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Incertitudes, doutes et errements

Publié le par Cositas de toros

 

 

Midi Libre, le 18/03/2021

        Feria de Pentecôte à Nîmes

Un week-end taurin plutôt qu’une feria ? 

     « À la lumière des mauvaises nouvelles liées au Covid-19 dont les cas continuent de se multiplier, Jean-Paul Fournier le maire de Nîmes ne cache pas son inquiétude sur la tenue de la feria de Pentecôte.

[…] La pandémie due au Covid-19 ne faiblit pas et les restrictions ne semblent pas sur le point d’être levées dans l’immédiat. Alors "imaginer une feria avec des bars et restaurants fermés, ça paraît très compliqué" souffle le premier magistrat. À tel point que le célèbre rendez-vous des festaïres et des aficionados semble des plus compromis. "La décision sera prise après mon rendez-vous, le 15 avril avec Simon Casas qui a déjà approché les toreros et les ganaderias, mais n’a rien fixé pour le moment."

Quelles solutions dans le pire des cas ? Reporter le rendez-vous ? "On ne peut pas . Au mieux, on envisage un gros week-end taurin sur trois jours, au pire, il nous faudra miser sur la feria des Vendanges". »

                                                                                  A.A.

       À quand le vrai départ de la temporada ?

Dans le Sud-Est, après Nîmes, les 5 et 6 juin Arles, le 13 juin la corrida de Mauguio, du 18 au 20 juin la feria d’Istres, etc.

Dans le Sud-Ouest, la novillada-concours d’Aire-sur-l’Adour le 1er mai, la journée de Mugron le 23 mai, le 30 Garlin, etc.

On peut douter de la réalisation de tous ces spectacles. Il n’y a que ce "diable" de vaccin qui pourra nous amener vers des jours meilleurs. À la vitesse où l’on administre le vaccin… Noël semble une date des plus optimistes ; nous sommes en droit de l'espérer !

L’aficionado ne regarde que d’un œil distrait le montage des éventuels cartels. À quoi bon ? Il privilégiera d’autres activités plus sûres.

Allez garnir des tendidos après ça ! Perplexité, c’est elle qui envahie notre quotidien.

Dès demain, nous allons pouvoir nous évader jusqu'à 19h. Super ! Et pour les curieux et "pagivores" , essayez-vous au n° spécial de Lire magazine littéraire au titre gourmand : L'éloge du doute. "Le doute est une source de découvertes" (Boris Cyrulnik). Bon voyage, prenez un billet aller, vous aurez tout le temps pour le retour.

                                                                     Gilbert Lamarque

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Alegría

Publié le par Cositas de toros

Madrid, 06/11/2019. Photo Getty/Wirelmage

 

     « Laisse-moi voir le cœur de la vie, dis-je à mon père.

"Tu te souviens de la tauromachie ?" me demande-t’il.

La tauromachie espagnole vilipendée, discréditée, oui, je m’en souviens.

"Tout repose sur le picador. Son objectif est d’affaiblir la force du taureau qui est excessive, violente. Intéresse-toi à la tauromachie, tout est là."

Aujourd’hui, en Espagne, les gens détestent la tauromachie, papa. Tout le monde la déteste et moi aussi. Il ne supporte pas de voir souffrir un pauvre animal.

"Il ne s’agit pas de ça. Change juste les acteurs et imagine que le picador, c’est la force du temps. Le taureau pénètre dans l’arène avec une énergie insupportable. La vie est insupportable. La jeunesse est cette énergie : elle nous dépasse, nous élève, nous met en colère, nous efface. C’est pour ça qu’intervient le personnage sinistre et animal du picador, qui a pour mission de priver le taureau de ses forces au travers de la douleur, de lui ôter son énergie démesurée pour qu’il soit en paix. Nous arrivons ainsi dans la mort, comme si nous parvenions à une conclusion naturelle après avoir perdu notre force, restée au bout de la pique ensanglantée. La pique ensanglantée, tu ne la vois pas ? Elle est déjà en toi." » Manuel Vilas, Alegría (2019), page 203.

