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LES FAMILLES DANS LE TOREO II

Publié le par Cositas de toros

LES DOMINGUÍN

 

    Dominguín est l’apodo de plusieurs matadors où nous trouvons entre autres, Domingo del Campo y Álvarez, Andrés del Campo, Félix González Marcos, Domingo González Mateos, Domingo González Lucas, José González Lucas et Luis Miguel González Lucas.

Les premiers, Domingo del Campo y Álvarez dit "Dominguín", né à Madrid en 1873 et tué à Barcelone dans l’arène en 1900, le 7 octobre ainsi que son frère Andrés, né en 1887 et tué en plaza de Madrid en 1913, et le troisième, Félix González Marcos "Domingo Chico" considéré comme "Dominguín IV" parce que son père était l’ami fidèle de D. González Mateos, né en 1908, (il ne dépassa pas le stade de novillero), ne font pas partie de la famille des "Dominguín" qui nous intéresse.

 

   

      Le fondateur de la dynastie est Domingo González Mateos "Dominguín", né le 4 août 1895 dans une famille de paysans à Quismondo (Tolède) à quelque 70 km de Madrid. Il quitte ce milieu très pauvre pour s’en aller travailler dans les tavernes et commence à participer à des capeas. Il multiplie les tientas et les novilladas pour recevoir, le 26 septembre 1917, l’alternative à Madrid des mains de "Joselito" (José Gómez Ortega) devant un toro de Contreras. Il torée des élevages difficiles comme Palha ou Miura et est souvent blessé. Il a trois fils et deux filles, et Madame lui demande de renoncer. C’est ce qu’il fait en 1926, achetant une ferme dans son village natal et gérant plusieurs arènes comme La Corogne ou la voisine Tolède.

Le voici devenu apoderado gérant la carrière du fantasque "Cagancho", puis celle de Domingo Ortega. Les affaires tournent bien et Domingo s’enrichit quand survient la Guerre civile. Il part avec toute la famille pour le Mexique où il est copropriétaire des arènes de El Toreo à Mexico, puis débarque au Portugal et retourne en Espagne en 1938. Dès son retour, il manage ses fils qu’il avait encouragés au toreo. Toujours apoderado, il défend les intérêts de Rafael Ortega, de son fils Luis Miguel et enfin son gendre, Antonio Ordoñez.

Empresa et surtout apoderado, le fondateur des "Dominguín" meurt à 63 ans, à Madrid, le 21 août 1958.

 

                                                              Los hermanos

 

 

A gauche Domingo González Lucas et Pepe Dominguín

                                                                                                                                                               Domingo  González Lucas, l’aîné des trois fils toréa peu. Il est né à Madrid, le 10 juin 1920 et très vite, doué du sens des affaires, il s’impose dans le milieu taurin et devient l’apoderado de son frère Luis Miguel (avec son père), d’Antonio "Bienvenida", d’Antonio Ordoñez, de Palomo Linares, de Curro Romero. Il géra également la plaza madrilène de Vista Alegre, alors propriété de Luis Miguel. Il était notoirement connu comme communiste ayant été membre du Parti communiste clandestin. Il avait pris l’alternative le 7 juin 1942 à Barcelone avec comme parrain "Cagancho".

Lorsqu’il apprend qu’il est atteint d’un cancer, le même mal que son père, il se suicide le 12 avril 1975, à Guayaquil en Équateur.

 

    

      Le second fils, José González Lucas "Pepe Dominguín" voit le jour à Madrid, le 15 mars 1921. Il reste toujours dans l’ombre de Luis Miguel. Il avait pris l’alternative à Madrid des mains d’Antonio "Bienvenida", avec un toro de Buendía, le témoin est "Morenito de Talavera". Excellent banderillero, il abandonne les trastos en 1951 pour entrer dans les affaires familiales comme son frère Domingo. Journaliste, il écrit un livre de souvenirs sur sa famille, Mi Gente en 1979. Il meurt à Madrid le 6 juillet 2003.

 

   

     Le dernier et le plus populaire, considéré comme l’un des meilleurs des années 1945-1955, est né lui aussi à Madrid, le 9 novembre 1926. Luis Miguel González Lucas "Luis Miguel Dominguín" revêt son premier costume de lumières le 25  juin 1939 à Linares pour intégrer ensuite la partie sérieuse du spectacle comique de Llapisera. Il comptabilise 33 becerradas cette année-là. Après une alternative non valable à Bogotá en 1941, c’est le 2 août 1944 qu’il devient matador à La Corogne avec comme parrain Domingo Ortega, le toro de la cérémonie est de Samuel Hermanos. Il fait sa présentation en France, à Dax, le 31 août 1948 devant des toros de Domingo Ortega avec Pepe Luis Vázquez, le parrain, son frère Domingo, le témoin et "Parrita".

