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Des raisons d'espérer ?

Publié le par Cositas de toros

 

          La dernière feria de Bilbao s’est achevée le 25 août 2019 par une corrida de Miura séduisante sous un temps maussade devant un tiers d’entrées. Le dernier à officier fut Manuel Escribano qui balada un pavillon après avoir couché son Miura boyante d’une entière, un poil de côté. Les résultats de cette feria pouvaient être qualifiés de bons. Paco Ureña, grave et classique, 4 oreilles et puerta grande en fut le triomphateur ; Juan Leal marqua les esprits pour la troisième année de rang, et le prix de la meilleure corrida fut attribué à l’encierro de Victoriano del Rio.

Que tout ceci semble lointain !

 

Photo G. Lamarque

   

      Mais voila, cette feria des Corridas Generales de Vista Alegre lors de l’Aste Nagusia (Grande Semaine) « est en perte de vitesse depuis une dizaine d’années » comme l’écrivait le quotidien de centre gauche espagnol El País au lendemain de la dernière corrida.

Comme mentionné en introduction, le spectacle était pourtant au rendez-vous, avec le triomphe de matadors et de bonnes prestations des toros. Mais cette feria souffre d’un constat amer : la fête n’attire plus. Le quotidien revenant sur ce rendez-vous estival du Pays basque espagnol, évoque Bilbao comme « une prestigieuse feria taurine, victime de l’abandon et de la lassitude. »

« 60 000 personnes ont assisté aux neuf festivités programmées, soit 45 % de la capacité maximale et loin des 150 000 spectateurs en 2007 ; en d’autres termes, quelque 4 000 spectateurs sont perdus chaque année. »

 

Des arènes abandonnées.

 

Il y a des lustres que la Vista n'est plus Alegre

     

     Ce temple de la tauromachie, considéré comme l’une des quatre plazas les plus importantes d’Espagne, est aujourd’hui « un désert abandonné par ses occupants habituels, remplacés par un public clairsemé, occasionnel, débonnaire et fêtard qui désacralise inconsciemment chaque après-midi l’histoire du Bilbao taurin », déplorait El País.

Principal responsable : l’inquiétante désaffection pour la corrida qui ne cesse de croître dans la société espagnole et ceci commence dès le collège, où il est "interdit" de parler de toros ! Mais aussi le fait que le monde de la corrida s’est peu à peu isolé de la société, il n’a pas su trouver sa place dans ces temps nouveaux, qui ont choisi d’autres chemins.

Ne vivons-nous pas le même tourment en France ?

 

Les aficionados mis à l’écart.

     La gestion de l’évènement par les propriétaires – dont la société historique, la Casa Chopera – était également visée pour expliquer ce déclin. Ceci s’ajoutant aux questions liées aux militantismes végan, animaliste ou anti-taurin. La Casa Chopera a géré les arènes de Bilbao de la même façon que les entrepreneurs taurins ont toujours dirigé le secteur : en laissant complètement à l’écart les aficionados, et, ce qui est pire, les abonnés, qui sont les clients préférentiels aux guichets de n’importe quelles arènes. Nous avons connu les mêmes déboires avec les Chopera à Mont-de-Marsan.

Il y a également une forte odeur de naphtaline, concernant les membres momifiés de la Junta Administrativa de la Plaza de Bilbao. La fondation de la Junta date de 1901, c’est aussi la même date de naissance de la plupart de ses membres ! … Comment faire du "neuf" avec "ça" ?

 

Membres de la Junta Administrativa et de la société BMF, 30 septembre 2019

 

     L’homme d’affaires mexicain Alberto Baillères, l’automne suivant, est devenu le gestionnaire privé de l’arène de Vista Alegre pour les quinze prochaines années (!), en lien avec l’entreprise… Chopera. Il s’est engagé à verser une cotisation annuelle de 250 000 euros pour redynamiser la feria. La société Toreo, Arte y Cultura BMF S.L. (Baillères-Martínez Flamarique) a la possibilité d’être prolongée cinq ans ! 250 000 euros, c’est plus du double du montant minimum exigé dans le cahier des charges, qui était de 105 000 euros. Ah, ces milliardaires !

Dans le communiqué de presse qui suivit, la société prévoit que la proposition « ambitieuse et extensive vise à élargir et améliorer la catégorie de Vista Alegre et à dynamiser et intensifier son utilisation, tout au long de l’année. » Le cahier des charges exigeait au moins sept célébrations et BMF S.L. a présenté un total de quinze, soit plus du double.

Voici ce qui était prévu pour 2020. La saison devait s'ouvrir par un week-end de juin appelé Zezenfest (festival tauromachique, en basque) dans lequel il devait y avoir une corrida et le traditionnel festival caritatif du Club Taurin, en plus de divers évènements culturels pendant les deux jours. Ensuite, devait avoir lieu le Mémorial Iván Fandiño, composé de trois novilladas non piquées gratuites chaque soir, dont trois finalistes auraient été choisis pour la novillada promotionnelle incluse dans les Corridas Generales en août, lesquelles corridas maintiendraient leur affiche habituelle de sept tardes de corridas, la corrida de rejón ainsi que la matinée du concours de recortadores. Programme riche et alléchant d'où notre frustration.

La société BMF S.L en Espagne, c’est aussi les arènes gérées jusqu’à présent par les Chopera : Almeria, Logroño, Salamanque, Saint-sébastien et Palencia.

     La pandémie passant par là, nous n’avons pu apprécier l’Aste Nagusia 2020. Pourvu que 2021 ramène nos pas vers Vista Alegre !

Photo G. Lamarque. août 2019

   

      La ville est belle, séduisante, au riche passé, moderne par ses dernières réalisations, proposant de nombreuses visites intéressantes ; la gastronomie est au diapason, l’hôtellerie idem, la fête durant neuf jours également. Dans la plaza spacieuse, vous circulez aisément, vous rejoignez votre place rapidement, vous êtes confortablement installé, les "estanquets" sont nombreux ; le gin tonic généreux et abordable et le prix d’un billet est lui aussi, abordable : 18, 20 euros les moins chers avec une excellente visibilité… et les TOROS !

Venez ou revenez à Bilbao.

Photo G. Lamarque. Août 2019

                                                              Gilbert Lamarque

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P
Hôtel réservé à BILBAO pour 2021. Bisous.
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C
Parfait. Donc rendez-vous calle Egaña vers 23 h. Bises à vous deux.