 

     Le père fait référence à la tauromachie pour illustrer ses propos sur la vie, le fils, obtus, ne voit que la souffrance de l’animal et réagit comme la plupart de ses contemporains. Deux générations, l’un né en 1930, l’autre en 1962.

     Il n’est (n’était) pas rare de découvrir dans les pages des auteurs espagnols, des références, quelques lignes aux couleurs taurines. Des ouvrages aussi en voie de disparition.

 

     Dans Alegría, Manuel Vilas traite du thème de la famille, parle de ses parents disparus. Alegría est dédié à ses fils, « et quand je vois leur joie, je comprends que ma vie a du sens. »

     Bien que né à Barbastro en 1962, province de Huesca (Aragon) où dans sa petite ville on célèbre les toros en septembre, Manuel Vilas n’est guère porté sur la tauromachie comme un grand nombre de ses contemporains. Journaliste, il entame une carrière d’écrivain à succès, prix Femina étranger 2019 pour Ordessa. Aujourd’hui, il vit aux états-Unis dans l’Iowa – un autre pays de cowboys – où il enseigne l’écriture créative, écriture de plus en plus populaire dans le monde. Cette méthode a pour but de rendre accessibles à tous, les techniques rédactionnelles de divers genres littéraires.

 

     Avec Ordessa (2018), Manuel Vilas ravive le souvenir d’une modeste famille espagnole à l’heure du franquisme déclinant. Page 125, photo en noir et blanc des parents. Ils dansent. Lui, cheveux gominés, elle, blonde, coiffure relevée, robe d'été. Lui, regard vers le lointain, elle vers l'ailleurs. Des fantômes désormais. Nostalgie, une belle image de la classe laborieuse, moyenne espagnole. Avec Alegría, il poursuit ses confessions intimes. Malgré le remords qui le tenaille, cet esprit tourmenté voit de la joie partout. Soyez attentifs car cela ne saute pas aux yeux !

     Un requiem espagnol, poignant. Et cela, c’est manifeste.

 

                                                                       Gilbert Lamarque

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Changer la vie ?

Publié le par Cositas de toros

         À quand l’anabiose, la reprise d’une vie active et sociétale après cette phase interminable de dormance prolongée ?

Voici un an, une longue année que nous sommes entrés dans l’opacité, sous l’empire des mesures anti-Covid.

Le 11 mars 2020, l’OMS avait transformé l’épidémie en pandémie. Nous sommes devenus des citoyens d’un monde touché par le virus. Une phase inédite, un bouleversement, les mots nouveaux de la pandémie et, ce qui semblait pouvoir se résoudre en quelques semaines, s’est transformé en cauchemar.

Le déconfinement, l’été, la vie d’avant ?…

     Le monde de la culture est une des principales victimes collatérales de cette lutte gérée en dépit du bon sens.

Si vous écoutez nos pâles dirigeants, il n’y a pas d’autre choix que de fermer les lieux culturels. Trop facile. Si un musée est fermé, comment voulez-vous ouvrir une arène ?

Notre gouvernement est un menteur et nous méprise.

N’y a t’il pas d’alternative ?

On ouvre les écoles et les lycées, c’est un choix politique.

On ferme les musées, les salles de cinéma, c’est un autre choix politique. Nous sommes majeurs et vaccinés – pour certains. Alors ?… alors pour les actifs, allez travailler, nous nous occupons du reste, nous gérons...

Quand, nous, zombies, sortirons-nous de l’obscurité ? Vivre reclus, hirsutes, en caleçon et charentaises, être privés de restaurant, lieu convivial s'il en est, compter les morts - on les compte chaque jour pour vous -, regarder et comparer les graphiques et les courbes exponentielles - on les commente chaque jour pour vous -, c'est de l'information et quelle info !