 

                                             Le coq de combat

 

     Torero orgueilleux, d’une grande maîtrise, froid, provocateur, il est aussi grand séducteur. Au nombre de ses conquêtes, il y a matière à faire un bel encierro : Ava Gardner, Maria Félix, Lana Turner, Rita Hayworth, Lauren Bacall, Yvonne de Carlo, Brigitte Bardot, Romy Schneider – là, avec certitude les mozos se seraient bien vite laissés débordés ! – … et en 1955, il épouse civilement à Las Vegas, l’ex Miss Italie 1947, l’actrice Lucia Bosé. La cérémonie religieuse se déroule dans sa finca La Paz, province de Cuenca.

De 1953 à 1956, il ne toréa pas en Espagne mais uniquement en Amérique du Sud. En janvier 1958, il devient ganadero, achetant une partie de l’élevage du duc de Tovar et marqua ses bêtes du chiffre un. En 1961, il décide de se retirer des ruedos. Il revient aux arènes en 1971 et participe à sa dernière corrida en France, à Dax, le 19 août 1973 avec Manzanares et Julio Robles, toros de Palha. Entre temps, il divorce en 1967 et épouse civilement en 1987, Rosario Primo de Rivera, la nièce du fondateur de la Phalange, José Antonio Primo de Rivera, et petite-fille de Miguel Primo de Rivera qui fut le chef du gouvernement de 1923 à 1930. Nous voici bien loin du frère communiste !

Il sera premier de l’escalafón en 1946, 1948 avec 100 corridas et 1951 (98). À 24 ans, il était déjà au sommet et la saison suivante il voulut le prouver à Madrid : le 17 mai 1949, alternant avec "Parrita" et Manolo González devant des toros de Galache, il s’autoproclama "numéro un" en levant son index pour le signifier, à la sortie d’une passe circulaire.

En 1959, Antonio Ordoñez, son beau-frère, contestera sa suprématie, le tout immortalisé dans les pages de L’été dangereux d’Ernest Hemingway, coïncidant avec une ingénieuse et brève confrontation orchestrée habilement par le père Dominguín afin de promouvoir son filleul, ouvrage quelque peu romancé et chroniqué pour faire sensation.

 

Le 20 février 1990, par "Real decreto", il est autorisé à prendre son apodo "Dominguín" comme deuxième apellido.

Il décède dans sa propriété de Sotogrande à San Roque (Cadix), d’une insuffisance cardiaque, le 8 mai 1996.

 

                                              Phoebos "le brillant"

 

Grâce à lui, l’image du torero franchit les frontières des médias taurins et les propres limites de la Fiesta. Le benjamin des frères Dominguín devint un torero complet ayant une grande connaissance du bétail. Puissant et autoritaire, il portait un immense amour propre et un orgueil d’une grande agressivité. Certainement moins artiste que Manolete, Pepín Martín Vázquez, Manolo González, Carlos Arruza, Litri, Aparicio, Ordoñez, il gardait le pouvoir de rester grand parmi les grands. Piètre capeador, il fut l’un des plus grands muleteros de son siècle. C’est lui qui réussit les premières passes de muleta circulaires aujourd’hui si galvaudées.

 

Avec Picasso

     Le critique Don Ventura écrivit de lui que «  il ne se courba devant rien ni personne, mais son arrogance devant le public, découlant sans doute de son amour-propre, lui porta préjudice et lui retira la sympathie des gens. » Provoquer pour mieux retomber en quelque sorte. Après ses fracassantes aventures amoureuses, il vécut de grandes amitiés, Picasso, Dali, Rafael Alberti, Franco… le maintenant au firmament. Néstor Luján écrivit : « Sa condition de fils à papa si soigneusement peaufinée, sa vanité et son snobisme donnèrent une image pittoresque et inédite du torero qui a vécu une existence fastueuse, brillante et publicitaire en Espagne et à l’étranger. »

Il assit sa stature de torero puissant entre les autocraties des deux Manuel cordouans, Manolete et El Cordobès.

Il y aurait encore beaucoup à écrire sur le personnage et le torero, de nombreux ouvrages, articles et biographies lui sont consacrés.

 

   La descendance des cinq enfants de Domingo González Mateos "Dominguín"

 

- La fille de "Pochola" (fille aînée), Lydia épouse Angel Teruel.

- La fille de Domingo épouse Curro Vázquez.

- José eut un fils, José Manuel qui fut novillero peu de temps.

- Luis Miguel épouse Lucia Bosé, de ce foyer naîtront Miguel Bosé l’acteur en 1956, Lucia et Paola.

- La fille cadette "Carmina" épouse Antonio Ordoñez. Ils eurent deux filles. La première, Carmen épouse "Paquirri", père de Francisco Rivera Ordoñez (1974) et d’Antonio Cayetano Rivera Ordoñez "Cayetano" (1977). Quant à la seconde, Belen, elle épouse Juan Carlos Beca Belmonte, matador.

(Voilà pour la partie magazine ¡Hola!)

 

                                                                               Gilbert Lamarque

 

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