bodegón" lorsque Anderson Murillo après avoir signé un tercio d’anthologie qui mit les témoins présents à Las Ventas debout et, non seulement, le public l’invita a salué avec le castoreño mais, le combat terminé, le maestro d’Alicante le prit pour qu’il l’accompagne dans son tour d’honneur bruyant et historique.
De l’avis de tous, ce fut l’épisode le plus abouti d’une brillante carrière de picador, carrière qu’il effectua auparavant aux côtés de son compatriote César Rincón. Il partagea les années de splendeur du torero colombien dès 1991 lorsque celui-ci ouvrit les quatre Puerta Grande de Madrid jusqu’à sa première retraite en 1999.
En plus d’avoir accompagné comme cela, plusieurs toreros jusqu’à leur éloignement définitif des arènes, on se souvient de lui pour avoir été l’un des picadors qui ont participé à la première corrida se déroulant… en Chine, précisément à Shangaï en 2004, spectacle impressionnant le public oriental.
Les fidèles de la Madeleine l’ont admiré durant des années dans la cuadrilla de César Rincón, la star de cette époque et notamment le mardi 22 juillet 1997 au quatrième Garcigrande qu’il piqua magistralement, permettant à son maestro, une démonstration de technicité. Cette année-là, César toréait aussi le lendemain. Si nous remontons le temps dans la plaza montoise, les aficionados, ce mardi 18 juillet 1995, lors de la corrida-concours, virent Anderson piquer encore de façon formidable, faisant seul le travail de placement, démontrant qu’un grand picador est avant tout un grand cavalier. Le toro sorti en 5e était du Marqués de Domecq. Le Colombien était accompagné d’Ortega Cano et Javier Vázquez.
Murillo, originaire de la ville colombienne de Montería, appartenait à une famille à la longue tradition taurine, puisque son frère aîné, Melanio, était l’un des picadors les plus importants de Colombie et de l’Amérique latine dans les années 70 et qui devint membre des cuadrillas de Manuel Benítez "El Cordobés", Paco Camino, Pedrés ou Pepe Cáceres.
En France, on connut aussi son frère cadet Emerson, piquero lui aussi mais qui fut moins influent dans le monde de la tauromachie que ses deux frères, tous deux décédés du même mal.
Ce jour du 9 juin 2001, Anderson Murillo fit honneur à une profession mal-aimée sinon incomprise. Anderson n’avait rien de ces picadors d’époque, corpulents, potelés et ventrus, avantageusement contrefaits par Botero, il présentait un physique des plus sveltes mais n’ayant rien à voir, non plus, avec les sculptures très élancées d’Alberto Giacometti.
Gilbert Lamarque