Au fait, les casseroles aux balcons, nous ne les entendons plus ! Ah ! c'était formidable, ce mouvement populaire, bienveillant. Bienveillant mon c...! Primo, c'était ridicule mais chacun se sentait si bien après. Deuxio, qui s'en souvient ? La reconnaissance est attestée par le salaire et non par les primes misérables et mal distribuées n'accentuant que l'injustice, et l'hôpital est toujours en déliquescence. Déprimant, tout ceci. Nous sommes un peuple d'amnésiques et ce qui nous reste en mémoire, car on nous l'enfonce quotidiennement dans notre esprit perturbé, c'est que nous sommes un pays, une nation de vieux. Un Français sur cinq a 65 ans ou plus. Aujourd'hui, 90 000 morts du Covid. Patience, la courbe va redescendre. La France deviendra un pays de d'jeuns.

Changer la vie, certainement pas, mais, exécrables gouvernants, vous avez le pouvoir de nous la rendre plus intéressante.

Les hirondelles referont-elles le printemps ? Il sera dur de reconstruire sans séquelles sur les ruines d’un fragment de vie gâchée.

 

 

 

             ou

 

          Bon vent !

 

                                                               Gilbert Lamarque

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Le noeud gordien sera t'il tranché ?

Publié le par Cositas de toros

 

          La Junta de Andalucía demande à la société Pagés un plan B pour l’automne.

 

     Les autorités envisagent avec « inquiétude » les préparatifs d’une hypothétique réouverture de la Plaza de la Maestranza au printemps. Le concessionnaire des arènes sévillanes a déjà fait les premiers pas vers leurs réactivations taurines après une saison de fermeture forcée. L’affiche* est prête et les délais de renouvellement et d’achat des abonnements sont déjà fixés sans savoir si les festivités se préparant pourront enfin avoir lieu.

   

      La délégation du gouvernement andalou à Séville assure qu’« il sera difficile dans des circonstances favorables d’ouvrir la plaza à 50 % de sa capacité au printemps ». Ramón Valencia, l’homme d’affaires des arènes, insiste pour célébrer ces festivités. Dans ces conditions, la Junta de Andalucía demande à R. Valencia « un plan B » pour l’automne en prévision d’une amélioration de la sécurité sanitaire actuelle et des restrictions de mobilité. « Si nous ne savons toujours pas si nous pourrons ouvrir les provinces andalouses pour la Semaine Sainte, comment allons-nous autoriser la vente de 5 500 billets le 18 avril ? »

 

Séville au niveau 2.

 

     Ce niveau empêche la tenue des spectacles taurins – ce même week-end deux corridas sont annoncées à Ubrique, voir Cositas du 2 mars – mais il limite considérablement la capacité en fixant la séparation minimale d’un mètre et demi entre chaque spectateur et, toujours, sans dépasser la moitié de la capacité des enceintes. Dans le cas de la Maestranza, cette séparation impliquerait la réduction de la capacité disponible à quelques centaines de spectateurs en raison des particuliarités de son architecture, rendant la célébration irréalisable.

     Pendant ce temps, la société Pagés continue ses plans prévus. Elle a déjà mis en place les rouages logistiques et bureaucratiques pour mettre en place la temporada conditionnée à cette demi-capacité qu’elle considère comme la ligne rouge pour rouvrir les arènes. La société Pagés a adressé une lettre à ses abonnés expliquant qu’ils ne mettront en vente qu’un billet sur deux consécutifs et annoncent que le renouvellement des abonnements débutera lundi prochain (le 15 mars) bien que, souligne la lettre, toujours sous réserve de l’autorisation improbable de ce 50 % de capacité demandée par la Junta.

     La société Pagés a également confirmé que l’abonnement comprendrait onze corridas, un spectacle de rejon et deux novilladas. La corrida inaugurale devrait se dérouler le 18 avril. Et la Feria de San Miguel avancerait ses dates et aurait donc lieu entre le 16 et le 19 septembre.

     Trancher le nœud gordien ? Hum !…

 

Julian Schnabel. © EFE

 

*Concernant cette affiche, création du peintre nord-américain Julian Schnabel, elle fera partie d’un prochain article, en préparation, sur les affiches taurines au cours de l’histoire.

 

                                                                Gilbert Lamarque

 

 

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Le campo andalou, état général

Publié le par Cositas de toros

     ASAJA et la plateforme Toro Bravo dénoncent la situation désastreuse du secteur.

 

          La pandémie met les élevages à la limite de leur viabilité économique, qui chiffrent déjà leurs pertes à 31 millions d’euros, uniquement pour l’Andalousie.

 

     Le toro de combat, moteur et emblème des pâturages (dehesa), pourrait être au pire moment de son histoire plus que centenaire. La pandémie a multiplié les pertes des éleveurs de bravos, qui face aux coûts élevés et au manque de revenus, ont été contraints dans certains cas de jeter l’éponge et de sacrifier leurs animaux pour arrêter les fuites économiques. C’est la voie, la destinée que deux élevages sur dix ont suivi en 2020 et c’est, malheureusement, la seule issue qui reste pour les autres si la situation ne s’améliore pas cette année, comme l’ont montré les secteurs impliqués lors d’une conférence tenue ce vendredi au siège d’ASAJA-Andalousie (Asociación Agraria de Jóvenes Agricultores).

     La crise est d’une telle ampleur que, dans un geste sans précédent, toutes les associations d’éleveurs présentes en Andalousie – l’Union des éleveurs de toros de lidia, l’Association de l’élevage de lidia, les Éleveurs espagnols de race brave et les éleveurs de lidia unis – ce sont donc réunies avec le soutien d’ASAJA-Andalousie afin de chercher et trouver une issue pour éviter ce sacrifice de l’élevage bravo. Si cela se produisait, ce serait irréversible, car « ces troupeaux sont les derniers bastions d’encastes uniques qui seraient définitivement perdus ».

 

Le ganadero sevillan Fernando Sampedro ; le président de Asaja-Andalousie, Ricardo Serra ; le représentant de la plate-forme Toro Bravo, Rafael Tejada. ©ABC de Sevilla

 

     Le président d’ASAJA-Andalousie, Ricardo Serra, ainsi que le représentant de la plate-forme andalouse Toro Bravo, Rafael Tejada, ont présenté ce vendredi un rapport détaillé sur les contributions, les coûts et la situation du bétail en Andalousie et ont intenté une procédure d’urgence à la Junta de Andalucía pour des aides financières afin de sauver l’année 2021 et du maintient à court terme et, dans la perspective de la nouvelle PAC, aboutir à une nouvelle approche de l’aide agro-environnementale avec une conception permettant l’aménagement de ce type d’élevage unique.

 

Chiffres et données.

 

     L’Andalousie compte 235 ganaderias et plus de 27 000 vaches paissant sur 200 000 hectares de pâturage, et dont le coût annuel moyen est de 1 135 euros par vache. Pandémie ou pas, le ganadero, avec ou sans revenu, doit continuer à couvrir les frais de nourriture, les soins vétérinaires et le personnel.

    L’étude de la plate-forme andalouse Toro Bravo, préparée avec la collaboration de l’Université de Cordoue et d’ASAJA-Andalousie, révèle que les pertes directes des éleveurs andalous en 2020 ont dépassé 31 millions d’euros. L’étude qui repose sur un large échantillon dans lequel des données ont été collectées auprès de plus de 25 % des exploitations, analyse les coûts moyens en fonction du nombre de mères de la ganaderia, bien qu’elle calcule absolument tous les coûts et inclut toute la cabaña (troupeau) : añojos, erales, utreros, cuatreños, cinqueños, bueyes et sementales.

     Cette situation délicate a conduit près de 20 % des troupeaux de la région à faire faillite en 2020 et à avoir été contraints de sacrifier tout leur bétail en raison de difficultés économiques et de mauvaises perspectives d’avenir, l’incertitude étant la note dominante pour 2021, puisque les ferias et spectacles taurins, destination commerciale des bravos, restent non assurés. L’aide publique disponible pour le secteur de cet élevage n’est pas adaptée aux caractéristiques du toro de lidia, qui n’a pu bénéficier que d’une mesure, la mesure 21, soutien spécifique contre le Covid-19 totalement insuffisante pour couvrir les pertes des ganaderias. En fait, cette mesure n’a permis de couvrir que 50 des 1 135 euros de coût estimé par vache, ceci n’empêchant pas la faillite de certains.

       (info d’El Correo de Andalucía, samedi 6 mars)

 

                                                                     Gilbert Lamarque

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